Wow, wow, wow! Mais quelle performance extraordinaire de la part de Denis Shapovalov en ronde des 16 de la Coupe Rogers pour battre nul autre que son idole d'enfance, Rafael Nadal, dans un match d'une intensité complètement folle!

Dès le départ, on réalise bien que notre ado de 18 ans n'est pas trop nerveux. Impressionnant jusqu'à 3-3, puisqu'il se permet de mener le jeu à plusieurs reprises. Il connait malheureusement une mauvaise séquence, un petit creux de vague et à ce niveau-là, c'est souvent fatal. Nadal profite de tout pour lui arracher le set 6-3. Rien de trop grave cependant, juste un petit mélange de manque d'expérience et de précipitation sur certains de ses choix de jeu.

Plutôt que de pleurer sur le lait renversé, Shapovalov en profite pour retrouver son tennis d'attaque au début de la deuxième manche. Comme il l'a fait devant Rogerio Dutra Silva et Juan Martin del Potro, rien ne l'atteint. Tout ce qui se passe sur le terrain est un prétexte pour redoubler d'ardeur, pour trouver des solutions afin d'exceller. Ne vous fiez surtout pas à sa démarche parfois nonchalante ou à certains mouvements qui peuvent peut-être le faire paraître désarticulé puisque ce kid possède un jeu de jambes digne d'un top-10. Et le jeu de jambes au tennis, c'est le moteur de tout bolide!

Jusqu'à 4-1 pour lui et point de partie pour mener 5-1 au deuxième set, notre Canadien est dominant à bien des points de vue. Nadal ne sait plus comment l'embêter et surtout le déborder. Alors le Majorquin fait ce qu'il sait faire de mieux en se battant avec encore plus d'intensité, en variant les trajectoires et c'est ainsi qu'il recolle à 4-4. Là où Shapovalov m'impressionne le plus, c'est lorsqu'il sert à 4-4 et tire de l'arrière 0-30, mais enchaîne avec quatre coups fulgurants de suite. La foule jubile et hurle de joie à chaque beau coup du jeune en plus d'applaudir à tout rompre chaque erreur de l'Espagnol. Sacrée ambiance, surtout lorsque Denis amène Nadal à la faute pour égaler à une manche de chaque côté.

Le troisième set est tout aussi palpitant et intense que les deux autres. Je me demande si Shapovalov trouvera l'énergie nécessaire pour tenir tête au taureau de Manacor. La troisième partie à 1-1 est interminable, mais le jeune continue de provoquer l'hystérie dans la foule parce qu'il joue comme un champion en laissant aller ses coups, en se faisant confiance, en prenant des risques et surtout en jouant la balle, oubliant le temps d'un match le palmarès hallucinant de Nadal. Avouez que ce n'est pas donné à tout le monde d'être en mesure d'agir de la sorte dans ce genre de circonstances. Comme il est courageux!

Que dire maintenant de ce bris d'égalité au troisième set! Notre Canadien tire de l'arrière 3-0 et mènera pour une première fois seulement à 5-4. La foule retient son souffle alors que Denis Shapovalov tient tête au grand champion et l'amène même à craquer sous la pression. C'est de la folie! Mais qui aurait cru qu'il portait en lui cet immense trésor?

Je dois vous avouer que je n'ai jamais vécu un moment aussi fort aux abords d'un terrain de tennis. De nombreuses fois, j'avais la chair de poule de la tête aux pieds. On a eu droit à un grand exploit, tous sports confondus, dans une ambiance complètement folle et tellement unique! Cela m'amène à cette réflexion : le Québec est garni d'un peuple tellement particulier, talentueux, fort et passionné. Si nous décidions un peu plus souvent de tous tirer dans la même direction comme on l'a fait pour Denis Shapovalov, imaginez tout ce que nous pourrions accomplir...