Roger Federer a parlé, ses collègues ont approuvé, le tennis peut avancer : le Suisse a appelé les instances dirigeantes des circuits masculin (ATP) et féminin (WTA) à s'unir en une seule organisation pour sortir plus fort de la crise liée au coronavirus.

« Je me demandais... suis-je le seul à penser que le moment est venu pour les tennis masculin et féminin d'être réunis pour ne plus former qu'un? », a questionné le joueur aux 20 titres du Grand Chelem mercredi sur son compte Twitter.

Malgré sa formulation interrogative, difficile de croire que Federer, qui a rejoint Novak Djokovic au conseil des joueurs de l'ATP l'été dernier avec Rafael Nadal, ait ainsi lancé à ses 12,7 millions de fans sur les réseaux sociaux une idée qui lui serait venue au sortir d'une sieste...

Le soutien apporté par Nadal dans sa forme et sa rapidité plaide d'ailleurs en faveur d'une proposition au contraire très concertée: « Comme tu le sais d'après nos discussions, je suis tout à fait d'accord sur le fait qu'il serait excellent de sortir de cette crise mondiale avec la réunion des tennis masculin et féminin en une seule organisation », a tweeté l'Espagnol.

Dans la foulée, plusieurs joueurs et joueuses ont apporté leur soutien appuyé, dont Simona Halep, Petra Kvitova, Garbine Muguruza ou Vasek Pospisil, également membre du Conseil des joueurs de l'ATP.

« Plan B »

Alors profitant du chaos créé par la pandémie de Covid-19, le « Big 3 » qui domine le tennis mondial, formé par Federer, Djokovic et Nadal, serait-il en train d'initier une révolution que l'ex-no 1 mondiale Billie Jean King, grande avocate du tennis féminin, appelle depuis des décénies ?

« Je suis d'accord et je le dis depuis le début des années 1970. Une seule voix, femmes et hommes ensemble, est depuis longtemps ma vision du tennis », a tweeté l'Américaine aux 12 trophées du Grand Chelem qui a contribué à la création en 1973 de la WTA, dont elle a été le premier président.

« La WTA à part a toujours été un plan B. Je suis heureuse que nous soyons sur la même longueur d'ondes. Allez, faisons le », a-t-elle lancé.

Le chaos régnant dans la gouvernance du tennis, éclatée en sept acteurs aux intérêts divergents (l'ATP, la WTA, la Fédération internationale ITF et les quatre tournois du Grand Chelem), apparaît de façon encore plus crue face à la pandémie, avec une cacophonie sur les calendriers d'annulation/reprise et les questions de solidarité financière envers les joueurs moins bien classés et donc plus impactés par l'absence de revenus.

La question de l'aide financière a été traitée par Djokovic qui a pressé l'annonce d'un fonds alimenté conjointement par les sept instances dirigeantes.

L'union fait la force

La réunion de certaines de ces instances semble donc une bataille menée par Federer et Nadal.

« Ca aurait probablement dû se faire il y a longtemps, mais le moment est vraiment venu maintenant », a estimé Federer, alors que le monde du tennis est sportivement à l'arrêt depuis mi-mars.

« Nous traversons des temps difficiles (...) et nous pouvons en sortir soit avec deux instances affaiblies, soit avec une instance renforcée », a-t-il précisé.

« Il est déroutant pour les fans d'avoir des systèmes de classements différents, des logos différents, des sites web différents, des catégories de tournois différentes », a explicité le Suisse, no 4 au classement ATP, en excluant une « fusion des compétitions ».

Confronté à un début de mandat sacrément agité, le nouveau patron de l'ATP (depuis janvier) Andrea Gaudenzi a accueilli plutôt favorablement cette proposition.

« La récente coopération entre les instances dirigeantes (sur le Fonds de solidarité, ndlr) n'a fait que renforcer ma conviction sur le fait que l'union de notre sport est le meilleur moyen de développer notre potentiel », a-t-il commenté.

La WTA n'avait toujours pas réagi jeudi à la mi-journée.

Seule voix discordante à s'être exprimée jusque-là, celle du fantasque australien Nick Kyrgios: « Quelqu'un a-t-il demandé son avis à la majorité de l'ATP? »