PARIS - Si les chiffres ont un sens en tennis, alors Gaël Monfils n'a pas l'ombre d'une chance de battre Roger Federer vendredi en demi-finale des Internationaux de France.

Le Suisse est no 1 mondial, le Français 59e. Le Bâlois a remporté 12 tournois du Grand Chelem, le Parisien aucun. Federer est en demi-finale à Paris pour la quatrième fois, Monfils pour la première. Le no 1 mondial disputera vendredi sa 16e demi-finale consécutive d'un des quatre tournois majeurs, la 20e en tout. Pour le jeune Français, ce sera encore une première.

Federer ne se lasse pas de répéter l'évidence.

"Ni Ferrer ni Monfils ne m'ont jamais battu. Aussi, jouer l'un ou l'autre, c'est pareil", assurait-il avant de connaître l'identité de son futur adversaire.

En outre, le meilleur joueur du monde affirme qu'un autre tournoi commence pour lui.

"J'ai été tellement souvent en demi-finale d'un tournoi du Grand chelem. Pour moi, c'est le moment où les choses deviennent vraiment intéressantes et où j'espère être capable de jouer mon meilleur tennis", a-t-il confié comme si, jusqu'ici, il n'avait fait qu'exécuter ses gammes.

Et même s'il se projette déjà plus loin, lâchant qu'il préférerait affronter Rafael Nadal en finale, comme si la demi-finale était une formalité, le Suisse donne des indices qui plaident en faveur de Monfils.

"Gaël est dangereux parce qu'il est Français", concède-t-il.

Et il est clair que le court central sera tout acquis à la cause du premier Tricolore à se hisser à ce stade de la compétition depuis Sébastien Grosjean en 2001.

De plus, Monfils, qui n'avait gagné que quatre matches cette année après une saison gâchée par les blessures, a le profil-type du Français vainqueur à Paris, celui de l'outsider.

Voilà 25 ans, Yannick Noah figurait certes parmi les meilleurs joueurs du monde, mais il n'était pas le grandissime favori. Mais 1983 était son année et il avait su hausser son niveau de jeu pour battre les deux meilleurs joueurs de terre battue de l'époque, Ivan Lendl et Mats Wilander.

Que dire de Marcel Bernard en 1946? Le Français, qui revenait de la guerre, s'était au départ seulement inscrit en double, de peur d'être ridicule en simple. Il avait fini par l'emporter en battant tous les meilleurs joueurs de son temps.

Une autre remarque de Federer peut inciter le Français à l'optimisme: "Le dernier joueur à m'avoir empêché d'aller en demi-finale d'un tournoi du Grand chelem était Guga, ici en 2003". Gustavo Kuerten est justement le dernier joueur qui n'était pas tête de série à avoir remporté le tournoi, en 1997, et Monfils poursuit cette année un vrai parcours à la "Guga", que rien ne semble pouvoir arrêter.

Nous n'en sommes encore qu'à la guerre des mots.

Federer: "J'ai fait le plus dur. Maintenant, mon objectif est le titre et rien ne m'arrêtera".

Monfils: "Le prochain match contre Federer, c'est un gros match, mais ce n'est pas le match des matches. Le plus gros match, ce ne sera pas en demi-finale, mais en finale".

L'un des deux devra, vendredi soir, revoir ses ambitions à la baisse.