PARIS (AP) - Rafael Nadal n'a encore gagné qu'un seul match cette année à Roland-Garros, mais il est déjà entré dans l'histoire du tennis en signant sa 54e victoire d'affilée sur terre battue pour reléguer Guillermo Vilas aux oubliettes de la surface.

Pour l'anecdote, cette 54e victime consécutive du tenant du titre et numéro deux mondial fut le Suédois Robin Soderling, 50e mondial, écarté 6-2, 7-5, 6-1 en deux heures et huit minutes de jeu.

Plus que jamais favori à sa propre succession, l'Espagnol a ainsi éclipsé le plus grand champion argentin de l'histoire du tennis, sacré à Paris en 1977 et qui avait dû se contenter de 53 succès consécutifs sur l'ocre.

Vilas lui a d'ailleurs remis un trophée spécial sur le court après sa victoire, plus difficile qu'attendue, notamment dans une fin de deuxième set perturbée par les rafales de vent.

"Je suis très touché par ce trophée, c'est un moment spécial pour moi", a déclaré Nadal, qui atteindrait le cap des 60 victoires s'il conservait son titre à Paris.

L'exploit du Majorcain a aussi éclipsé les entrées en lice de la plupart des joueurs du cru, qui ont, dans l'ensemble, bien passé ce premier cap des Internationaux de France.

Après la qualification la veille de la numéro un mondiale Amélie Mauresmo, ses compatriotes Sébastien Grosjean, Richard Gasquet et Marc Gicquel l'ont imité.

En revanche, les deux vieux partenaires de double de l'équipe de France, Michael Llodra et surtout Fabrice Santoro, ont mordu la poussière.

Pourtant, Santoro, qui a poussé l'Argentin Jose Acasuso presque à bout dans une partie à rallonge de 3h57 (6-3, 6-1, 3-6, 6-1, 11-9), fut l'incontestable attraction française de ce lundi frisquet.

Le vétéran français, qui disputait là son 17e Roland-Garros et son 108e match du grand chelem, a fait le spectacle du premier au dernier point d'une séance de rattrapage d'une folle intensité après un premier acte interrompu la veille à 4-2 pour Acasuso dans la manche ultime.

Vingt-sixième tête de série, l'Argentin de 23 ans est un joueur solide, adroit, régulier, doté d'un bon service. Mais son inclassable adversaire lui a tout fait amorties, lobs, coups fumants pour recoller à 5-5, sauver une balle de match et faire exploser le public du central, jusque là plutôt tiède.

"J'ai toujours été comme ça. Depuis que je suis gamin. C'est ça qui me plaît, qui fait que je joue encore à un bon niveau aujourd'hui. Ce n'est pas parce que j'ai un meilleur service, un meilleur revers ou quoi que ce soit d'autre. C'est juste parce que je me bats. Le jour où j'arrêterai de me battre, je disparaîtrai", a expliqué Santoro.

Plus discrets, moins spectaculaires, Grosjean et Gasquet ont rempli leur mission. Tous deux relèvent de blessures et n'ont pu se tester vraiment sur terre cette saison. Tous deux ont un peu dévalé la pente des classements en 2006. Tous deux cherchaient dans ce premier tour à se rassurer.

Vainqueur du Roumain Andrei Pavel 6-3, 6-2, 6-3 le jour de son 28e anniversaire, Grosjean a fait un match solide et son tableau relativement clément jusqu'aux 8e de finale peut permettre au Marseillais, demi-finaliste en 2001, d'y croire.

Grosjean pourrait retrouver sur sa route en deuxième semaine trois anciens vainqueurs du tournoi, Carlos Moya, vainqueur la veille, ou Gaston Gaudio et Juan-Carlos Ferrero, faciles qualifiés du jour.

La tâche de Gasquet est plus immédiate et plus délicate. Perclu de blessures cette année, d'abord au coude puis adducteurs, il a expédié les affaires courantes face au Chinois de Taipeh Yeu-Tzuoo Wang (6-4, 6-1, 7-5).

Il affronte au tour suivant l'une des terreurs du tableau masculin, l'impénétrable Argentin David Nalbandian, troisième tête de série et récent vainqueur à Estoril.

"C'est un grand joueur. Il est bon dans tous les compartiments du jeu. Son seul défaut, c'est qu'il peut cogiter. J'ai les armes pour l'inquiéter et j'ai plus de chances de le battre au deuxième tour qu'au quatrième ou en quarts", a estimé le Français, battu l'an dernier par Nadal.

Pour les Françaises, le bilan est mi-figue, mi-raisin. Si Nathalie Dechy, 21e tête de série, s'est défait de sa compatriote Stéphanie Foretz en trois manches 6-2, 3-6, 6-3, Virginie Razzano a dû se contenter d'inquiéter Kim Clijsters avant de céder face à la numéro deux mondiale 6-0, 7-6.

Aravane Rezai est la seule autre Tricolore à s'être tiré d'affaire ce lundi face à l'Italienne Alberta Brianti (6-4, 7-6).