PARIS (AP) - Rafael Nadal s'est offert dimanche son deuxième Roland-Garros comme s'il s'agissait d'une formalité, mais il a tenu à rappeler une évidence oubliée pendant la saison sur terre battue: le meilleur joueur du monde est Roger Federer.

Certes, le jeune gaucher espagnol a remporté sa sixième victoire sur le numéro un mondial en sept rencontres, la quatrième cette année, mais la belle saison réalisée par le Suisse sur la surface dont il est le roi, trois finales toutes perdues contre Nadal, ont encore creusé l'écart.

"Regardez le classement, la différence de points est énorme, non? Il est le numéro un parce qu'il joue bien sur toutes les surfaces", a résumé le Majorcain après sa victoire de 1-6, 6-1, 6-4, 7-6.

"Je l'admire. C'est un joueur très complet. Je n'ai jamais vu un joueur comme lui, même si je n'ai que 20 ans. Je ne peux pas dire que je suis meilleur que lui, parce que ce n'est pas vrai."

Ce qui est vrai, c'est qu'il règne sans partage sur l'ocre, ayant remporté sur la surface sa centième victoire, la 60e consécutive. Mais cela ne suffira pas à faire de lui mieux qu'un numéro 2 derrière sa victime du jour.

"Pour ce qui est de devenir numéro 1 mondial, je pense que cela dépend plus du numéro un actuel que de moi. Je suis encore plus loin de lui au classement cette année que l'an dernier. Mais je ne me mets pas de pression."

Si Nadal se trouve toujours sur le chemin de Federer sur terre battue, et l'a privé cette année d'une occasion peut-être unique de réussir une forme de grand chelem, l'Espagnol retourne l'argument.

"Si Federer n'existait pas, je serais numéro 1! Mais voilà, nous vivons une époque où le numéro un est le joueur le plus régulier de l'histoire du tennis. Il faut en tenir compte", explique-t-il.

"Je crois qu'il peut rester au sommet de son art pendant deux ans. Il joue le meilleur tennis de sa vie. Il ne jouera pas comme ça toute sa vie. C'est vrai pour moi aussi, mais je suis plus jeune. Je peux m'améliorer, travailler et peut-être que s'il décline un peu, je pourrais atteindre le niveau pour être numéro un."

Impressionnant par sa régularité sur terre battue, l'Espagnol note également que Federer n'a rien à lui envier, lui qui a enlevé l'an dernier 24 titres consécutifs.

"Je suis très régulier et j'estime qu'on ne doit pas faire des fautes. Mais regardez Federer. Il joue huit tournois, il atteint huit finales. Il est beaucoup plus régulier que moi", dit-il.

Avant de penser à l'avenir et à un Wimbledon où il n'a pas été ridicule en juniors, Nadal veut surtout savourer sa victoire et rappeler qu'il est tout sauf indestructible, comme l'a prouvé son début de saison, sérieusement compromis par une blessure au pied.

"Pour moi, c'est déjà un rêve d'être resté numéro 2, de gagner deux Masters et un tournoi du grand chelem. Je n'aurais jamais pensé y arriver en décembre et en janvier parce que ma blessure était très sérieuse", a-t-il.