NEW YORK (AP) - L'an dernier, Marat Safin a remporté l'US Open en écrasant Pete Sampras en finale. Depuis lors, aucun des deux ne s'est relevé. Chez Sampras, cette défaite, humiliante de netteté, devant un champion de presque dix ans son cadet, semble avoir brisé sa conviction intime. Il savait toujours répondre présent lors des rendez-vous majeurs. Il ne sait plus le faire.

Depuis Wimbledon 2000, l'Américain n'a plus gagné sur le circuit et son palmarès en Grand Chelem est resté bloqué à 13 trophées. Depuis le début de sa carrière, Sampras a remporté 63 titres.

Treize mois de disette, pour un champion qui vient de fêter ce mois-ci ses 30 ans, représentent un ''blanc'' préoccupant.

A Wimbledon, ''Battling Pete'' a été sorti par le jeune Suisse Roger Federer en 8e de finale. Et cet été, lors des tournois de préparation à l'US Open, qu'il a gagné à quatre reprises, sa forme incertaine sur le ciment américain est venue confirmer son déclin.

Battu en finale a Los Angeles, il s'est incliné au deuxième tour de Cincinnati face a l'Espagnol Alberto Martin. L'US Open est son ultime chance de faire honneur a sa réputation sur ciment.

Si Sampras n'a pas su rebondir à la suite de son échec a l'US Open 2000, Safin, lui, n'a pas réussi à assumer pleinement son nouveau statut. Sorti en 8e de finale à l'Open d'Australie, au troisième tour à Roland Garros par un malicieux Fabrice Santoro, et en quarts a Wimbledon par plus fou que lui (Goran Ivanisevic), le Russe cherche toujours sa vitesse de croisière.

Des blessures musculaires l'ont handicapé en début d'année et, cet été, malgré une demi-finale à Indianapolis, il n'a guère brillé, ne remportant qu'une seule rencontre lors de ses trois autres sorties.

Il y a un an, Safin fut une révélation. Piqué dans son orgueil en retournant sur le central de son sacre, il pourra de nouveau surprendre et justifier son statut de tête de série numéro-3.

Mais cette année, ce sera plutôt du côté de Roger Federer ou en direction de la météorite américaine Andy Roddick que se tourneront tous les regards.

Si Federer joue les trouble-fêtes, ce pourrait être aux dépens d'Andre Agassi, en 8e de finale, dans un bas de tableau bourré de dynamite.

Sampras, Agassi et Pat Rafter pourraient se retrouver en quarts de finale, un stade de la compétition où Roddick, avec la fougue de ses 19 ans, aura envie de placer un mot.

L'Amérique voit en lui la 'star' montante qui compensera le déclin de Sampras et les intermittences d'Agassi, bientôt marié et père de famille.

Entraîné par le Français Tarik Benhabiles, Roddick, lui, épouse avec gourmandise la courbe ascendante de sa carrière. Il a su enflammer Roland Garros cette année, sur une surface qui n'est pourtant pas la sienne, avant de s'incliner autant physiquement que techniquement.

En effet, seules ses limites d'endurance et une certaine précipitation, une fébrilité née du désir de vouloir trop bien faire, l'empêchent d'aller au bout d'une quinzaine de Grand Chelem.

Il reste sans doute, malgré son potentiel, encore trop tendre pour aligner sept victoires de rang au meilleur des cinq manches. Mais ce sera pour bientôt.

Que dire d'Andre Agassi et de Gustavo Kuerten? L'Américain alterne le meilleur, quatre titres, et le pire, deux défaites d'entrée sur ciment cet été, comme il l'a fait tout au long de sa carrière. Reverra-t-on l'Agassi souverain de Los Angeles ou celui, plutôt piteux, des défaites au premier tour de Montréal et de Cincinnati?

La question se pose autrement pour Kuerten, véritable monstre qui a déjà remporté 55 rencontres cette année et accumulé six titres, dont celui de Roland Garros.

La boulimie de Kuerten joue peut-être contre lui. Suite à sa victoire à Cincinnati, il a enchaîné une finale à Indianapolis. Mais là, ressentant des douleurs intercostales, il a abandonné en finale face à Pat Rafter, pour selon lui préserver ses chances à l'US Open. D'autant que pour la première fois de sa carrière, tête de série numéro-1, il y sera favori.

Ses travaux d'Hercule réalisés tout au long de la saison et sa générosité tous azimuts pourraient se retourner contre lui.