Lors de la remise des trophées après le triomphe de Roger Federer en 5 sets devant Marin Cilic, le maitre de cérémonie tente de faire un peu d'humour en mentionnant que tous les superlatifs avaient déjà été utilisés pour décrire le Suisse et que ça ne valait plus la peine d'essayer.

Il a bien raison, appelons-le tout simplement « le Magnifique » parce qu'à 36 ans et 173 jours, il épate encore parce qu'il déborde d'enthousiasme pour son sport comme à ses 20 ans et que peu importe l'adversaire, il trouve toujours la manière de rendre le tennis si beau, si noble et si excitant. Ce bougre d'homme réinvente le jeu grâce à sa légèreté, son style épuré, ses accélérations fulgurantes et ses services d'une précision diabolique.

On dit toujours que pour être maître de quelque chose il faut savoir régner en maître. C'est ce que Federer fait en début de rencontre en imposant une telle cadence que le pauvre Marin Cilic n'arrive absolument pas à suivre la parade. Pas étonnant après une entame de match calamiteuse combinée au brio de l'autre.

Vivement la 2e manche alors que Cilic retrouve enfin sa justesse au service. Voilà une bonne affaire parce qu'au premier set absolument rien de fonctionne plus lui. Malgré le fait que le niveau de Roger baisse un peu, le Suisse s'offre tout de même 3 balles de bris sans arriver à en profiter. L'occasion à 4-4 aurait été belle et lui aurait rendue la vie beaucoup plus simple puisque Roger aurait tout bonnement enchainé en servant pour mener deux sets à zéro.

Donnons cependant le crédit à Marin qui se fait grandement valoir en dominant plusieurs échanges en fond de terrain pour ainsi arracher le 2e set au bris d'égalité. Le Croate a pas mal plus l'air d'un 3e mondial durant cette manche.

Sans doute un peu frustré d'avoir perdu l'ascendant, Federer réagit tel un phénix qui renait de ses cendres avec des schémas de jeu plus offensifs pour reprendre le haut du pavé et le contôle du match. En peu de temps, Roger remporte la 3e manche pour mener 2 sets à 1 tout en surfant cette belle vague de succès dès le départ de la 4e manche en brisant d'entrée et en menant 3-1.

La victoire lui tend les bras, mais finira par lui glisser entre les doigts à ce moment-là. Contre toute attente, Cilic refuse de jouer le rôle du Poulidor, il s'accroche et produit du merveilleux tennis rempli de créativité, puissance et maturité. Federer est bafoué, perdu et dominé alors qu'il vient surtout de laisser filer le momentum. Cilic se voit offrir une autre chance de se faire valoir et il en profite pleinement. On s'en va au 5e set!

Être animé par la quête de l'histoire veut aussi dire que les exceptionnels trouvent très souvent la manière pour arriver à leur fin. Federer n'a pas gaspillé d'énergie durant la quinzaine en gagnant tous ses matchs en 3 sets pendant que Cilic disputait plusieurs rencontres à la rallonge en passant 6 heures 13 minutes de plus que le Suisse sur le terrain. Toute cette débauche d'énergie finit toujours par paraître. Cilic n'arrive plus à rester constant au 5e set tandis que Federer réussit tout ce qu'il n'a pas su faire à la 4e manche soit protéger son avance d'un bris tout en s'en procurant même un 2e pour être encore plus en sécurité en servant pour le championnat. Facile, facile verrouiller la victoire en gardant ses nerfs quand on mène 5-1, 5e set...

Un 96e titre en carrière pour le plus beau de tous les temps et un 20e Grand Chelem. Parions qu'il ne va pas s'arrêter là.

Belle, belle mention pour Gabriela Dawbroski qui gagne le titre en double mixte avec Mate Pavic. Wow, notre Canadienne triomphe pour une 2e fois en Grand Chelem après Roland Garros l'an dernier. Mais c'est formidable!!!

Tout juste en jeu pour le 20e titre