Peng Shuai : « inquiète », la WTA doute des informations officielles chinoises
WTA mercredi, 17 nov. 2021. 16:53 jeudi, 18 nov. 2021. 02:04PARIS – Un courriel attribué à la championne de tennis chinoise Peng Shuai augmentait l'inquiétude jeudi sur le sort de la joueuse, qui a accusé début novembre un ancien haut responsable du régime de l'avoir contrainte à un rapport sexuel.
Le patron de la WTA, qui gère le circuit professionnel féminin de tennis, a dit douter des informations officielles provenant de Chine sur la championne.
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« Le communiqué publié aujourd'hui par les médias officiels chinois concernant Peng Shuai ne fait qu'augmenter mon inquiétude quant à sa sécurité et sa localisation », écrit Steve Simon dans un communiqué publié mercredi soir.
« J'ai du mal à croire que Peng Shuai ait effectivement écrit le courriel que nous avons reçu et qu'elle puisse penser les mots qui lui sont attribués », ajoute-t-il.
La chaîne chinoise CGTN, destinée au public international, a dévoilé mercredi soir sur Twitter la capture d'écran d'un courriel attribué à Peng Shuai, que la joueuse chinoise aurait envoyé à la WTA, sans que l'authenticité du message puisse être confirmée.
Les propos tenus en anglais dans ce message à l'origine suspecte vont à l'encontre des déclarations de Peng Shuai, qui avait accusé un ancien vice-premier ministre de l'avoir contrainte à un rapport sexuel il y a trois ans.
« Les informations, notamment concernant l'accusation d'agression sexuelle, sont fausses », affirmerait la joueuse dans ce message. « Je ne suis ni disparue ni en danger. J'étais juste au repos chez moi, tout va bien. Merci encore d'avoir pris de mes nouvelles. »
Aveux forcés
La joueuse américaine Jessica Pegula a tweeté jeudi qu'elle espérait que la WTA « continue à montrer ce que nous défendons en tant que joueuses ». « J'espère que davantage de personnes, et pas seulement des joueurs de tennis, feront la lumière sur cette situation profondément préoccupante », a-t-elle écrit.
I hope @WTA continues to show what we stand for as players. We are extremely lucky to be able to do what we do but I hope more people, not just tennis players, shed some light on this deeply concerning situation 🙏 https://t.co/B9TEoeoJ2Y
— Jessie Pegula (@JLPegula) November 17, 2021
Le contenu du message de la Chinoise a en effet soulevé des doutes quant à son authenticité : des utilisateurs de Twitter ont relevé qu'un curseur était visible sur le message diffusé par CGTN, un phénomène étrange pour une capture d'écran.
Par le passé, le régime communiste a été accusé de diffuser des aveux forcés de suspects sur les médias publics. La même chaîne CGTN s'est vue retirer sa licence au Royaume-Uni en début d'année pour avoir diffusé des « aveux » attribués à un citoyen britannique arrêté en Chine.
« Les dernières déclarations de Peng Shuai, publiées par un média public, ne doivent pas être prises pour argent comptant », a déclaré William Nee, de l'association Défenseurs des droits de l'Homme en Chine.
« Le gouvernement chinois a une longue expérience consistant à détenir arbitrairement des gens impliqués dans des affaires controversées, à les empêcher de parler librement et à les contraindre à des déclarations publiques », a-t-il estimé dans un communiqué.
« Incroyable courage »
Le chef de l'organisation internationale du tennis féminin a observé que Peng Shuai avait « fait preuve d'un incroyable courage en décrivant des violences sexuelles dont elle dit avoir été victime de la part d'un ancien haut dirigeant chinois ». Il réclame par ailleurs une « preuve indépendante et vérifiable » que la joueuse est en sécurité.
« J'ai tenté à plusieurs reprises de la joindre par différents moyens de communication, en vain », souligne-t-il, en réclamant que Peng Shuai « soit autorisée à s'exprimer librement, sans coercition ni intimidation d'aucune sorte ».
L'ancienne no 1 mondiale en double, âgée de 35 ans, a accusé sur les réseaux sociaux l'ancien vice-premier ministre Zhang Gaoli, qui a été de 2013 à 2018 l'un des sept hommes politiques les plus puissants de Chine, de l'avoir contrainte à une relation sexuelle avant d'en faire sa maîtresse.
Cette accusation avait été brièvement postée le 2 novembre sur le compte officiel Weibo (un équivalent chinois de Twitter) de la joueuse. La Chine avait très vite bloqué toute référence à ce message, dont l'AFP n'a pas été en mesure de confirmer s'il avait bien été écrit par elle.
Depuis, la joueuse n'a pas communiqué ou fait d'apparition publique et Zhang Gaoli n'a jamais réagi publiquement à ces accusations.
Interrogés à plusieurs reprises, les porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères ont dit tout ignorer de cette affaire et se sont refusé à tout commentaire en arguant qu'il ne s'agissait pas d'un dossier diplomatique.