PARIS - En prenant le dessus sur le N.1 mondial Novak Djokovic après un match époustouflant, Rafael Nadal ne s'est pas seulement qualifié vendredi pour sa huitième finale à Roland-Garros, il a aussi marqué des points importants dans la rivalité forcenée entre les deux hommes.

Aucun doute, le grand Nadal est bel et bien de retour. L'Espagnol, septuple vainqueur à Paris, est sorti vainqueur d'une joute homérique avec Djokovic, l'homme qu'il craint le plus sur le circuit, après 4h37 de jeu et cinq sets (6-4, 3-6, 6-1, 6-7 (3/7), 9-7).

Ses sept mois d'absence pour une inflammation du tendon rotulien du genou, qui avaient fait craindre pour la suite de sa carrière, sont loin derrière. Depuis son retour à la compétition au début février, le Majorquin a déjà remporté six titres et deux finales en huit tournois.

Mais il avait besoin d'un test de cet ordre pour s'assurer que tout est bien à nouveau comme avant. Dimanche, face à son compatriote David Ferrer, qui ne l'a battu que quatre fois en 23 rencontres, il sera le colossal favori. Il cherchera à devenir le premier joueur de l'histoire à remporter huit fois le même tournoi du Grand Chelem.

"C'est vraiment un miracle"

La joie dans le camp de Nadal en disait long. "C'est une victoire incroyable contre le N.1 mondial. C'est vraiment un miracle pour nous. Ce qu'il a traversé, c'est...", a lâché son oncle et entraîneur Toni avant, étranglé d'émotion, de s'éloigner des journalistes sans pouvoir finir sa phrase.

"Ces matches sont spéciaux, vous ne les jouez pas tous les jours. Vous souffrez, mais vous aimez souffrir pour de tels matches. Parce que c'était encore plus dur de les voir à la télévision à Majorque l'an passé (pendant son absence de sept mois)", a pour sa part souligné Nadal.

Par son intensité, par le refus obstiné des deux joueurs de perdre, ce match a rappelé la finale homérique de l'Open d'Australie 2012, la plus longue de l'histoire en Grand Chelem (5h53). C'est le Serbe qui en était sorti vainqueur, marquant psychologiquement son adversaire.

Cette victoire était la dernière d'une série de sept succès de suite en finale de Djokovic sur le Majorquin depuis l'édition d'Indian Wells 2011. Le N.1 mondial, qui est le seul joueur à avoir battu plus de deux fois (trois exactement) Nadal en Grand Chelem, avait alors pris un net ascendant mental.

L'Espagnol avait brisé cette série, en alignant lui-même trois succès de suite en 2012, à Monte-Carlo, Rome et surtout en finale à Roland-Garros. Mais une défaite vendredi aurait touché Nadal, qui n'a toujours connu qu'une défaite à Roland-Garros, en 2009 face au Suédois Robin Söderling, alors qu'il souffrait de son genou.

"Pas la fin du monde"

Car Djokovic avait enfoncé un coin dans sa domination quasiment sans partage sur terre battue, en le privant à la mi-avril d'une neuvième victoire consécutive à Monte-Carlo. En doublant la mise à Roland-Garros, le Serbe lui aurait envoyé un sérieux avertissement.

Mais malgré ce revers, "Djoko" peut repartir avec la conviction qu'il a les moyens de s'imposer un jour à Paris. Contrairement à Roger Federer, qui n'a jamais pu contrecarrer le lift de Nadal, lui sait qu'il se rapproche d'année en année.

L'an passé, le Serbe avait pris un set à Nadal lors d'une finale disputée dans des conditions pluvieuses, qui étaient à son avantage. Cette fois-ci, sous un franc soleil propice au lift du Majorquin, il en a pris deux, après avoir vainement demandé vers la fin l'arrosage du court qu'il jugeait "trop sec et glissant".

Le N.1 mondial a surtout encore démontré d'immenses qualités mentales et ne devrait pas être trop affecté par cet échec. "Ce n'est pas la fin du monde", a-t-il dit. "Même si le sentiment n'est pas bon en ce moment, je pense encore avoir du temps devant moi pour revenir et essayer de gagner ici."