PARIS - Rafael Nadal, encore et encore, et Serena Williams, de nouveau, sont les grandissimes favoris du Roland-Garros qui commence dimanche à Paris où l'Espagnol vise un exploit encore jamais réalisé en Grand Chelem et l'Américaine à parachever une renaissance spectaculaire.

L'une et l'autre, déjà assurés d'une place dans la légende du tennis, ont un historique très différent au « French ». Nadal est le seul joueur à s'y être imposé à sept reprises et il n'a perdu qu'un match dans son fief, lorsqu'il était blessé en 2009 face à Robin Soderling.

Serena, même si elle y possède un appartement, a des souvenirs nettement moins sympathiques de Paris. La tigresse aux quinze titres du Grand Chelem n'y a remporté qu'un titre, en 2002, et reste sur une élimination au premier tour, la première de sa carrière dans un tournoi majeur, l'année dernière face à la Française Virginie Razzano.

Mais ce coup de théâtre a été un vrai tournant. Deux jours après, la cadette des soeurs Williams a commencé à travailler avec l'entraîneur français Patrick Mouratoglou qui l'a ramenée au sommet, faisant d'elle, à 31 ans, la no 1 la plus âgée depuis que le classement a été inventé, en 1973.

Depuis cette défaite, ses statistiques donnent le vertige: 67 victoires en 70 matchs, pour 10 tournois gagnés sur 13 disputés.

Invaincue depuis 24 matchs, la plus longue série d'invincibilité de sa riche carrière, l'Américaine, qui n'avait plus atteint une finale sur terre rouge depuis 2002, vient de survoler les tournois de Madrid et de Rome.

« Zone »

« J'arrive dans cette zone où je voulais toujours être », souligne celle qui, sur tous les plans, possède un net ascendant sur ses rivales les plus dangereuses, Maria Sharapova, tenante du titre et no 2 mondiale, la Bélarusse Victoria Azarenka ou la finaliste sortante, Sara Errani.

Cette marge, nouvelle pour Serena à Roland-Garros, Nadal la possède depuis ses débuts dans le tournoi. Avec un pic en 2008 et 2010, où il a triomphé sans perdre un set, et jamais vraiment été remise en cause, tant il avait mal aux genoux lors de son unique échec, en 2009.

En février, l'incertitude était pourtant réelle. Absent pendant sept mois, toujours pour un genou en souffrance, le Majorquin, et le monde du tennis avec lui, guettait avec une certaine anxiété son retour sur le circuit.

Il a balayé tous les doutes au cours d'un printemps endiablé avec six titres et deux finales en huit tournois.

Hésitant au début, il a échoué dans sa quête d'un neuvième titre de suite à Monte Carlo, battu en finale par le no 1 mondial Novak Djokovic, qui dit aujourd'hui tirer  « une grande confiance » de ce fait d'armes.

Nadal a encore été parfois bousculé ensuite à Barcelone, Madrid et Rome, gagnant toutefois ces trois tournois. Et la manière dont il a terminé, mettant en pièces Tomas Berdych et Roger Federer au Foro Italico, a fini par convaincre tout le monde que la terreur était de retour.

« Froid »

« Mon seul problème actuellement est le froid » qui engourdit Paris, confirme l'Espagnol, prêt à entrer dans l'histoire avec une huitième victoire à Roland-Garros, un total jamais réalisé dans aucun Grand Chelem, mieux que les sept victoires de Federer ou Pete Sampras à Wimbledon.

Pour contrecarrer ses projets, Djokovic, qui sait s'y prendre, reste le principal client. Battu par Nadal en finale l'année dernière, sa première à Paris, le Serbe risque cette fois de croiser l'ogre dès les demi-finales.

Mais il n'arrive pas dans les meilleures dispositions, après des défaites précoces à Madrid et Rome.

De l'autre côté du tableau, Roger Federer est l'unique autre joueur en activité à avoir joué une finale à Roland-Garros, cinq au total pour quatre défaites contre Nadal et une victoire contre Soderling, en 2009.

Comme d'habitude maintenant, le Suisse aborde sans pression son 50e tournoi du Grand Chelem de suite, même si ses ambitions restent élevées.

Mais avant de penser à Nadal, il pourrait d'abord avoir à faire avec l'un des nombreux Français qui figurent dans ses parages, à commencer par le no 1 Jo-Wilfried Tsonga qui rêve de frapper un gros coup, trente ans après la dernière victoire française à Roland-Garros, celle de Yannick Noah.