PORTLAND - Andy Roddick avait dix ans lorsqu'il a assisté à l'avant-dernière victoire des États-Unis en coupe Davis: une révélation pour le numéro américain, qui rêve de devenir à son tour un héros ce week-end à Portland lors de la finale face à la Russie.

C'était en 1992 à Fort Worth, au Texas. Finale de la coupe Davis face à la Suisse. Sur le court, l'équipe de rêve Andre Agassi, Jim Courier, John McEnroe et Pete Sampras, cumulant 33 titres du Grand Chelem. Dans les tribunes, Andy et son frère aîné Lawrence, venus d'Austin avec le club de tennis parental.

"Tout ce dont je me souviens, du premier jour, sont ces satanées cloches de vache, se rappelle Roddick. Alors, on a écumé la ville avec Lawrence pour trouver des cors et mettre le feu pendant les deux jours suivants. C'était fantastique. Ce qui rend la chose plus marrante encore c'est que quelques années plus tard, Jim Courier m'a dit qu'il se rappelait des cors..."

Quinze ans plus tard, Roddick est devenu grand et (très) costaud mais, à l'heure d'essayer de marcher dans les pas de ses idoles de jeunesse, le rêve est toujours intact. "Ce week-end à Fort Worth a changé ma vie, il est gravé dans ma mémoire à jamais", dit-il.

Dans l'univers ultra-individualiste du tennis, la coupe Davis ne fait pas toujours autant fantasmer, loin de là. Sans doute faut-il un souvenir d'enfance marquant, comme dans le cas de Roddick ou celui d'un de ses adversaires ce week-end, Mikhail Youzhny, qui fut ramasseur de balle lors de la finale... Russie-Etats-Unis en 1995, pour frissonner.

"Comme des frères"

Quoiqu'il en soit, le numéro un américain n'a raté qu'une rencontre de coupe Davis depuis 2001! Et lorsqu'il joue, il donne tout, gagne le plus souvent, dont ses neuf derniers matchs, et s'écroule à la balle de match, ému.

"Si je ne dois gagner plus aucun match d'ici la fin de l'année mais remporter la coupe Davis, ça me va très bien", avait-il assuré en septembre après la victoire sur la Suède en demi-finale.

S'il trouve récompense, ce serait la fin d'une longue pénitence pour son pays, détenteur du nombre de victoires en coupe Davis mais qui attend son 32e titre depuis 1995.

"Avec l'équipe qu'on a, je suis confiant: James (Blake), les jumeaux Bryan, on est comme des frères", souligne Roddick, ravi de pouvoir jouer la finale sur sol américain c'est-à-dire loin de toute terre battue.

"On va faire en sorte qu'il ne reste plus un gramme de terre battue dans l'Etat d'Oregon le jour de la finale", plaisante Roddick, qui a perdu ses deux simples en finale 2004 face à l'Espagne et lors des demi-finales 2002 et 2006 contre la France et la Russie, tous sur brique rouge.

Comme le tennis américain en général, Roddick est, sur dur, autrement plus redoutable et partira favori ce week-end. "Lorsque j'étais gamin, j'avais quatre rêves que je pensais inaccessibles: devenir numéro mondial, gagner les Internationaux des États-Unis, Wimbledon et la coupe Davis", raconte Roddick.

Il a déjà concrétisé les deux premiers. Pour le troisième, il devra sans doute demander l'autorisation à Roger Federer. Mais pour le quatrième, il n'aura jamais été aussi près.