COLLABORATION SPÉCIALE

 

 

Quel bonheur de revoir Leylah Fernandez compétitionner cette semaine à Monterrey au Mexique après un début d'année plus difficile que prévu.

 

 

Tout a changé dans la vie de notre Québécoise à la suite de sa gigantesque performance qui l'a propulsée jusqu'à la ronde ultime au US Open, dernier Grand Chelem de l'année. Donc maintenant, il faut assumer cette nouvelle notoriété alors qu'elle est forcée de s'adapter rapidement à cette vie de superstar. Cela représente un bonheur immense qui vient avec de nouveaux contrats de publicité qui offrent visibilité et argent, mais aussi une tonne de pression. 

 

Désireuse de prouver à la planète tennis que ses deux magnifiques semaines à New York n'ont rien à voir avec le fruit du hasard, Fernandez force peut-être la note un peu trop à l'entraînement en préparation à 2022 tout en se présentant à ses matchs un peu plus stressée. Normal, pas facile de passer d'incognito à tête de série, et croyez-moi, ce n'est pas simple s'ajuster à cette nouvelle réalité sans l'avoir déjà vécu.

 

Quoi qu'il en soit, je ne la trouve pas tellement explosive à Melbourne. J'en déduis qu'elle est assez mal en point pour décider de biffer un tournoi préparatoire, mais pas assez blessée pour ne pas se présenter à son match de premier tour en Grand Chelem face à Maddison Inglis, 133e au monde. Le résultat est loin d'être satisfaisant alors que Fernandez est battu sèchement, incapable de se rendre à la balle suffisamment vite pour avoir de beaux choix de jeu d'attaque. 

 

Jamais Leylah n'a voulu parler de blessure en conférence de presse pour ne pas passer pour une mauvaise perdante, parlant plutôt d'une mauvaise journée au bureau. Preuve qu'elle est bel et bien blessée, on ne la revoit en compétition que cette semaine à Monterrey plus de 40 jours après sa défaite à Melbourne. En plus, elle a 250 points à défendre cette semaine puisqu'elle est championne en titre. On s'entend que cela prend beaucoup de hargne et de détermination pour survivre au défi que cela représente.

 

D'ailleurs, Leylah est vraiment malmenée au 2e tour face à la Chinoise de 19 ans Qinwen Zheng, qui passe à quelques points d'aller chercher la victoire. Fernandez s'en sort bien parce que l'adversaire devient complètement tétanisée par l'enjeu. Pourtant la victoire, elle l'avait au bout de la raquette. La bonne nouvelle c'est qu'après cette grande frousse la Québécoise retrouve au fil des matchs, quelques patrons de jeu intéressants, plus axés sur l'offensive.

 

On le sait bien et cela crève les yeux aussi aujourd'hui en finale qu'il s'agit de sa planche de salut face à la Colombienne Camila Osario, qui mérite le respect puisqu'elle bat la 1re tête de série Elina Svitolina au bris d'égalité de la 3e manche en quarts de finale. Cependant Leylah la connait bien puisqu'elle l'a battu deux fois sur trois chez les juniors. La méthode utilisée fonctionne à merveille au début alors qu'elle virevolte sur le terrain ce qui lui permet de tester la résilience de l'adversaire. Les résultats sont concluants alors que Leylah l'attaque en fond de terrain tout en finissant les points de merveilleuse façon à la volée, parfois appuyée, parfois déposée, un pur bonheur à regarder. Elle est d'ailleurs à un point de mener 5 à 1 au premier set. Mais oups, elle échappe la partie et une autre pour finalement perdre le set au bris d'égalité.

 

Rattrapée par l'enjeu, la Québécoise arrête d'être leader et ne fait que remettre en jeu ce qui donne beaucoup de temps à Osorio pour rester dans l'échange et pire: prendre le contrôle des points. Ce premier set nous permet tout de même de réaliser qu'Osorio a deux visages: parfois virulente pour mener le jeu avec son coup droit, et aussi bien capable de démontrer des qualités de combattante pour faire durer de point.

 

Tout de même, parfois Fernandez est méconnaissable parce qu'elle fait beaucoup d'erreurs de jugement. Quand on est indécis, on devient forcement imprécis. Une chose cependant qu'on ne pourra JAMAIS dire d'elle c'est qu'elle manque d'hardiesse. Peu importe ce qu'elle produit comme jeu, elle est courageuse pour s'accrocher contre vents et marées alors qu'elle sauve 5 balles de championnat et juste assez audacieuse et intrépide en fin de 2e et 3e set pour aller chercher les points qui font la différence. La voilà championne à nouveau à Monterrey!

 

Autant le triomphe de Félix Auger-Aliassime à Rotterdam lui permet de respirer un peu plus aisément, autant ce titre au Mexique redonne des ailes à Leylah Fernandez.

 

Vivement cette belle séquence de tournois en terres américaines maintenant à Indian Wells et Miami et ce, chez les hommes dès jeudi sur les ondes de RDS.