Le coup d‘envoi du 2e tournoi du Grand Chelem se fera dans un dodo et force est d‘admettre que du côté des hommes toutes sortes de scénarios peuvent être envisagés. Rafael Nadal a certes remporté ce tournoi à 8 reprises mais il se présente à la porte d‘Auteuil cette année la raquette remplie de fautes directes, la tête de doutes et le coeur de champion percé de quelques défaites de plus ce printemps…

Lors des 9 dernières années, Rafa nous a tellement habitué à des perfs grandioses en préparation à Roland-Garros. Si on tient compte seulement de Monte-Carlo, Barcelone, Madrid et Rome, 26 fois il a croqué le trophée! En 2014, de ses quatre tournois chéris qu‘un seul titre à Madrid, qu‘il ne méritait pas puisque Kei Nishikori le dominait avant d‘être blessé… Éliminé donc, l‘ogre de l‘ocre, par Ferrer, Almagro et deux fois par Djokovic. Mais ce qu‘il s‘est battu! Comme un diable dans l‘eau bénite… Physiquement on le sent prêt, il possède une tonne d‘expérience, le format des 5 manches l‘avantage (1 seul match perdu sur 82 en 5 sets!) et à Paris on ne joue pas le soir donc sa balle fusera plus le jour au soleil, si soleil il y a. Le défi qui l‘attend est grand puisque Almagro pourrait le défier au 4e tour, Ferrer en quarts et peut-être Wawrinka en demi. Beaucoup d‘heures prévues pour le Majorquin à faire du temps supplémentaire sur sa terre chérie…

Vous connaissez le dicton « le malheur des uns fait le bonheur des autres ». Est-ce que tous les problèmes expérimentés ce printemps par Nadal vont faire en sorte que Novak Djokovic va finalement rajouter le seul tournoi du Grand Chelem qui manque à son palmarès? En tout cas, il m‘a grandement impressionné à Rome acceptant à chaque match de se battre, trouvant des solutions face à Milos Raonic alors qu‘il n‘y en avait pas beaucoup, en dépassant David Ferrer par un nez à la ligne d‘arrivée et en surclassant Rafa à la 3e manche en finale. La qualité de son tennis, de ses déplacements et ce petit quelque chose de spécial qu‘il possède mentalement me font dire qu‘il est très certainement celui qui a les dents les plus longues…

Les deux Suisses maintenant? Je dois vous avouer que je continue de me régaler à voir Roger Federer prendre les points à son compte, passer à l‘attaque et dominer une myriade de joueurs classés dans le top-50, mais je m‘inquiète pour ce qui est de sa capacité à enchaîner les gros, gros matchs de la 2e semaine. Pour sa part, Stan Wawrinka a soit été brillant cette année (titres à Chennaï, Melbourne et Monte-Carlo) ou horriblement inconstant. Ce qui milite cependant en sa faveur c‘est qu‘il a du coffre à revendre et sur terre tu peux te sortir de bien des situations mal embarquées quand tu peux durer. Encore mieux, tu sais que tu peux défier les meilleurs…

Chez les dames, Serena Williams est bien sûr la grande favorite pour remporter un 3e titre à Paris. La championne en titre affrontera sa meilleure ennemie Maria Sharapova en quarts. À surveiller aussi les valeurs sûres : Agnieska Radwanska, Simona Halep, Angelique Kerber, Carla Suarez Navarro, Ana Ivanovic si les nerfs tiennent le coup et la chinoise Li Na, championne en 2011 mais qui a peiné à Madrid et Rome. Rappelons que Vika Azarenka, toujours blessée à un pied, sera absente.

Et puis il y a nos Canadiens! Six au total dans les tableaux de simple! Bouchard, Fichman et Wozniak (qualifiée) et chez les hommes Raonic, Pospisil et Polansky (qualifié). La 18e tête de série Eugenie Bouchard arrive à la Porte d‘Auteuil avec un premier titre de la WTA fraîchement gagné à Nuremberg en Allemagne. Il s‘agit d‘un tournoi de la série Internationale de la même catégorie que le Challenge Bell de Québec. C‘est la 2e fois en 26 ans qu‘une Canadienne remporte un titre sur le circuit (Wozniak à Stanford en 2008). Genie avait besoin de matchs puisqu‘elle a perdu au premier tour à Madrid et à Rome. De ce côté, c‘est mission accomplie puisqu‘elle a remporté 5 rencontres. C‘est toujours un beau moment gagner un premier titre sur le grand circuit mais une chose me titille : Bouchard menait 6–2, 4–2 en finale devant Karolina Pliskova. Le match était sans appel mais elle perd quand même le 2e set et doit se battre près de 2 heures pour arracher la victoire. Elle a fait cela à quelques reprises cette année, il faut y voir.

Son tableau à Paris est quand même beau. Au 3e tour le défi proviendra de Flavia Pennetta, une Italienne qui a une fiche de 14 victoires et 11 défaites à RG et qui n‘a jamais dépassé le 4e tour. Peut-être prenable.

Milos Raonic affrontera le jeune Australien Nick Kyrgios, bourré de talent et fringuant mais si notre Canadien est aussi beau qu‘à Rome, il n‘y en aura pas de problèmes!



Bon Roland-Garros!

hp