Je vous racontais lors de mon dernier blogue que la prochaine étape pour Félix Auger-Aliassime, c'était de se retrouver parmi les 100 meilleurs pour avoir sa place dans les grands tableaux Grand Chelem. En une semaine, le moins que l'on puisse dire c'est que l'adolescent de 18 ans y va d'une poussée phénoménale alors qu'il se retrouvera 59e mondial dès lundi, WOW!!!!

Félix connaît cette semaine des performances exceptionnelles face à Fabio Fognini (à la porte du top-10), Christian Garin (un champion Grand Chelem à Roland Garros chez les juniors en 2013 qui l'avait battu la semaine dernière), Jaume Munar (66e au monde qui s'entraîne à l'académie de Rafael Nadal qui est son mentor) et Pablo Cuevas (un des meilleurs au monde sur terre). Aujourd'hui en finale, c'est bizarre à dire parce que le Québécois est si jeune mais c'est lui le favori face à Laslo Djere même si le Serbe est 90e sur l'échiquier mondial, donc mieux classé que Félix. 

En disant qu'il est favori, je me base sur la qualité et la profondeur de son tennis cette semaine. Il est épatant pour mener le jeu face à Fognini et dans son match face à Cuevas, il y a tellement de moments chauds que Félix a su aller chercher grâce à la qualité de cette fabuleuse combinaison service et coup droit d'attaque. Le genre de match qui nous garde sur le qui-vive jusqu'à la toute fin et qui prouve que le Canadien sera tel qu'annoncé un jour membre du top-10. 

Depuis l'âge de 14 ans, Aliassime écrit l'histoire sur le circuit des pros. D'abord, le plus jeune à gagner un match chez les grands, puis à gagner un Challenger et tout cela toujours en compagnie des meilleurs. D'ailleurs le plus jeune à avoir remporté un tournoi de la série 500, c'est Alexander Zverev qui triomphe à Washington en 2017 à 20 ans. Pas évident non plus de porter l'espoir d'un peuple tout entier aujourd'hui, alors forcément le jeune est crispé pour ce match ultime à Rio. 

En finale aujourd'hui Félix sert mal et cela finit par le couler. Quatre fois il est brisé à la première manche perdue 6-3. C'est vraiment dommage parce que sans cette arme, tout le reste de son jeu est affecté. En fond de terrain il était aussi très tendu et incapable de faire parler sa puissance. En fait, tout son jeu manquait de rythme à la manche initiale.

Même si Félix se reprend avec fierté dès le début du 2e set, les doutes au service réapparaissent alors qu'il mène par un bris à 3-2 avec un beau 40-0. Mais plutôt que de mener 4-2, il commet deux doubles fautes de suite pour finalement perdre son service et relancer Djere. Aliassime se bat au meilleur de ses capacités mais perdra le 2e set 7-5. Bravo à Djere qui a franchement bien retourné et qui a fait douter Félix.

Petite note en passant : à 23 ans, Laslo Djere passe de la 90e à la 37e place au monde. Je vous rappelle que c'est lui qui a sorti la première tête de série du tableau Dominic Thiem et que ce titre est pleinement mérité. En plus, il nous en a fait connaître un peu plus sur sa vie en conférence de presse cette semaine. Ce jeune homme a perdu ses deux parents au cancer, son papa, tout récemment en décembre dernier. Je vous rappelle que la génération des ses parents a tellement souffert durant la guerre dans l'ancienne Yougoslavie. Encore un autre exemple que le stress extrême tue. Je me réjouis donc pour Laslo, qui est assez fort mentalement pour surmonter ses pépins physiques aujourd'hui. Quelle joie immense ce titre doit lui procurer et comme il doit être submergé par les souvenirs de papa et maman qui ont sûrement beaucoup fait pour lui chez les juniors.

Félix pour sa part n'a pas réussi à aller jusqu'au bout de son mandat mais comme il peut être fier quand même de sa semaine. Il prend une autre dimension totalement aux yeux du monde du tennis. En passant du rêve à la réalité, il avance de 45 places au classement pour se retrouver à la 59e place mondiale. Tout cela en une semaine!!! Ce qui est fort important aussi, c'est toute l'expérience qu'il est allé chercher à Rio. 

Une autre preuve que le circuit aujourd'hui est pour hommes et femmes forts seulement. Après toute cette débauche d'énergie à Rio de Janeiro et les déceptions vécues aujourd'hui, Félix Auger-Aliassime n'a pas le droit de pleurer trop longtemps sur le lait renversé ou même de prolonger le bonheur que lui apporte sûrement ses victoires sur Fognini et Cuevas. Non, non. Il faut rester fort et concentré pour enchaîner à Sao Paolo. Un certain Pablo Cuevas l'attend de pied ferme dès le premier tour. Dure, dure, cette vie de globetrotteur tout étoile...

Auger-Aliassime s'avoue finalement vaincu