Le parcours des Canadiennes à l'Omnium Banque Nationale décortiqué
WTA vendredi, 13 août 2021. 18:14 mercredi, 11 déc. 2024. 22:32Le parcours de nos Canadiennes impliquées à l'Omnium Banque Nationale est maintenant chose du passé. Étant donné les histoires écrites cette semaine par nos meilleures raquettes, cela mérite qu'on les décortique un peu plus.
Allons-y tout d'abord avec celle qui s'avère la plus spectaculaire soit Rebecca Marino. Son histoire personnelle prouve jusqu'à quel point malgré les nombreuses difficultés à surmonter, elle est unique et surtout très talentueuse. Il y a 10 ans, Becca est 38e au monde. Du haut de ses 6 pieds, ses services sont ravageurs tout comme son coup droit. En 2012, celle qui provient d'une famille d'athlètes de calibre olympique est victime de cyberintimidation. Les attaques sont blessantes et virulentes. Elle décide de se retirer du circuit pendant de longs mois pour mieux revenir en janvier 2013. Comme la situation ne s'améliore pas, elle prend sa retraite un mois plus tard.
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Elle reviendra en 2018 et en 1 an, passe de la 917e place à la 190e! Wow! Puis, les blessures la rattrapent et la COVID frappe. Alors elle fait une croix sur la saison 2020 et en profite pour guérir la majorité de ses bobos en plus de travailler d'arrache-pied pour être fin prête début 2021. Les résultats sont convaincants aux Internationaux d'Australie alors qu'elle gagne 4 matchs en plus de notamment remporter un tournoi ITF en Indiana il y a 3 semaines. Elle se présente à Montréal à la 219e place et étant donné son grand potentiel et résulats passés, elle profite logiquement d'une invitation dans le tableau principal.
Toutes les personnes qui la connaissent bien sont unanimes : Rebecca Marino est disciplinée, travaillante, respectueuse, charmante et sensible. L'entraîneur Sylvain Bruneau qui la côtoie depuis une douzaine d'années et qui a aussi beaucoup travaillé avec elle lorsqu'elle vivait à Montréal, l'accompagne cette semaine pour lui donner un coup de main. Avouez que les résultats sont probants puisqu'ils vont bien au-delà des attentes.
D'entrée, l'ancienne 7e mondiale Madison Keys est bombardée de toutes parts et n'arrivera jamais à s'ajuster puisqu'elle commet 29 fautes de 66 minutes. Déjà on commence à murmurer dans les vestiaires, tout en suivant d'assez près son match suivant face à celle qui est 15e au classement de la course, l'Espagnole Paula Badosa. Becca veut trop en faire et s'ajuste mal au premier set devant celle qui compte 30 victoires cette saison. Pourtant si impressionnante au service face à Keys, Marino hésite ou surjoue pendant toute la 1e manche qu'elle perd 6-1.
Peu importe, elle ferme la porte à clé sur ce premier set raté parce que dans le fond perdre une manche ce n'est pas bien grave quand on peut de reprendre sur les deux suivantes. Et surtout, ce n'est pas comme recevoir des menaces de mort sur les réseaux sociaux. D'ailleurs elle confiera en conférence de presse qu'elle est bien fière d'avoir été en mesure de repartir le match à zéro après le premier set. Peut-être que sans tout le travail fait avec le psychologue de sport alors qu'elle broyait du noir, elle n'aurait jamais été en mesure de renverser le match en sa faveur. « J'ai ma place dans ce haut niveau », ajoutera-t-elle après cette formidable victoire.
Oui, c'est vrai que Rebecca a sa place parmi les meilleures à condition que tous les éléments de son jeu soient au rendez-vous, surtout face à la pétaradante 3e mondiale Aryna Sabalenka. Sylvain Bruneau confiera qu'il est impressionné par le haut tempo imposé par Sabalenka et cela devenait difficile pour Rebecca qui n'a pas eu beaucoup d'opportunité de jouer à ce niveau récemment. Son manque de constance au service lui a aussi rendu la tâche difficile alors qu'elle rend les armes 6-1 et 6-3. C'est quand même un exploit de se rendre jusqu'en ronde des 16 dans un tournoi de cette envergure et d'avancer de 43 places au classement jusqu'au 177e rang. « You go girl! »
Pour ce qui est de notre belle Bibi Andreescu championne en titre de cette épreuve en 2019, quel bonheur de la voir sur le central du Stade IGA. Devant la Britannique Harriet Dart, finaliste cette année à Wimbledon en double mixte et extirpée des qualifications et de son match de 1e tour face à Leylah Fernandez qui manquait malheureusement de constance, Bianca connaît un très bon départ. Le problème avec seulement 19 matchs joués avec des succès mitigés en raison de blessures, c'est que la concentration va et vient. La bonne nouvelle c'est que l'on retrouve la championne Grand Chelem au 3e set, celle qui trouve la manière de stopper une vilaine séquence pour plutôt trouver le chemin vers la victoire.
Contre Ons Jabeur en ronde des 16, le mandat est d'un autre ordre car il n'y a pas plus atypique et athlétique que la Tunésienne. Honnêtement, c'est le plus beau match que j'ai eu la chance de la voir jouer. Ons est la plus solide des deux en revers, avec son coup droit elle met une pression immense sur Bianca et utilise bien le délai de pluie pour corriger ses lacunes en retours de services. Par moments notre canadienne n'est pas assez offensive et cela se paie « cash ». Bon c'est vrai que la blessure au gros orteil du pied gauche n'aide pas sa cause mais honnêtement dans des cas de chaleurs extrêmes cela arrive à presque tout le monde d'avoir les pieds en feu. En espérant que Bianca se remette à temps pour continuer d'aller chercher des repères à Cincinnati la semaine prochaine avant le US Open.
Malgré la déception devant cette défaite, Bianca réussit à me faire rire en conférence de presse après la défaite. Voici deux citations de notre petite boule de feu. Pour parler de sa douleur à l'orteil : "Sometimes sh.t happens". Quelques fois, de vilaines choses arrivent. Face aux nombreuses frustrations vécues durant ce match : "I am so pissed I could cry a river" voulant dire : je suis tellement frustrée que je pourrais déverser toutes les larmes de mon corps. Peu importe, Bianca a tout de même été cherchée quelques éléments d'importance soit des repères cette semaine afin de trouver éventuellement son meilleur niveau. À suivre donc...