Un match pour s'ouvrir les portes de l'histoire: en plus d'un nouvel épisode - le 58e - de la rivalité la plus prolifique de l'histoire du tennis, la demi-finale de Roland-Garros entre Rafael Nadal et Novak Djokovic vendredi vaut son pesant d'or dans la chasse aux records.

C'est LE duel que tout le monde attend depuis que le tirage au sort les a placés dans la même moitié de tableau. Et même si l'autre demi-finale, entre Stefanos Tsitsipas, No 5 mondial et homme en forme de la première partie de saison, et Alexander Zverev (No 6) ne manque pas d'allure, c'est bien le choc au sommet entre Nadal et Djokovic qui aimante tous les regards.

« C'était la demi-finale attendue, et on y est », appréciait Djokovic après sa qualification aux dépens de Matteo Berrettini (6-3, 6-2, 6-7 (5/7), 7-5) à presque minuit mercredi soir.

« A chaque fois qu'on s'affronte, il y a cette tension supplémentaire, ces attentes en plus. Les vibrations sont différentes quand j'entre sur le court avec lui », décrit le Serbe.

Derrière leur 58e duel, quel que soit le futur finaliste, les enjeux sont monumentaux.

En ligne de mire pour Nadal, un vertigineux 14e sacre à Roland-Garros - en 17 participations - et un 21e trophée record en Grand Chelem, un de mieux que Roger Federer.

« Confiance »

Pour Djokovic, devenir le premier joueur dans l'ère Open, et seulement le troisième de l'histoire (après Emerson et Laver), à s'adjuger au moins deux fois chacun des quatre trophées du Grand Chelem. Ce que ni Federer ni Nadal n'ont réussi. Et, dans le même temps, se rapprocher à une longueur du record de titres majeurs, avec un 19e.

Sur sa terre chérie, impossible de ne pas faire de l'Espagnol le favori.

Rafa à Roland-Garros, c'est 105 victoires pour seulement deux défaites (et un forfait) depuis 2005.

Si le bilan de leurs face-à-face est équilibré (29-28 pour Djokovic), la balance penche très nettement en faveur du Majorquin sur ocre, 19 victoires à sept, dont les cinq dernières. En Grand Chelem, dix à six. Et surtout, Porte d'Auteuil, sept à une, la dernière expéditive en finale l'automne dernier (6-0, 6-2, 7-5).

Mais Djokovic est précisément un des deux seuls joueurs à l'avoir battu sur la terre battue parisienne, en quarts de finale en 2015, comme il l'a rappelé mercredi soir.

« Robin Soderling l'a battu aussi (en huitièmes de finale en 2009, ndlr), mais c'est tout. Il n'y a pas beaucoup de joueurs qui ont gagné face à lui sur ce court », sourit le No 1 mondial, qui croit fermement en ses chances.

« La qualité et le niveau de mon tennis ces trois, quatre dernières semaines sur terre battue, à Rome (finale perdue contre Nadal), Belgrade (titre) et ici, me donnent de bonnes sensations avant ce match. J'ai confiance dans le fait que je peux gagner », lance-t-il.

« Meilleur niveau »

Pour Goran Ivanisevic, qui entraîne le Serbe avec le Slovaque Marian Vajda, que les deux géants s'entrechoquent dès les demi-finales est une bonne nouvelle.

« C'est peut-être une folie de dire ça, mais j'aimerais qu'ils soient dans la même partie de tableau. Novak performerait mieux, à mon avis, contre lui en demi-finales. Et Rafa mieux en finale, c'est psychologique », osait-il dans L'Equipe avant la quinzaine parisienne.

Nadal, lui, aurait bien attendu un tour de plus. « Déjà, ça voudrait dire que je suis en finale. Là, tu as Novak en demi-finales, qui est un adversaire extrêmement difficile, et si tu gagnes, tu sais que tu auras un autre adversaire extrêmement difficile en finale. C'est une histoire un peu plus compliquée », estime-t-il.

Qu'y a-t-il de mieux et de pire à l'heure de se mesurer à Djoko ?

« La meilleure chose, c'est que vous savez ce que vous devez faire pour avoir vraiment vos chances: il faut jouer votre meilleur tennis. Dans un sens, on s'entraîne, on fait du sport pour ces moments-là, répond l'Espagnol. Le côté négatif, c'est que c'est difficile parce que vous jouez contre un des meilleurs joueurs de l'histoire. »

Arrivé en quarts de finale sans perdre un set, il y a connu un sérieux moment de flottement (6-3, 4-6, 6-4, 6-0) face à Diego Schwartzman (10e).

« J'ai retrouvé mon calme et, au moment où j'en avais réellement besoin, j'ai joué peut-être à mon meilleur niveau depuis le début du tournoi. C'est une grande nouvelle. Ca me donne beaucoup de confiance », retient Nadal. Juste avant la grande explication, le timing est idéal.