BUENOS AIRES - L'équipe de France, éliminée en quarts de finale de la Coupe Davis par l'Argentine, encore une fois sans avoir réussi à se sublimer, peut nourrir des regrets d'autant plus vivaces que le Saladier d'Argent ne paraissait pas cette année un objectif irréaliste.

Une opportunité gâchée

Avec l'élimination au tour précédent de l'Espagne, cinq fois victorieuse depuis 2000, la France semblait la mieux placée pour s'offrir un trophée qu'elle n'a plus remporté depuis 2001. Elle s'est présentée en Argentine avec trois joueurs placés dans le top-15 mondial (Jo-Wilfried Tsonga 8e, Richard Gasquet 9e et Gilles Simon 13e). Après un succès en Argentine, ni la République tchèque en demi-finale, ni la Serbie ou le Canada en finale n'auraient représenté des obstacles insurmontables. Mais, comme l'an passé face aux États-Unis, en quarts de finale également, les Français se sont pris les pieds dans le tapis. Avec une finale (2010) et une demi-finale (2011), le bilan de la génération dorée des Tsonga, Gasquet et autres Gaël Monfils reste bien maigre.

Un adversaire transcendé

La réputation de la Coupe Davis n'est pas usurpée. Cette compétition a sa logique toute particulière, qui va bien au-delà de l'addition des classements individuels. Privés de leur leader Juan Martin Del Potro (7e mondial), qui a fait l'impasse sur l'épreuve cette saison, les Argentins faisaient pâle figure avant la rencontre. Mais ils ont su se surpasser, puisant leur détermination féroce dans le soutien populaire à l'image d'un exemplaire Carlos Berlocq (71e mondial), vainqueur du match décisif face à Simon. Mine de rien, même si elle n'a jamais remporté la Coupe Davis en dépit de ses quatre finales (1981, 2006, 2008 et 2011), l'Argentine a été au moins demi-finaliste de 9 des 12 dernières éditions.

Les raisons d'un échec

Le renoncement pas forcément bien compris de tous, avant même la rencontre, de Gasquet, auteur d'un début de saison tonitruant mais arrivé blessé à un pied de Miami, a modifié les équilibres. Arnaud Clément, le capitaine, n'avait dès lors plus d'autre choix que d'aligner Tsonga et Simon en simple, et Mickaël Llodra et Julien Benneteau en double, sans possibilité d'adaptation tactique. Mais ce duo, très à l'aise sur dur, a perdu son troisième match consécutif sur terre battue en Coupe Davis. Quant à Simon, il continue à appréhender une compétition qui ne lui a jamais réussi. Battu vendredi par Juan Monaco, il n'est jamais parvenu à se relâcher contre Berlocq. Son bilan en Coupe Davis reste famélique, avec seulement 1 victoire en 9 matches à enjeu. Enfin, les Français, déjà battus sur terre battue par l'Espagne (2011) et les États-Unis (2012), ont payé leurs limites individuelles sur la surface qui leur réussit le moins.

Un avenir en pointillés

Les Bleus devront évacuer cet échec, eux qui fondaient beaucoup d'espoirs sur cette édition. Il leur faudra ensuite espérer que les blessures, qui les ont jusqu'ici empêchés d'être tous présents en même temps, les épargnent un peu. Avec Tsonga, qui a remporté 11 de ses 13 simples à enjeu jusqu'à présent, la France dispose d'un leader fiable. Gaël Monfils a aussi démontré qu'il pouvait se surpasser en Coupe Davis. Mais un gros doute pèse sur la capacité de Gasquet et Simon à résister à la pression inhérente à cette épreuve. Et surtout, Llodra, longtemps pilier indiscutable du double, ne paraît plus aussi tranchant que par le passé. À bientôt 33 ans, il n'a plus beaucoup de temps devant lui pour enfin décrocher la Coupe Davis.