Pari(s) déjà réussi pour Roger Federer : de retour à Roland-Garros pour la première fois depuis 2015, le champion suisse a rejoint les quarts de finale sans perdre le moindre set. Un scénario idéal.

« Je m'étais aussi préparé au pire des scénarios, perdre au premier tour en trois sets, donc je suis forcément ravi. C'est fabuleux de passer autant de temps à Paris, de me faire plaisir avec mon jeu », sourit Federer, victorieux 6-2, 6-3, 6-3 de l'Argentin Leonardo Mayer (68e) en un peu plus d'une heure et demie dimanche.

Mine de rien, le Suisse aux 20 couronnes record en Grand Chelem connaît ainsi son meilleur résultat en tournoi majeur depuis Wimbledon 2018, lui qui restait sur deux désillusions dès les huitièmes de finale aux Internationaux des États-Unis (contre Millman) et aux Internationaux d'Australie (contre Stefanos Tsitsipas).

À deux mois de fêter ses 38 ans, Federer devient le quart-de-finaliste le plus âgé à Roland-Garros depuis près d'un demi-siècle (1971 précisément). Il devient aussi le quart-de-finaliste le plus âgé en Grand Chelem depuis 28 ans (Connors au US Open 1991).

Pour son grand retour à Roland-Garros, Federer ne pouvait rêver d'une première partie de tournoi plus douce, aussi bien physiquement que mentalement.

En quatre matchs, il n'a pas laissé échapper le moindre set. Ça ne lui était plus arrivé depuis l'édition 2011. Au total, il n'a passé que 7 h 10 min sur la terre battue parisienne. Contre Mayer dimanche, malgré les rafales de vent qui déposaient de la terre battue jusqu'à mi-tribunes, il n'a pas concédé la moindre balle de bris. Et depuis le début de la quinzaine, il promène sa décontraction et sa bonne humeur d'entrevues d'après-match en conférences de presse.

Interrogé sur son état de forme, « je suis même très frais », a-t-il répondu. « Tout s'est très bien passé jusqu'à présent, mon niveau de jeu est bon, physiquement je n'ai pas de problème du tout, je peux vraiment être soulagé. »

C'est vrai aussi qu'il n'a encore affronté aucun joueur du top-50 (son adversaire le mieux classé, Ruud, était 63e). 

La pente va d'un coup devenir plus abrupte : pour une place dans le dernier carré, Federer affrontera son compatriote Stan Wawrinka, ex-no 3 mondial aujourd'hui 28e.

Wawrinka est le dernier en date à l'avoir battu à Roland-Garros, en 2015, déjà en quarts de finale.

« Il avait joué de manière fabuleuse avec son short terrible », se marre le Bâlois en référence au motif à carreaux porté par Wawrinka et largement moqué à l'époque.

Wawrinka gagne un marathon

Wawrinka est venu à bout du jeune Grec Stefanos Tsitsipas, no 6 mondial, en cinq sets 7-6 (6), 5-7, 6-4, 3-6, 8-6 après plus de cinq heures de combat en huitièmes de finale.

Longtemps, très longtemps, Tsitsipas et Wawrinka se sont rendus coup pour coup sous la chaleur inondant Paris. Au final, ils ont chacun frappé plus de 60 coups gagnants (62 pour Wawrinka contre 55 fautes directes, 61 pour Tsitsipas contre 48) dans un match d'une intensité folle.

Tsitsipas, qui faisait partie des principaux négligés pour le titre, ne s'est dans un premier temps pas laissé décourager par une balle de premier set envolée. Mais il a fini par payer cher les huit occasions de bris qu'il s'est procurées en vain dans la manche décisive.

« C'est incroyable, c'est pour vivre des émotions comme ça que je suis revenu de blessure », a réagi Wawrinka. 

Triple lauréat en Grand Chelem (Internationaux d'Australie 2014, Roland-Garros 2015 et Internationaux des États-Unis 2016), le joueur de 34 ans n'avait plus atteint la deuxième semaine en tournoi majeur depuis deux ans (Roland-Garros 2017) et sa double opération au genou gauche à l'été 2017.

Nadal également en quarts

Rafael Nadal, comme attendu, s'est qualifié pour les quarts de finale en battant l'Argentin Juan Ignacio Londero 6-2, 6-3, 6-3, sa 90e victoire sur la terre battue parisienne.

L'Espagnol n'a jusqu'ici connu qu'un seul accroc, lors de son match précédent avec la perte d'un set face au Belge David Goffin (23e). Cet écart de conduite a donc vite été effacé.

Face à l'Argentin, 73e joueur mondial, l'écart était bien trop grand pour que le suspense s'invite de toute façon dans ce match.

Sous un soleil de plomb, l'Espagnol, en quête cette année d'un 12e sacre historique Porte d'Auteuil, ne lui a pas laissé la moindre chance. Très vite dépassé par les coups du Majorquin, l'Argentin, pour son tout premier tournoi du Grand Chelem, et pourtant assez habile sur terre battue, n'est parvenu que par intermittence à bousculer l'Espagnol. Comme sur la fin du 3e set où, mené 4-1, il a empoché deux jeux de suite en lâchant tous ses coups.

Mais le roi n'a pas vraiment vacillé. Et a conclu sans trembler. Si Roger Federer, Novak Djokovic et Gaël Monfils sont les seuls jusqu'ici à n'avoir cédé aucun set, le no 2 mondial n'en reste pas moins très impressionnant depuis le début de la quinzaine.

« Rafa » affrontera au prochain tour le Japonais Kei Nishikori ou le Français Benoît Paire. Nishikori mène 6-2, 6-7 (8) et 6-2, mais la noirceur a reporté la suite des hostilités à lundi.