BÂLE (Suisse) - Bâle, le tournoi qui l'a vu aussi bien ramasseur de balles que numéro un mondial, Roger Federer prend plaisir à se replonger dans ses racines, même si cette semaine, dans une fin de saison bien chargée, est aussi fatigante qu'une grande tournée de famille.

Avec Paris-Bercy et le Masters à Londres dans la foulée, le Suisse, qui avait réussi le triplé l'an passé, a trois semaines de folie et le sait. Mais dans son calendrier, le patron du circuit n'a encore jamais manqué, sauf blessure, d'honorer ce rendez-vous dans la cité de sa jeunesse.

Gradé ATP-500, il ne peut lui offrir que quelques points et un titre de plus à son palmarès, mais pour l'homme aux 17 victoires en Grand Chelem, l'essentiel n'est à l'évidence pas là.

« C'est peut-être un tout petit trophée aux yeux de certains mais pour moi, il revêt une importance particulière », insistait Federer, après avoir brandi la coupe pour la cinquième fois en 2011, non sans verser quelques larmes.

Car Bâle fait partie de son album de famille.

Bien avant de trôner aux premières loges à regarder les exploits de son champion, sa mère Lynette joua longtemps les bénévoles. Et Roger fut un des petits jeunes bondissant pour fournir balles et serviettes aux joueurs.

Lui qui avait eu droit à une petite médaille remise par les finalistes comme le veut la tradition du tournoi, la remet désormais aux ramasseurs de balles. Et pour fêter sa victoire, il a pris l'habitude de partager avec eux des pizzas.

« Quand j'étais gamin, je venais en vélo ici. J'ai été ramasseur de balles à deux reprises. J'ai commencé avec un match de qualifications. Le lendemain j'avais des courbatures de folie à force de rester debout tout le temps », a raconté le héros national lors de sa conférence de presse précédant le coup d'envoi

Treizième participation

-C'est à Bâle aussi qu'il disputa son premier match majeur en 1998 face à l'une des stars d'alors, l'Américain Andre Agassi. Leur première rencontre fut pliée en deux sets: 6-3, 6-2.

« Ce tournoi m'a inspiré, a éveillé mes rêves. C'est beau de pouvoir revenir jouer à la maison », a confié le Suisse. « Je viens ici pour la treizième fois... C'est passé à une vitesse folle comme ma carrière. Les années juniors, j'ai l'impression que c'était hier ».

Avec 300 semaines au compteur tout en haut de la hiérarchie, il est plus que jamais l'icône du tournoi. Le livre de présentation des « Swiss Indoors » est tout à sa gloire, que cela soit pour rappeler ses moments forts sur les courts ou pour vanter des montres, des assurances, des machines à café.

Mais pas de cris hystériques, de débordements: dans la cité des bords du Rhin, la Federermania s'exprime d'un manière contenue et polie à l'image de l'enfant du coin.

Lui seul suffit à attirer les foules. Une fois parti, les gradins se vident, même si à l'affiche oppose un autre Suisse, Marco Chiudinelli, au Français Richard Gasquet, comme c'était le cas mercredi soir.

Emmené par le patron du tournoi, « Roger », lui, doit se plier à une tournée de tous les sponsors après ses matches, au risque d'arriver avec trois quarts d'heure de retard devant la presse.

Si les organisateurs avaient passé un contrat assurant la présence du maître jusqu'à cette année, ils craignent de ne pouvoir le renouveler, pour des raisons financières et de calendrier. Mais même sans contrat, Federer sera toujours lié à Bâle.