PARIS (AFP) - Porté disparu depuis son sacre à l'Open d'Australie, Marat Safin a refait surface samedi dans le tournoi de tennis de Roland-Garros, dont il a atteint les huitièmes de finale au terme d'un formidable combat contre l'Espagnol Juan Carlos Ferrero.

Moribond, le Russe n'avait plus passé deux tours dans les sept tournois qu'il a disputés depuis janvier. Une trajectoire chaotique redressée avec prestance samedi lors du deuxième grand rendez-vous de l'année.

Son duel avec Ferrero n'était qu'un troisième tour, mais le match, sans doute le meilleur du tournoi jusque-là, valait beaucoup plus. "Déjà un classique pour moi", de l'aveu de Safin.

Vainqueur 7-6 (7/5), 7-5, 1-6, 7-6 (7/2), le Moscovite l'a emporté d'extrême justesse, grâce surtout à une première balle efficace aux moments clé (13 aces). "Ca s'est joué à un ou deux points près", a souligné Safin, qui n'a pas caché avoir laissé filer la troisième manche: "A 4-0, j'ai décidé que ce set était pour lui."

Un choix qui explique d'ailleurs pourquoi Ferrero a finalement breaké plus que lui (5 contre 4) et même gagné plus de points dans ce match.

Safin, même s'il n'a cessé de parler tout seul - "Ce qui est bon, c'est qu'il n'y a personne pour répliquer" -, a ensuite conservé un calme olympien pour s'imposer dans un tie-break du quatrième set parfaitement maîtrisé.

Esprit sain

"Sur les matches en cinq sets, il vaut mieux ne pas perdre son énergie avec ça, même si, parfois, on devient dingue", a assuré Safin, pourtant entré dans les annales de Roland-Garros l'an dernier pour avoir baissé son short en plein match.

Sain d'esprit, Safin l'était apparemment également dans son corps. Débarrassé du bandage qui entourait son genou douloureux au tour précédant, il n'a guère semblé souffrir physiquement dans ce match de presque quatre heures.

"Il m'a surpris sur ce point, il a tenu les échanges sans avoir l'air d'être fatigué", s'est étonné Ferrero qui, adolescent, avait l'habitude de l'emporter lors de leurs parties d'entraînement près de Valence, où résidait le Russe alors.

Cette jeunesse en Espagne explique d'ailleurs pourquoi Safin évolue avec tant d'aisance sur terre battue malgré son gabarit imposant. Un naturel de terrien qui fait de lui un vainqueur potentiel du tournoi.

"Il est trop tôt pour dire si je peux gagner, a tempéré le Russe, demi-finaliste en 2002. Il faut d'abord que j'aille en deuxième semaine. Là vous commencez à avoir une petite idée. Mais pourquoi pas ? Si je continue comme ça, j'aurais ma chance contre n'importe quel adversaire."

Mauresmo craque encore

Il vaudra en tous cas mieux qu'il conserve cette qualité de jeu vu le nombre d'Argentins qui rôdent dans sa partie de tableau. S'il passe l'obstacle Tommy Robredo, un autre Espagnol, au prochain tour, il pourrait retrouver dès les quarts de finale Guillermo Coria. Samedi, le finaliste de l'an dernier a laminé l'Autrichien Jürgen Melzer (6-1, 6-1, 7-6).

Dans le tournoi de féminin, la surprise est arrivée une fois de plus au détriment d'Amélie Mauresmo, qui n'arrive décidément pas à résister à la pression devant son public.

L'appui tant commenté de son nouveau mentor Yannick Noah n'y aura rien changé. Battue 6-4, 3-6, 6-4 par l'adolescente Serbe Ana Ivanovic, 31e mondiale, la Française n'a toujours pas dépassé le stade des quarts de finale à Paris.

Pour Ivanovic, 17 ans, c'est le sommet sans doute provisoire de sa jeune carrière. Après avoir été la joueuse à avoir le plus progressé l'année dernière, elle continue à grimper l'échelle mondiale avec une célérité impressionnante.

Classée au-delà de la 600e place en 2004, elle devrait rentrer dans les 25 premières au prochain classement.