PARIS - Le directeur de Roland-Garros, Gilbert Ysern, s'est félicité que le service de sécurité du tournoi ait "immédiatement maîtrisé la situation" après l'intrusion d'un homme portant des fumigènes sur le Central lors de la finale, remportée dimanche par l'Espagnol Rafael Nadal.

"C'est toujours regrettable", a déclaré M. Ysern. "Après, ce qui a été très bien, c'est ce que ça n'a pas duré longtemps, parce qu'on a vu que notre service de sécurité avait immédiatement maîtrisé la situation."

"Dans les événements sportifs, le risque zéro n'existe pas", a-t-il ajouté à la question de savoir comment des fumigènes avaient pu être introduits dans l'enceinte de Roland-Garros.

"On fait tout ce qu'on peut pour protéger autant que possible l'événement", a-t-il ajouté. "Après, malheureusement, ce genre d'événements, on ne peut jamais complètement les éviter. Mais le tout, c'est de bien les maîtriser quand ça se produit."

M. Ysern, qui est aussi le directeur de la Fédération française de tennis (FFT), s'est excusé auprès de Nadal, qui a remporté pour la huitième fois le tournoi dimanche, et du finaliste, l'Espagnol David Ferrer.

"Je leur en ai touché un mot à la fin", a-t-il indiqué. "L'un comme l'autre ont complètement banalisé le truc. Ils ont très vite été rassurés."

"On va laisser la police faire son boulot. Il ne faut surtout pas donner le moindre retentissement à ces gens là", a-t-il repris. "Je n'ai pas envie de parler de ces énergumènes. C'est un tel manque de respect pour les joueurs, c'est tout simplement affligeant."

Une première manifestation a eu lieu en haut des gradins, vers la fin du deuxième set. Deux spectateurs ont brandi une pancarte hostile à la loi sur le mariage entre personnes du même sexe, en anglais: "A l'aide, la France piétine les droits des enfants". Après une brève interruption de jeu, ils ont été évacués du stade.

Quelques minutes plus tard, un homme torse nu et portant un masque est entré avec un fumigène sur le Central. Il s'est avancé vers la chaise de Nadal, qui s'apprêtait à servir à ce moment-là, mais a été immédiatement maîtrisé par les services de sécurité. Sur son torse était inscrit, également en anglais: "Droit des enfants".

Sept personnes en garde à vue

Au total, douze personnes ont été remises à la police par la sécurité de Roland-Garros, après une série d'incidents. En soirée, sept ont été placées en garde à vue pour introduction de fumigènes dans une enceinte sportive et cinq ont été libérées, a indiqué à l'AFP une source policière.

L'action a été revendiquée par le groupe d'activistes "Hommen" qui se veut être "le porte-étendard de la Résistance contre le mariage gay".

Nadal a "eu un peu peur"

Plusieurs autres membres d'Hommen ont allumé des fumigènes et déployé une banderole portant l'inscription "Hollande démission" au sommet des gradins du court Suzanne-Lenglen devant lequel quelques dizaines de spectateurs suivaient la finale sur un écran géant.

"Nous ne lâcherons jamais pour défendre le mariage et l'avenir des enfants. Nous irons jusqu'au bout", a indiqué le groupe dans un communiqué.

Nadal, qui a remporté dimanche son huitième titre à Roland-Garros, a reconnu avoir "eu un peu peur" lorsque l'opposant est entré sur le Central.

"Je remercie les gens de la sécurité d'être intervenus si vite", a-t-il déclaré. Ferrer, qui était à l'opposé du court, a préféré prendre l'incident avec humour. "Je crois que Rafa a eu un peu peur mais moi je n'ai pas perdu ma concentration (rires)", a-t-il dit.

A la fin du match, le directeur du tournoi a présenté des excuses aux deux joueurs. "Je leur en ai touché un mot", a-t-il indiqué. "L'un comme l'autre ont complètement banalisé le truc. Ils ont très vite été rassurés."

"Contre la loi Taubira"

Un journaliste de l'AFP a vu quatre personnes âgées d'une vingtaine d'années, deux garçons et deux filles, quitter le stade escortées par des policiers en civil, dans le calme. "On manifeste contre la loi Taubira parce qu'on craint pour l'avenir de nos enfants", a déclaré l'un deux.

La finale de Roland-Garros 2009 avait déjà été perturbée par l'intrusion d'un spectateur sur le court qui avait tenté de se rapprocher de Roger Federer, vainqueur cette année-là.