Naomi Osaka a remporté les Internationaux des États-Unis, samedi, mais cette victoire n’est sûrement pas aussi teintée de satisfaction qu’elle l’aurait souhaité.

Osaka a triomphé 6-2, 6-4 contre Serena Williams en route vers son premier titre Grand Chelem, à l'âge de 20 ans, mais le match s’est conclu dans la frustration du côté de l’Américaine, qui a hérité de plusieurs points de pénalité et causé sa propre perte dans le deuxième set qui s’est avéré décisif.

Serena Williams avait déjà obtenu un avertissement de l’arbitre au deuxième set parce qu’il a estimé qu’elle avait sollicité les conseils de son entraîneur pendant la partie alors que ce n’est pas permis.

Plus tard, sous le coup de l’émotion après avoir été brisée pour tirer de l'arrière 4-1, elle a lancé sa raquette au sol, après quoi elle a dû amorcé le point suivant en retard 0-15 en raison d’une pénalité pour son comportement inadéquat en rapport au code de conduite.

À 4-3 pour Osaka, entre deux jeux, Williams s’en est prise à l’arbitre avec agressivité, assurant qu’elle n’était pas une tricheuse, qu’elle ne méritait pas de pénalité et qu’elle méritait même des excuses de la part de l’officiel.

« Tu me dois des excuses, de dire Williams. Dis-moi que tu es désolé. Comment oses-tu prétendre que j’ai triché. Vous attaquez ma personne. Vous n'arbitrerez plus jamais un de mes matchs. Tu m’as volé un point, tu es un voleur. »

Ce dernier, longtemps patient, a finalement imposé une autre pénalité, celle-là d’un point complet qui portait la marque automatiquement à 5-3 pour Osaka, 19e joueuse mondiale.

Serena a même demandé à parler aux superviseurs du tournoi pour exprimer son mécontentement et son sentiment d'injustice, ce qui n'a ultimement rien changé à l'issue de la rencontre.

« Ce n’est pas correct, a-t-elle indiqué aux officiels une fois arrivés sur le terrain pour tenter de régler le conflit. Ça m’arrive trop souvent. Perdre un point pour ce que j’ai dit, ce n’est pas juste. Combien d’hommes ont dit des choses bien pires ou fait des choses bien pires sans jamais être pénalisés? Ce n’est pas croyable. »

Après des huées de la foule, le jeu a repris et Serena a gagné son service, sauf que la Japonaise a aussitôt fermé les livres dès qu’elle l’a pu le jeu suivant.

Au moment de la remise des prix, la finaliste perdante a été la première à s’adresser à la foule, qui l’a tout de même chaudement ovationnée.

« Elle a bien joué, c’est son premier Grand Chelem, a-t-elle d’abord déclaré, encore à fleur de peau. Je sais que vous étiez derrière moi et j’espérais aussi gagner, mais il faut rester positifs. On va surmonter ça. Il faut donner du crédit à Naomi, c’est mérité.

« J’espère revenir jouer ici, quoique, on verra… a-t-elle ajouté, avec un rire forcé. Ç’a été une année difficile pour moi mais je vous remercie. »

Osaka a ensuite pris la parole dans des circonstances inhabituelles et avec beaucoup de retenue pour une jeune championne qui aurait pourtant eu toutes les raisons de sourire.

« Je sais que tout le monde était de son côté et je suis désolée que ça se termine ainsi, a débuté Osaka. Je veux juste dire merci d’avoir regardé le match. Ça a toujours été mon rêve de jouer contre Serena en finale du US Open et je suis reconnaissante d’avoir pu le faire. »

L'entraîneur de Serena réagit

L'entraîneur de Serena Williams, Patrick Moratoglou, a réagi aux évènements au micro d'Eurosport.

« Il y a 1000 choses à dire. Est-ce que j'ai coaché? Oui, j'ai coaché. J'ai fait des gestes. Je l'ai coachée, mais elle ne m'a pas vu. C'est pour ça qu'elle n'a pas compris quand elle a reçu le premier avertissement. L'arbitre l'a vu, je prends un avertissement. Pourquoi pas, c'est la règle. Pour information, je n'ai jamais pris un avertissement pour coaching de ma vie. Deuxième élément, 100 % des entraîneurs coachent sur 100 % des matchs toute l'année, et tout le monde le sait. Quand un arbitre a un minimum de savoir-vivre, surtout dans une finale de Grand Chelem, il ne fait pas ce qu'il a à faire. Dans 100 % des cas que j'ai vus, on prévient d'abord la joueuse. Il ne l'a pas fait non plus. Deux choses super choquantes pour moi. (Après avoir cassé sa raquette) Serena n'y a pas pensé (au deuxième avertissement). Elle est dans le feu de l'action, elle vit sa finale, elle n'est pas bien. On a parfois besoin d'exploser pour rebondir. Un arbitre est censé avoir un peu de finesse, de psychologie. On voit toute l'année ce type de situations se produire, avec des réactions systématiquement opposées des arbitres. (L'arbitre Carlos Ramos) a quand même arbitré beaucoup de finales de Nadal, Toni Nadal coache sur 100 % des points et il ne s'en cache même pas! Il n'a jamais pris d'avertissements! C'est extrêmement choquant. J'ai l'impression qu'il y a deux poids, deux mesures. S'il avait prévenu Serena, il n'y aurait pas un d'incident invraisemblable inutile. C'est très regrettable. C'est la deuxième fois que les arbitres essaient de voler la vedette au US Open. Je trouve ça choquant. »

Murray et Mattek-Sands couronnés en double

D'autre part, Jamie Murray a remporté un deuxième titre de double mixte à New York, après avoir uni ses efforts à ceux de Bethanie Mattek-Sands pour venir à bout d'Alicja Rosolska et Nikola Mektic 2-6, 6-3, 11-9.

Murray a triomphé l'an dernier avec Martina Hingis, et cette dernière était présente samedi pour encourager l'équipe de double au stade Arthur Ashe. Murray est devenu le premier joueur de tennis à gagner deux titres de double mixte consécutifs à Flushing Meadows depuis Bob Ryan en 2003 et 2004.

Serena dénonce un double standard
Serena perd son calme
Serena emportée par les émotions
Osaka couronnée, Serena irritée
Osaka garde son calme et gagne le titre