PARIS (AFP) - Des sommes colossales misées via l'internet sur un outsider, des matches qui se terminent par des résultats surprenants: pris de soupçons, les responsables du circuit professionnel masculin de tennis (ATP) se sont lancés dans une traque aux paris truqués.

L'ATP a signé un accord avec la société de paris britannique Betfair qui lui donne accès aux identités des parieurs dans les cas jugés douteux.

L'affaire a été révélée par le journal britannique Sunday Telegraph, du 12 octobre, selon lequel un joueur, qui avait été classé par le passé dans le Top-10, a été averti récemment par l'ATP pour avoir manqué de combativité.

Le journal relève également que dans le même temps des paris particulièrement élevés avaient été enregistrés par les bookmakers sur certains matches.

Deux rencontres sont notamment visées par l'enquête: celle remportée très facilement (6-2, 6-3) la semaine dernière à Lyon (France) par l'Espagnol Fernando Vicente face à l'ex-numéro 1 mondial russe Yevgeny Kafelnikov et celle gagnée par le Finlandais Jarkko Nieminen en août dernier à Long Island (Etats-Unis) sur abandon de l'Espagnol Felicio Lopez.

Dans le cas du match Kafelnikov-Vicente, les paris ont été annulés au dernier moment, alors que des sommes mirobolantes venaient d'être misées sur l'Espagnol qui n'avait pourtant pas gagné une rencontre depuis juin. Rien n'indique qu'un des joueurs ait lui-même parié.

"Boîte de Pandore universelle"

Selon le quotidien français l'Equipe de mardi, quelques heures avant la rencontre, 130.000 euros avaient été placés en faveur de Vicente à la cote de 5 contre 1.

De son côté, Nieminen a expliqué que son adversaire n'était pas en mesure de jouer car il était malade.

Grâce à l'accord passé avec Betfair, comparable à celui conclu par le Jockey Club, l'ATP sera en mesure de contrôler les paris sur chaque match, ce qui rend le directeur exécutif de l'ATP Mark Miles "très confiant", même si, soulignait-il récemment, "pour le moment aucun organisme n'a les moyens légaux ni pratiques d'empêcher réellement les paris".

Selon l'ancien joueur roumain et organisateur de tournois Ion Tiriac, le problème des paris truqués dans le tennis est entièrement dû à l'internet qui a "ouvert une boîte de Pandore universelle".

"L'existence d'une technologie permettant aux gens de parier librement sur les sports n'est pas une bonne chose pour la société, mais c'est évidemment quelque chose de difficile à contrôler", confirme Miles.

Tout joueur reconnu coupable de trucage risque jusqu'à trois ans de suspension et une amende de 100.000 dollars.

Les joueurs et leurs parents proches, les entraîneurs, ainsi que les responsables de l'ATP et des tournois, n'ont pas le droit de parier sur les matches.