À tout seigneur tout honneur : Milos Raonic prouve une fois de plus après des performances exceptionnelles à Indian Wells qu'il est bien prêt à reconquérir sa place au sommet de la hiérarchie. Mordant comme c'est pas possible à Miami face à Jérémy Chardy, combattif à l'extrême pour se débarrasser « du moustique qui pique » Diego Schwartzman et à quelques poussières de triompher devant l'homme de l'heure Juan Martin del Potro, voilà des performances qui nous rappellent le gladiateur hissé au 3e rang mondial fin 2016.

Dommage tout de même que Milos ne saississe pas ses chances face à del Potro après un premier set mené de main de maître. Le grand argentin agonise en début de deuxième manche et sert à peine entre 105 et 115 mi/h. Il fallait donc bien retourner pour le pilonner, le promener gauche droite avec intensité, le faire souffrir encore plus quoi! Malheureusement, notre Canadien choisit un bien mauvais moment pour connaître une panne en retours. Dommage, car Raonic est le seul à s'offrir balle de bris à 3-2. 

Milos bataille quand même comme un forcené sans arriver assez souvent à désarçonner l'adversaire. Et puis, Juan Martin, transformé en homme de théâtre (c'est le coach de Milos, Goran Ivanisevic qui l'a dit) a bien rigolé puisqu'il a manipulé la foule aussi bien que Terry Fator ses marionnettes à Las Vegas. Il faut aussi se rendre à l'évidence : Milos a très mal servi lors des deux bris d'égalité... Pour ma part, j'ai déjà hâte de le voir retrouver un peu plus de rapidité et de constance dans toutes les situations. Avis aux intéressés : le « tranformer » est de retour...

Denis Shapovalov a pris du coffre fin 2017 en s'arrachant à l'entraînement et cela lui permet d'avoir une telle qualité d'accélérations qu'il est une terreur pour les meilleurs. Malheureusement, le service est encore un peu en chantier alors que le plan à moyen et long terme c'est qu'il soit aussi performant en premières qu'en deuxièmes balles. Si cet aspect du jeu prend forme, le gaucher n'aura aucune limite, aucune, je vous dis...

Il n'a que 18 ans et déjà il doit se comporter comme un vétéran pour rester calme et combatif afin de garder sa place au classement et même continuer d'avancer. Pas facile et par moments, sa nervosité lui joue des tours. Perdre une avance de 5-1 au troisième set face à Viktor Troicki et devoir sauver une balle de match au bris d'égalité n'était rien pour le rassurer. Mais il est tellement combatif qu'il gagne.

Après un premier set où il est extrêmement dominant face à la 24e tête de série Damir Dzumhur, par trois fois il a besoin de mener par un bris pour sceller le débat. Encore et encore son niveau de compétition est si haut, mais la constance ne suit pas toujours ses instincts. Pas grave, ça viendra éventuellement.

Face à Sam Querrey, qui est un dur de dur, un vétéran à l'immense service et coup droit de feu, Denis m'impressionne parce qu'il arrive à gagner avec seulement 43 % de premières balles, ce qui nous en dit long sur la qualité du reste de son jeu! Louis Borfiga, en charge de l'élite à Tennis Canada se dit également tellement impressionné par ce compétiteur né! Pourtant, Luigi en a vu d'autres!

Au delà du niveau de compétition, le service doit être une arme dans le tennis sur-puissant d'aujourd'hui. D'un coup de griffes, on reprend le haut du pavé, on se bombe le torse, on se donne des airs de supériorité, de gagnant, de force. De survivant, on devient plutôt dominant. C'est tout ce qui a manqué à Denis pour passer le test face à Borna Coric. Le pire s'étala à la toute fin à 4-5 au troisième set alors qu'il commet trois doubles fautes, ouch... Mais regardons l'élément positif de son séjour à Miami : ce qu'il est formidable Denis Shapovalov pour se battre ainsi face aux meilleurs sans son arme principale. Ne vous en faites pas cependant, ça fait très mal sur le coup, mais ça viendra oh oui, ça viendra...

Je ne peux  passer sous silence le réveil de Vasek Pospisil à Miami. Quel bonheur de le voir être au taquet face à l'immense serveur Ivo Karlovic, si bon en jeu de jambes pour vaincre face au coriace 27e favori Andrey Rublev et aussi si compétitif face à la 2e tête de série Marin Cilic. Quelques petits riens font la différence face au champion des Internationaux des États-Unis. Juste un petit peu plus l'habitude et discipline pour pouvoir enchaîner les durs points en rafale. Espérons que ces grandes performances en Floride vont le propulser vers l'avant une fois pour toutes.

Alors que se pointe à l'horizon la saison sur terre battue monsieur Borfiga sait bien que Félix Auger-Aliassime excellera sur cette surface si compliquée à maîtriser pour certains, mais adorée par Félix le chat... À suivre donc...