L'ogre Rafael Nadal armé jusqu'aux dents face aux jeunes loups
Roland-Garros lundi, 21 mai 2018. 12:07 jeudi, 12 déc. 2024. 16:23Vainqueur à Monte-Carlo, Barcelone et Rome sur la route de Roland-Garros (27 mai-10 juin), Rafael Nadal a toutes les armes pour étoffer son palmarès inégalé sur terre battue avec un onzième sacre à Paris. Même si la cuirasse du gladiateur espagnol a laissé apparaître quelques rares brèches.
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Deux séquences: c'est ainsi qu'on pourrait résumer le scénario de la campagne sur ocre version 2018.
La première s'articule autour de l'enchaînement Monte-Carlo/Barcelone et l'Espagnol aux seize titres majeurs s'en accapare sans discussion le rôle principal. D'autant que ses rivaux habituels (Federer, Djokovic, Murray, Wawrinka) sont absents, en méforme ou convalescents.
Au moment de ses premiers coups de raquette à Monaco mi-avril, Nadal n'a plus joué sur le circuit depuis près de trois mois et son abandon en quarts de finale de l'Open d'Australie fin janvier, la faute à une blessure à la jambe droite.
Mais dès que la terre battue pointe le bout de son nez, il redevient la machine infernale qui écrase tout ou presque sur son passage depuis plus de dix ans. Pendant deux semaines, le Majorquin de 31 ans coule tous ses adversaires. Aucun, même l'Autrichien Dominic Thiem, considéré comme la menace No 1 sur sa surface de coeur, ou de sérieux clients comme le Bulgare Grigor Dimitrov (No 5), le renaissant Japonais Kei Nishikori ou encore l'espoir canadien Denis Shapovalov, ne surnage.
A un mois de Roland-Garros, le suspense semble éventé: Nadal est intouchable.
Puis le panorama se nuance, sous l'effet de l'appétit de deux des jeunes loups les plus attendus de la nouvelle génération.
A Madrid, Thiem, le dernier à avoir fait mordre la poussière à Nadal sur ocre, récidive. Comme à Rome en 2017, l'Autrichien de 24 ans le stoppe net en quarts de finale (7-5, 6-3).
Si la santé va...
Dans la capitale italienne la semaine suivante, c'est au tour du jeune Allemand Alexander Zverev (No 3 mondial à 21 ans) de le faire trembler en finale. Jusqu'à ce que la pluie s'en mêle, on se dirige tout droit vers un deuxième revers de l'Espagnol en deux semaines. Le soleil revenu, Nadal remet les pendules à l'heure et désarme Sacha (6-1, 1-6, 6-3).
Le Français Jo-Wilfried Tsonga, forfait sur blessure pour Roland-Garros où il a joué deux demi-finales (2013, 2015), voit en Zverev un outsider à Paris. « Il est au top et a quand même pris un set à Nadal alors qu'il n'y a pas beaucoup de joueurs qui lui résistent sur terre battue », justifie-t-il.
L'inconnue, c'est la capacité de Zverev comme de Thiem à maintenir un tel effort sur la longueur d'un match en trois sets gagnants. La saison dernière Porte d'Auteuil, l'Autrichien n'avait pas inquiété le maître des lieux en demi-finales
Pour Tsonga, Nadal reste le grandissime favori. « Il n'y a pas grand-chose à dire là-dessus tellement cela coule de source », résume-t-il.
Si son corps le laisse en paix, difficile d'imaginer Roland-Garros échapper à l'emprise du Majorquin. Les trois fois où c'est arrivé (2009, 2015, 2016), il était diminué ou en panne de confiance.
Ainsi, au fil des succès amassés sur terre battue depuis le mois dernier - une seule défaite en vingt matches en comptant la Coupe Davis - le No1 mondial se réjouissait surtout d'être libéré de ses pépins physiques.
« Ce qui me fait le plus plaisir, c'est d'être remis de ma blessure, a-t-il répété à Madrid. Ca me permet de me sentir fort et d'aller sur le court avec la confiance que je peux tenir dans des matches difficiles. C'est important pour moi, en particulier sur cette surface. »
Quelques semaines plus tôt en Principauté, il espérait "avoir la chance de rester en bonne condition physique pendant toute la saison sur terre battue".
S'il est exaucé, Nadal a toutes les chances de mordre pour la onzième fois les anses de la Coupe des Mousquetaires.