LONDRES - Cinq ans après leur dernier duel au sommet, Venus et Serena Williams n'ont plus qu'un match à gagner jeudi à Wimbledon contre la Russe Elena Dementieva et la Chinoise Zheng Jie pour renouer avec la tradition des finales familiales.

Entre l'US Open 2001 et Wimbledon 2003, six des huit tournois majeurs s'étaient terminés par un affrontement entre les deux soeurs, dont cinq à l'avantage de la cadette Serena.

Après cette période d'hégémonie, les Américaines n'ont pas quitté le devant de la scène - elles ont même remporté chacune deux nouveaux titres du Grand Chelem - mais ont dû partager les honneurs avec d'autres, Justine Henin, Amélie Mauresmo, Maria Sharapova et dernièrement Ana Ivanovic.

La retraite de la Belge, le déclin de la Française et les échecs fracassants en début de tournoi de la Russe et de la Serbe leur ont ouvert un boulevard sur lequel elles se promènent allègrement: en dix matches, les deux soeurs n'ont pas cédé un seul set.

La balade a de bonnes chances de se poursuivre en demi-finales car Dementieva et Zheng sont, pour des raisons différentes, des invitées surprises à ce niveau de la compétition.


Première Chinoise

C'est sans aucun doute la Chinoise qui a créé la plus grosse sensation en devenant la première joueuse de son pays à atteindre le dernier carré d'un tournoi du Grand Chelem. Un coup de projecteur sur le tennis chinois qui ne pouvait pas mieux tomber à six semaines des Jeux de Pékin.

Le classement de Zheng, 133e mondiale, est trompeur, car la joueuse de 25 ans a occupé la 27e place mondiale il y a deux ans avant d'être écartée du circuit pendant la moitié de la saison 2007 par une blessure. C'est pourquoi les organisateurs lui ont attribué une wild-card.

Mais de là à la voir éliminer quatre têtes de série, dont la N.1 Ana Ivanovic, en ne lâchant qu'un seul set en route, il y avait un monde !

Face à Serena, Zheng, 1,64 m, va devoir compenser un gros déficit de puissance par sa combativité en fond de court. Après tout, c'était déjà le cas contre Ivanovic (1,85 m) puis la Tchèque Nicole Vaidisova (1,83 m) en quarts de finale.

Si elle l'emportait, la Chinoise serait la finaliste la plus inattendue de l'histoire de Wimbledon, où aucune joueuse non classée tête de série n'a jamais joué le dernier match.


Dementieva la mieux classée

Une victoire de Dementieva sur Serena serait moins renversante - la Russe, N.5 mondiale, n'est-elle pas la mieux classée des demi-finalistes? - mais aurait tout de même valu cher chez les bookmakers en début de tournoi.

La Moscovite n'a jamais eu de gros résultats sur gazon, où elle a longtemps été handicapée par un service d'une médiocrité assez incroyable pour une joueuse de son niveau. Elle a beaucoup progressé dans ce domaine ces derniers temps mais ses baisses de régime en quart de finale contre Nadia Petrova ont montré que le passé pouvait resurgir à tout moment.

L'autre talon d'Achille de Dementieva est son mental, sur toutes les surfaces. Battue à Roland-Garros après avoir eu une balle de match, elle est encore passée près de la catastrophe contre Petrova, une adversaire qu'elle dominait pourtant de la tête et des épaules, en se laissant entraîner dans un troisième set après avoir mené 6-1, 5-1.

Tout le contraire de Venus, qui affiche une confiance inébranlable dans le tournoi fétiche qu'elle a gagné quatre fois grâce à la puissance de sa mise en jeu.