Serena Williams ou la quête de plus en plus âpre d'un 24e Grand Chelem
Tennis vendredi, 11 sept. 2020. 14:42 dimanche, 15 déc. 2024. 07:40Son rêve d'un 24e titre record en Grand Chelem s'est une nouvelle fois évanoui, en demi-finale de l'US Open, mais Serena Williams est-elle encore seulement capable de l'exaucer, elle qui célèbrera ses 39 ans à la veille de Roland-Garros où elle a donné rendez-vous?
La défaite contre Victoria Azarenka l'a démontré: si la rage de vaincre et la volonté d'en découdre de l'Américaine sont toujours là, son tennis, lui, peine à tenir la distance... et son physique avec.
« C'est évidemment décevant. En même temps, j'ai fait tout mon possible. J'ai l'impression que d'autres fois, j'ai été proche, mais que j'aurais pu faire mieux. Aujourd'hui, j'ai la sensation d'avoir beaucoup donné », estimait-elle après-coup, comme un rare aveu d'impuissance.
Il fut un temps pas si lointain où mener 6-1, en donnant l'impression de tout écraser sur son passage, l'aurait conduite à une victoire en deux sets. Au lieu de quoi Victoria Azarenka a renversé brillamment la situation pour l'emporter en trois manches (1-6, 6-3, 6-3).
Tout simplement parce qu'elle savait que c'était désormais possible. « Je savais que le match n'était pas fini après le premier set, et pareil quand j'ai mené 5-3 au troisième. Je suis passée par là avant... », a avoué Azarenka, qui s'est en effet rappelé sa finale perdue en 2012 face à Serena bien qu'ayant servi pour le match au troisième set à 5-4.
« Plus extraordinaire »
« Elle n'est plus aussi forte qu'avant (...) Elle n'arrive plus à battre ses meilleures adversaires 6-2, 6-2. Et dans le vestiaire, les joueuses réalisent qu'elles ont une chance contre elle. Elle est toujours très forte, mais plus extraordinaire », a ainsi estimé Mats Wilander, vainqueur de sept Grands chelems dont l'US Open 1988, sur Eurosport.
Depuis son retour à la compétition il y a un mois à Lexington avant d'enchaîner avec le tournoi de Cincinnati délocalisé dans la bulle de Flushing Meadows, Serena a joué 11 matchs. Neuf d'entre eux se sont décidés en trois sets, pour de nombreuses heures passées sur le court.
Si s'arrêter en demi-finale du Majeur new-yorkais n'a absolument rien d'indigne, le fait est qu'elle a tout de même manqué là une opportunité assez unique de rejoindre Margaret Court au Panthéon des plus titrées de l'histoire en Grand Chelem. Le tableau féminin était en effet dépourvu de six des dix meilleures joueuses du monde.
Depuis son dernier sacre à l'Open d'Australie 2017, elle a échoué quatre fois en finale, à Wimbledon et à l'US Open en 2018 et 2019. Des défaites par ailleurs sans conteste face à des plus jeunes, qui, de fans à rivales, ont laissé en chemin toute crainte de se mesurer à la légende.
« Les chances se réduisent »
« Je pense que les chances se réduisent avec chaque Grand Chelem qui passe, à cause du temps et parce que, pour moi, elle ne peut plus jouer ce tennis de défense dont elle a besoin pour gagner. Et cela lui met trop de pression quand il faut attaquer », a déclaré l'ancienne spécialiste du double (21 titres majeurs) Pam Shriver, consultante pour ESPN.
Or, sur la terre battue parisienne, qui n'est pas sa surface préférée mais où elle s'est tout de même imposée trois fois (2002, 2013, 2015) et a été éliminée au 3e tour l'an passé par Sofia Kenin, s'armer de patience et accepter que les matchs durent plus longtemps est impératif.
Y est-elle prête ? Cela semble compliqué. Mais s'il reste une personne à croire en son étoile, c'est bien Serena elle-même. « Je ne suis jamais satisfaite. C'est l'histoire de ma carrière. Je ne le serai jamais et je n'abandonnerai pas, jusqu'à ce que je prenne ma retraite. C'est juste ma personnalité. C'est comme ça que je dois être », avait-elle prévenu avant l'US Open.