Salle comble pour le dernier Masters 1000 de l'année joué à Paris-Bercy. À prime abord, cela est réjouissant de constater que le circuit de tennis professionnel retrouve de plus en plus de vigueur en Europe. Sauf que le public de Bercy est rarement tiède, voire même hostile par moments. Rien à voir avec Roland Garros qui est plutôt un rendez-vous social et mondain. Si Henri Leconte doit vivre avec les huées et les sifflets alors qu'il affronte John McEnroe en 1988, Cédric Pioline est tellement dépité de la réaction des gens en 1996 qu'il quitte le terrain en leur offrant un bras d'honneur. Pas beaucoup mieux lorsque Benoit Paire s'incline en 2013 devant le serveur volleyeur Pierre Hugues Herbert traitant les spectateurs de « bande d'abrutis ».

 

Finalement cette année, ce public débridé est béni du ciel puisque l'un des leurs est chaud chaud. Hugo Gaston va de revirement en revirement et de surprise en surprise pour s'extirper des qualifications et se rendre jusqu'en quarts de finale. Dommage qu'il ne remporte pas le premier set face à Medvedev car sur une de ses 3 balles de manche, il n'a qu'à accélérer dans l'ouverture, mais choisit plutôt l'amortie, qu'il rate. Il est mon gros coup de coeur pour ce tournoi parce que son talent est immense et unique et qu'il est tellement précis. Il utilise des choix de jeu si particuliers en alliant touche et puissance qu'on ne peut qu'être émerveillé par ce petit génie à la patte gauche de velours.

 

Croyez-moi que la foule l'a encouragé à tout rompre, nuisant même à l'adversaire entre la 1re et la 2e balle au service et en applaudissant de façon démesurée les fautes. Bravo tout de même d'avoir embelli les moments de bonheur de Gaston, mais manquer de classe de cette manière n'est pas digne d'une nation Grand Chelem. Parlez-en au jeune de 18 ans Carlos Alcaraz qui a complètement craqué tellement c'était brutal en ronde des 16. La bonne nouvelle c'est que dorénavant il n'y aura probablement pas de conditions de jeu pire que ce qu'il a vécu jeudi dernier. Aussi bien vivre ce cauchemar tôt dans sa carrière afin d'être mieux armé pour survivre à l'avenir.

 

Même les deux meilleurs joueurs au monde Novak Djokovic et Daniil Medvedev y goûtent dimanche en finale. Comme ils ont beaucoup d'expérience, ils arrivent à passer outre les quelques interruptions alors que des hurluberlus crient comme des déchainés alors qu'ils s'apprêtent à servir. Heureusement que cela n'empêche pas nos deux belligérants de nous offrir un spectacle d'une si grande qualité! Encore une fois comme c'est intéressant de voir l'intelligence de Djokovic qui fait d'abord quelques expériences à la volée au premier set sans trop de succès, mais qui se sert de ces montées au filet pour fatiguer un peu le russe. Puis dès le début du 2e set, le Serbe hausse son niveau dans l'échange pour nous offrir des bijoux de points en fond de terrain. Plus le match avance, plus Novak est précis au service et comme Daniil est si loin derrière la ligne de fond en réception, le Serbe le fait mal paraitre avec la sortante du côté de l'égalité.

 

Mieux encore dès le départ de la deuxième manche et ce jusqu'à la fin de la troisième, tous les morceaux du casse-tête se placent. Djokovic est fabuleux dans tous les départements du jeu comme le font foi ses statistiques à la volée: 23 montées pour 19 points gagnés. Normal qu'au 3e set Daniil accuse son lot de fatigue en plus d'avoir de la difficulté à gagner ses parties au service malgré quelques avances de 40-15. Ce n'est pas un hasard si Novak devient le meilleur de tous les temps en terminant au premier rang pour une 7e année. En remportant Paris-Bercy il est au sommet de la hiérarchie avec une 37e couronne en Masters 1000 dépassant ainsi Rafael Nadal. Parions qu'il sera motivé dans 7 jours pour aller chercher un 7e titre au championnat de fin de saison pour égaler Roger Federer.

 

Un mot sur Félix Auger-Aliassime qui avait une petite chance de se qualifier pour le grand party des huit meilleurs à Turin avant les tournois de Vienne et Paris-Bercy. Malheureusement Félix a beaucoup de difficulté à jouer des matches pleins et surtout à bien commencer ses rencontres. À ce niveau on ne peut pas donner autant, la compétition est trop féroce. Est-ce parce qu'il était nerveux devant la possibilité de se retrouver déjà cette année parmi la grande élite? J'avais l'impression qu'il combattait tellement mentalement avec des pensées négatives. En même temps, il est 11e au classement technique et 12e à la course et cela est déjà tellement extraordinaire en soi. Il faut continuer d'aller fouiller pour faire fondre ces pensées indésirées qui nourrissent les angoisses. Courage tu y arriveras Félix, en persévérant...