Après le manque de public et d'ambiance, après les horaires tardifs des rencontres, une nouvelle polémique a assombri mercredi la première édition de la Coupe Davis nouvelle formule à Madrid : l'abandon du double canadien, la veille face aux États-Unis, qui fausse l'équité de la compétition.

« Ça ne me plaît pas, ça ne devrait pas être autorisé (...) Tout le monde devrait être obligé de jouer », a tranché Novak Djokovic.

Le Canada, vainqueur de son premier match contre l'Italie lundi, s'est assuré la première place du groupe F et donc la qualification pour les quarts de finale en remportant mardi les deux simples contre les États-Unis. Dans la foulée, les Canadiens ont déclaré forfait pour le double face aux Américains, qui se serait joué dans la nuit de mardi à mercredi, leur octroyant de fait une victoire sur tapis vert 6-0, 6-0.

Aucune autre pénalité n'est applicable « car un médecin indépendant a constaté que trois des quatre joueurs canadiens étaient inaptes à jouer le double », a affirmé un responsable de la Fédération internationale (ITF) à l'AFP.

Précisant ne pas savoir pourquoi le Canada avait pris cette décision mais soulignant que « chaque équipe avait le droit de faire ce qu'elle voulait », l'Argentin Diego Schwartzman a estimé que le Canada « aurait dû recevoir une amende exemplaire afin qu'aucune autre équipe n'ait l'idée de faire pareil » en raison de l'impact que cet abandon peut avoir sur la compétition.

Le capitaine canadien Frank Dancevic a sélectionné quatre joueurs au lieu des cinq autorisés : Denis Shapovalov, Félix Auger-Aliassime, Brayden Schnur et Vasek Pospisil. Mais la qualification a été obtenue à deux : seuls Shapovalov et Pospisil ont joué, en simple comme en double. Ils ont remporté leurs quatre simples et se sont inclinés en double contre l'Italie, avant de déclarer forfait face aux Etats-Unis.

De l'importance du double

Sauf que la nouvelle formule de la Coupe Davis donne au double une importance qui peut s'avérer prépondérante pour la qualification pour les quarts.

Depuis cette année en effet, 18 équipes jouent sur une semaine la phase finale à Madrid. Elles sont séparées en six groupes de trois : le premier de chacun des groupes ainsi que les deux meilleurs deuxièmes, départagés au nombre de parties, puis de sets et de jeux gagnés, se qualifient pour les quarts.

Si bien que les États-Unis, qui jouaient mercredi soir contre l'Italie, ne peuvent certes plus espérer que la deuxième place du groupe F derrière le Canada, « mais avec cette victoire 6-0, 6-0 ça pourrait faire une grande différence dans le calcul du meilleur 2e des groupes », a souligné Djokovic.

« Je comprends que le Canada était qualifié après avoir gagné ses deux matchs. Peut-être que des joueurs, comme Félix Auger-Aliassime, étaient blessés, peut-être qu'ils ont voulu récupérer en vue des quarts et de la suite, mais je trouve que ce n'est pas juste », a poursuivi le Serbe.

Un avis complètement partagé par Andy Murray pour qui cet abandon « n'est pas une bonne chose ».

« Pour du beurre »

« Je trouvais que l'un des aspects positifs de la façon dont avait été organisée la phase de groupes était qu'il n'y avait pas de rencontre pour du beurre. Donc, ce que les Canadiens ont pu considérer comme un match pour du beurre pour eux, peut avoir de grosses conséquences sur toutes les équipes qui termineront deuxièmes de leur groupe », a détaillé le Britannique qui pourrait se retrouver dans cette position avec ses coéquipiers dans le groupe E.

« En plus, ils auraient de toutes façons eu deux jours de repos par la suite, donc je pense qu'ils auraient dû jouer le double », a-t-il ajouté.

Le Canada jouera jeudi son quart contre la Belgique ou l'Australie qui se disputent la première place du groupe D.

Djokovic a toutefois voulu souligner la difficulté dans laquelle se sont retrouvés les organisateurs à la suite de l'abandon du double canadien.

« Il n'aurait pas été juste non plus de ne pas donner le point de la victoire aux États-Unis qui, eux, étaient prêts à jouer le double », a-t-il relevé.

Un argument certes valable mais qui, si les États-Unis devaient terminer parmi les deux meilleurs deuxièmes des groupes et donc se qualifier pour les quarts de finale, risque de ne pas être audible par l'équipe ainsi lésée.