La situation de Peng Shuai inquiète toujours la WTA
WTA samedi, 27 nov. 2021. 06:33 samedi, 27 nov. 2021. 04:58PARIS – Une semaine après la réapparition publique de Peng Shuai, la WTA, qui dirige le circuit féminin de tennis, était toujours samedi « profondément inquiète » quant à la liberté dont jouissait réellement la joueuse chinoise ayant accusé d'abus sexuels un ancien haut-dirigeant de son pays.
Le président de la WTA Steve Simon « demeure profondément inquiet concernant la liberté de Peng vis à vis de toute censure ou coercition et a décidé de ne pas reprendre contact avec elle via email tant qu'il ne serait pas certains que ses réponses seraient personnelles et non celles de ses censeurs », a déclaré à l'AFP une porte-parole de l'instance.
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« Steve Simon a contacté Peng Shuai via différents canaux de communication. Il lui a envoyé deux courriels, mais il était clair que ses réponses étaient influencées par d'autres », a expliqué la porte-parole.
Elle n'a en revanche pas souhaité revenir sur une information de la BBC s'appuyant sur les déclarations d'un « ami » de la joueuse et selon lesquelles elle aurait envoyé un courriel à Steve Simon, le remerciant de son inquiétude, mais lui demandant de ne pas intervenir afin de la laisser « tranquille ».
Censure
La joueuse de 35 ans avait disparu quelques jours en novembre, après avoir publié sur le réseau social chinois Weibo un long message sur sa relation avec l'ex-vice Premier ministre Zhang Gaoli, de 40 ans son aîné et retraité depuis.
Dans ce texte, rapidement censuré sur l'Internet chinois, elle racontait notamment comment il l'avait forcée à une relation sexuelle il y a trois ans avant d'en faire sa maîtresse.
Malgré la censure, le message avait été rendu public dans le monde entier, provoquant une série de réactions sous le mot d'ordre #WhereIsPengShuai (où est Peng Shuai).
De nombreux grands noms du tennis, de Chris Evert à Novak Djokovic en passant par les instances dirigeantes de la WTA et de son homologue masculine ATP ont réclamé des explications à la Chine. Au-delà du monde sportif, le monde politique s'en est également mêlé avec des demandes d'éclaircissements adressées à Pékin notamment par la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, ou encore l'ONU.
Peng Shuai est finalement réapparue en public la fin de semaine dernière dans un restaurant à Pékin et lors d'un tournoi de tennis organisé dans la capitale chinoise, selon des vidéos publiées par des médias officiels.
« Preuves vérifiables »
Dimanche dernier, elle a aussi dialogué par visioconférence avec le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach.
Selon le CIO, Peng Shuai a expliqué qu'elle était « saine et sauve à son domicile à Pékin mais qu'elle aimerait que sa vie privée soit respectée ».
Toutefois, le caractère purement officiel et policé de ses déclarations tout comme de ses apparitions – la membre chinoise du Comité olympique Li Lingwei a participé à la visioconférence avec Thomas Bach – n'ont pas suffi a rassurer et le mouvement de soutien s'est poursuivi.
Mardi, Pékin a enfin réagi officiellement, fait exceptionnel, alors que le ministère chinois des Affaires étrangères se refusait en général à tout commentaire sur cette affaire, affirmant qu'elle ne relevait pas de la sphère diplomatique.
Mais au lieu de donner des nouvelles de Peng Shuai, le porte-parole de la diplomatie chinoise Zhao Lijian a appelé à « cesser de délibérément monter en épingle cette question à des fins hostiles, et surtout d'en faire une question politique ».
Alors le lendemain, c'est l'Union européenne qui a demandé aux autorités chinoises des « preuves vérifiables » de la liberté de mouvement de la joueuse et une enquête « transparente » sur les allégations d'abus sexuel.
En l'absence de réponses satisfaisantes, la WTA continue donc de se demander où est Peng Shuai et comment va-t-elle...