PARIS – Inconnu il y a encore deux semaines, Marco Cecchinato peut-il continuer de surprendre vendredi face à Dominic Thiem? L'Italien veut y croire et se dit prêt à signer « de (son) sang » pour décrocher une finale à Roland-Garros.

Son exploit face à Novak Djokovic, en quarts de finale, lui a valu d'innombrables coups de fil, des félicitations en pagaille et la Une des quotidiens sportifs dans son pays.

Son idole de jeunesse, le Russe Marat Safin, présent à Paris pour le tournoi des légendes, y est aussi allé de son compliment. Sans oublier le désormais ex-gardien de la Juventus, Gianluigi Buffon, champion du monde avec la « Nazionale » en 2006, sur Facebook.

« Personne n'y croyait avant. Maintenant, tout le monde parle de cet exploit. C'est l'essence même du sport de croire que rien n'est impossible. Continue comme ça, Marco. Continue d'écrire ton histoire et fait redresser la tête au sport italien. » Même à un supporter de l'AC Milan comme Cecchinato, ça doit faire plaisir...

Ce qui plairait encore davantage au Sicilien de 25 ans, c'est de réaliser un nouvel exploit face à Thiem, le seul joueur à avoir fait mordre la poussière au décuple vainqueur de Roland-Garros, Rafael Nadal, sur terre battue depuis 2017. Et ce, deux fois.

Rien n'est plus impossible à en croire le Palermitain. « Pourquoi pas? J'ai gagné mon dernier match face à Thiem. C'était en finale d'un tournoi Future. Je veux croire que je peux encore le battre. »

On lui pardonnera sa mémoire sélective. S'il a bien dominé l'Autrichien lors d'un tournoi de troisième division, à Modène (Italie) en 2013 (6-3, 6-4) sur ocre, il a ensuite perdu contre le no 8 mondial, en 2014, lors des qualifications du tournoi de Doha sur dur (1-6, 6-3, 6-2).

Thiem-Cecchinato, trajectoires opposées

Aujourd'hui, mettre fin à l'invincibilité de Thiem, qui reste sur neuf victoires consécutives en comptant son titre à Lyon, c'est un grand pari.

À 24 ans, le protégé de Günther Bresnik est présenté comme un futur vainqueur de Roland-Garros. Il y jouera une troisième demi-finale d'affilée vendredi. Cecchinato, lui, n'avait pas gagné un match en Grand Chelem avant la quinzaine.

Si l'Autrichien est habitué à briller sous les projecteurs, comme lors du Masters de Madrid (finaliste), son adversaire trimait encore sur le circuit ATP et à l'échelon inférieur avant les Internationaux de France. Il a notamment disputé cinq tournois Challenger (deuxième division) sur seize au total cette saison.

Son premier trophée sur le circuit principal, fin avril à Budapest, il le doit certes à sa persévérance et son talent, mais aussi et surtout à un repêchage pour pallier un forfait, après son échec en qualifications...

Kuerten comme source d'inspiration

Aujourd'hui le Sicilien, qui avait échappé en 2016 à une suspension de dix-huit mois dans une affaire de matchs truqués, vaut bien mieux que son classement actuel (72e mondial). Il intégrera d'ailleurs le top-30 lundi.

« Il joue son meilleur tennis. Il découvre peut-être seulement maintenant ce dont il est capable », estime Gustavo Kuerten, triple champion à Paris (1997, 2000, 2001). La première fois, le Brésilien n'était qu'un tout petit peu mieux classé que Cecchinato (66e). « J'ai eu de la chance que Nadal ne soit pas là en 1997 », souligne-t-il.

Si « Ceck » réussit son pari face à Thiem, il affrontera le champion espagnol ou l'Argentin Juan Martin Del Potro en finale.

« Le manque d'habitude des matchs importants, c'est ce qui peut peser. Mais il est très enthousiaste et n'est pas rassasié », poursuit « Guga ». L'Italien est même prêt à apporter encore du sang frais au tournoi parisien.