MONTREAL - Si l'atmosphère n'est pas encore aux règlements de comptes mafieux, avec Al Capone comme parrain du tennis mondial, "l'affaire Davydenko", sortie la semaine dernière, a délié quelques langues sur une possible présence bien encombrante aux bords des courts.

Comme dans les bons romans!

"L'affaire" est partie d'un pied douloureux la semaine dernière en Pologne, a rebondi avec des paiements de paris suspendus à Londres avant de se retrouver sur les courts de tennis à Montréal. Le tout arrosé d'une conférence "secrète" d'un repenti en mars à Miami.

Jeudi dernier, le Russe Nikolay Davydenko, N.4 mondial, dispute le 2e tour du tournoi de Sopot en Pologne.

Face à l'Argentin Martin Vassallo Arguello, 83e mondial, Davydenko remporte la première manche aisément (6-2). Mais la suite est plus difficile avec la perte de la deuxième manche 6-3. Et à 2-1 en sa défaveur, Davydenko préfère renoncer en raison d'un pied douloureux.

Le lendemain, le site de paris en ligne Betfair décide de suspendre les paiements relatifs au match, obligeant l'ATP qui gère le circuit professionnel masculin à ouvrir une enquête officielle.

Selon Betfair, environ 3,4 millions de livres (7.25 M de dollars canadiens) auraient été misées avant la rencontre et durant le premier set, soit dix fois le montant total des paris en temps normal pour un match de ce type.

Et alors même que le Russe menait, les paris continuaient à monter en faveur d'une victoire de son adversaire.

De rumeurs aux faits

En halte au Québec cette semaine, l'ATP concentre évidemment l'attention autant sur le retour du duel entre le Suisse Roger Federer et l'Espagnol Rafael Nadal que les matchs truqués.

Et les suiveurs du circuit ont tous leurs histoires à raconter. Tel joueur aperçu en train de faire copain-copain avec un mafieux notable lors d'un tournoi, un autre qui perd des matches sans donner l'impression de vouloir gagner...

Mais que des rumeurs sur des faits passés !

Par contre, le Tchèque Tomas Berdych, N.10 mondial, a été bien plus précis, avec des faits concrets sur les craintes de l'ATP.

Fin mars à Miami, l'ATP a donc "loué" les services d'un repenti notoire de la mafia new yorkaise, Michael Franzese, pour mettre les joueurs en garde.

"Nous étions assis et il (Franzese) nous a parlé de sa vie, de toutes ces mauvaises choses qui lui sont arrivées avec les gens de la mafia", a ainsi conté Berdych lundi.

Les problèmes commencent

"Imaginez la situation où ils (la mafia) viennent vous voir et vous proposent de l'argent pour perdre. Vous vous dites +ok, c'est un tournoi de m....+. Et là ça commence à être mauvais. S'ils reviennent lors d'un autre tournoi et que vous dites non, là les problèmes commencent", explique-t-il.

Federer, lui-même, a été invité à s'exprimer dimanche. D'abord réticent, "je n'en ai pas entendu parler !", le maître du circuit a ensuite lâché quelques impressions, soulignant que la corruption serait "pire" que le dopage.

"Parfois des histoires sortent des vestiaires. Davydenko ne me semble pas être le genre de garçon à faire cela. J'espère qu'il pourra prouver son innocence", a expliqué le N.1 mondial, qui reconnaît que les "dérives" sont toujours possibles dans les sports individuels.

Après tout, le soccer a été touché en Asie, notamment, et le basket est secoué par une affaire semblable avec un arbitre NBA soupçonné d'avoir joué un rôle lors de matchs qu'il arbitrait. Alors pourquoi pas le tennis ?