Franchement, pour un dernier Masters 1000 de l'année, nous avons eu droit à un spectacle de grande qualité pendant toute la semaine. Chaque joueur avait ses raisons pour tout donner afin de gagner et certains, comme Daniil Medvedev et Alexander Zverev voulaient prouver, une fois de plus, qu'ils font partie de la grande élite.

 

Rappelons qu'en cette année 2020, le Russe n'est pas en mesure de répéter les exploits de l'été et de l'automne derniers alors qu'il réalise un parcours mirobolant avec 6 finales de suite, ce qui inclut 3 titres dont 2 Masters, à Cincinnati et Shanghai. Déçu aussi de perdre en demies du US Open en 3 sets devant Dominic Thiem cette année, il est méconnaissable lors de la séquence en Europe avec seulement 3 maigres victoires au compteur en 4 tournois. 

 

Daniil se présente donc à Paris, une ville qu'il aime particulièrement, déterminé d'au moins finir la courte saison en force lors des 2 tournois qu'il lui reste. Le fier compétiteur est de retour en acceptant tout ce que ses adversaires lui présentent. Peu importe les problèmes à résoudre, il reste calme, concentré et posé. On n'a qu'à penser au défi que lui offre Alex de Minaur qui lui arrache le premier set ainsi qu'aux duels intenses offerts par Milos Raonic en demies et aujourd'hui Alexander Zverev en finale. Daniil ne veut pas avoir de regrets et cela fait de lui le combattant suprême.

 

En finale aujourd'hui, nous avons droit à un duel trépidant entre deux as du tennis intérieur. Daniil avec sa longue portée en retours et dans l'échange ainsi qu'Alexander Zverev qui sert et bouge si bien en fond de terrain. D'ailleurs Zverev démontre beaucoup de polyvalence au cours de la semaine pour s'ajuster aux forces adverses. C'est surtout évident lorsqu'il se défait en 3 longues manches d'Adrian Mannarino et son jeu cotonneux, de Stan Wawrinka qui sert pour le 2e set en redevenant le bombardier en fond de terrain que l'on admire et surtout contre Rafael Nadal en demies. Dans cette rencontre face à l'Espagnol, il est puissant et tranchant au premier set et formidable de résilience pour arracher le débat en 2 manches consécutives. Quand Zverev est offensif de la sorte dans tous les aspects de son jeu, cela me rappelle son titre glané au Championnat de fin de saison à Londres en 2018 alors qu'il affichait le même genre de jeu offensif. 

 

D'ailleurs l'Allemand est exceptionnel du début de la première manche jusqu'à 4-4, 2e set. Medvedev suit la cadence mais est plus souvent qu'autrement surclassé. Mais le Russe reste patient et accroché et cela porte ses fruits alors qu'il force Zverev à servir pendant 15 minutes lors d'un même jeu au 2e set. Petit à petit, Zverev s'épuise pour finalement offrir les premières balles de bris à Medvedev à 4-4. Fort du 2e set, Medvedev garde son très haut niveau alors que Zverev n'y arrive plus. Il rendra d'ailleurs les armes 6-1 au 3e set. Dommage pour Alex qui tentait de remporter un 3e titre en 3 tournois. Il lui a tout simplement manqué de fraicheur. Tout de même, il fait partie, en compagnie de Medvedev et Andrey Rublev du trio infernal de cette fin de saison qui pourra faire des dommages au Masters de Londres qui commence dimanche prochain.

 

Parlons maintenant de Milos Raonic qui connaît une semaine de qualité. Notre Canadien assure l'essentiel en début de tournoi face à Aljaz Bedene, Pierre-Hugues Herbert et Marcos Giron. Puis, il affronte le merveilleux jeune Français Ugo Humbert qui à 22 ans, prouve une fois de plus, qu'il possède l'étoffe des grands. D'ailleurs, déjà il a remporté 2 titres de la série 250 cette année, à Auckland en janvier et il y a 2 semaines à Anvers. Ce qui me fascine dans son cas, c'est de la façon qu'il arme ses coups et qu'il accélère proche de la balle. Ses agressions contrôlées jumelées à sa résilience lui permettent d'épingler le 2e favori Stefanos Tsitsipas, l'ancien 3e mondial Marin Cilic avant d'affronter Raonic. 

 

Honnêtement, je ne sais pas comment notre Canadien fait pour s'extirper de ce grand match victorieux alors qu'à la toute fin au bris d'égalité de la 3e manche, Humbert mène 5-1. Le Français laisse cependant un point tout fait qui lui aurait donné une avance de 6-1 et donc 5 balles de match de suite. Milos bataille comme un mort de faim pour sauver 2 balles de match match à 6-4 pour finalement l'emporter 9-7 au bris d'égalité. L'expérience d'un vieux routier comme Milos fait la différence et c'est bien ce qui manque à Ugo. Faire les bons choix au bon moment contre les meilleurs, cela s'apprend en le vivant. 

 

Milos donne beaucoup beaucoup et physiquement face à Daniil Medvedev en demies cela s'avère très difficile de s'imposer dans l'échange. Notre Canadien n'arrive tout simplement pas à dicter dans les moments clés parce que tout va trop vite côté cadence. Superbe tournoi quand même pour Raonic.

 

Bravo aussi à Félix Auger-Aliassime qui gagne le double en compagnie de Hubert Hurkacz 10-2 au super bris d'égalité devant les 2es favoris Mate Pavic et Bruno Soares. Félix et Hubert sauvent 5 balles de championnat au 2e set avant de survoler le super TB. Wow, il s'agit d'un premier trophée Masters 1000 pour Félix ce qui n'est pas banal puisque les adversaires ont tout de même remporté le US Open cette année en plus de faire la finale à Roland Garros.

 

Autre fait qui me fait réaliser une fois de plus que nous vivons des temps formidables avec nos jeunes Canadiens : Denis Shapovalov change d'idée et décide de jouer un dernier tournoi cette semaine à Sofia. Il s'agit d'une épreuve de la série 250. Shapo est premier favori tandis que Félix est tout en bas du tableau alors qu'il est la 2e tête de série. Cela est absolument formidable chers amis puisqu'une nouvelle histoire s'écrit au pays dans un tournoi du grand circuit de l'ATP. Et Félix de me répondre en entrevue aujourd'hui : « oui c'est bien mais cela serait encore mieux que l'on se retrouve en finale ».

 

Le meilleur reste à venir...