PARIS, France - C'est l'événement de l'édition 2019 de Roland-Garros: quatre ans après sa dernière participation, dix ans après son unique sacre, Roger Federer fait son grand retour sur la terre battue parisienne. Dès dimanche, sur le court Central évidemment.

Porte d'Auteuil, son dernier match en date remonte précisément au 2 juin 2015, quand il s'était incliné en quart de finale face au futur vainqueur, son compatriote Stan Wawrinka (6-4, 6-3, 7-6 (7/4)). 

L'année d'après, Federer avait joué deux tournois sur ocre mais son dos douloureux l'avait contraint à renoncer à Roland-Garros. Les deux suivantes, il avait délibérément évité l'ensemble de la saison sur terre pour se ménager en vue de Wimbledon.

Pour son retour, son premier adversaire est l'Italien Lorenzo Sonego, 73e joueur mondial mais à l'aise sur la surface. « Pas simple du tout », se méfie le Suisse aux vingt couronnes record en Grand Chelem.

Si Paris a retrouvé ses faveurs ces derniers mois – il a disputé Bercy pour la première fois depuis 2015 à l'automne dernier – c'est parce que, même à 37 ans passés, son corps l'y autorise.

En accord avec son corps

Quand il avait annoncé sa décision fin janvier, Federer l'avait d'abord justifiée par son « envie » de rejouer sur terre. Il avait ensuite avancé sa volonté de « rester dans le rythme plutôt que de faire un gros break » et la sensation que son corps était « suffisamment fort de nouveau pour encaisser les changements de surface ».

C'est sur cette plénitude physique qui fait la différence qu'il a encore insisté vendredi.

« Je suis très heureux d'être de retour ici, en bonne santé », souligne Federer, dont le forfait à Rome avant les quarts de finale il y a une dizaine de jours relevait du principe de « précaution ».

« Être bien physiquement résout tellement de problèmes, c'est un élément clé à ce stade de ma carrière », résume le Suisse, qui vit sa 22e saison de joueur professionnel.

Depuis l'été 2017, « c'est vrai que je n'ai pas eu à me poser trop souvent la question, mon corps me donnait toujours le feu vert et c'est un luxe à mon âge. C'était juste une question de programmation, et par rapport à ma famille », développe-t-il, ravi que ce corps de trentenaire ait « bien réagi sur une surface sur laquelle (il) n'avai(t) plus joué depuis des années ».

Avec quelles ambitions?

Gagner trois ou quatre matches le satisferait, répète-t-il.

Mais « le connaissant un peu, je peux vous dire que, même s'il a dit: "Si je gagne quelques matches, je serai content", il vient ici avec de grandes ambitions, il est trop fort pour se contenter de deux victoires et de sortir prématurément », estime le directeur du tournoi Guy Forget auprès de l'AFP.

« Il est encore no 3 mondial, il bouge aussi bien et vite qu'auparavant... S'il arrive à passer la première semaine sans laisser trop de plumes, je ne vois pas pourquoi il ne ferait pas un quart ou une demi-finale », pronostique-t-il.

« Je ne sais pas exactement à quoi m'attendre, c'est un peu l'inconnu »: Federer compare lui son état d'esprit à celui qui l'habitait aux Internationaux d'Australie en 2017, quand il avait fait son retour sur le circuit après une pause de six mois consécutive à une opération au genou gauche.

Pense-t-il être en mesure de s'imposer? « C'est un peu un point d'interrogation. J'ai la sensation de jouer du bon tennis, mais est-ce que c'est suffisant, surtout contre les tous meilleurs joueurs, quand ça devient vraiment important?, s'interroge-t-il. Je ne suis pas sûr que ça soit "dans ma raquette". Mais j'espère pouvoir me mettre dans cette position, loin dans le tournoi, contre les meilleurs. »

Un dernier Roland-Garros?

Avant un éventuel choc avec Rafael Nadal en demi-finales, sa première semaine est truffée de spécialistes de la terre battue, avec Sonego, puis potentiellement l'Italien Matteo Berrettini et l'Argentin Diego Schwartzman.

« Il y a une génération de jeunes qui va le voir peut-être pour la première fois et qui se dit: "Et si c'était la dernière? On veut absolument être là" », décrit Forget.

Federer lui-même ne sait pas de quoi demain sera fait : « Si vous allez me voir à Madrid l'année prochaine? Comme joueur, peut-être, comme touriste, peut-être, je n'en ai aucune idée », répondait-il début mai, interrogé sur ses plans pour la saison à venir.