LONDRES, (AFP) - Vingt ans après leur tie-break d'anthologie en finale de Wimbledon, Bjorn Borg et John McEnroe se sont encore retrouvés cette semaine à Londres pour donner un nouveau récital et épater la galerie du prestigieux Royal Albert Hall, étape la plus chic du Champions Tour des plus de 35 ans.

"C'est toujours quelque chose de spécial de voir John de l'autre côté du filet", a dit Borg, 44 ans, battu 7-6, 6-3 vendredi soir devant 3500 spectateurs. Parmi eux, beaucoup de VIPs en smoking ou robe du soir goûtant chaque échange comme un nectar d'un autre temps, tout en dégustant une coupe de champagne ou une truffe au chocolat.

"C'est tellement spécial que ça le rend malade", a plaisanté "BigMac", 41 ans, en faisant allusion à l'intoxication alimentaire qui avait obligé le Suédois à reporter de quelques heures ces retrouvailles londoniennes.

Il y a six mois, les deux artistes jouaient un match-exhibition devant Buckingham Palace. Il y a 20 ans, Borg perdait le jeu décisif du quatrième set (18/16 pour McEnroe) mais remportait son cinquième Wimbledon consécutif, le dernier, puis l'Américain lui succédait, en 1981, 1983 et 1984.

"On ne bouge pas aussi bien, on est moins concentrés, mais je sers plus fort et ma volée est encore décente", dit McEnroe. Comme il n'a jamais eu l'habitude de lâcher des points, son bilan provisoire sur le Champions Tour est éloquent: 30 titres depuis 1995, dont les trois dernières éditions au Royal Albert Hall.

Bientôt Becker et Edberg

Cette vieille salle londonienne, "c'est sûrement l'un des plus beaux courts du circuit", concède Borg. Le contraste est saisissant avec la London Arena, un déprimant cube de béton où se jouait cette année le tournoi en salle de Londres, celui des plus jeunes, sur l'ATP Tour.

Cadre prestigieux, joueurs de légende, le cocktail fait recette au pays de la tradition sportive: plus de 25.000 spectateurs en huit matinées et soirées, une vingtaine de gros parraineurs et 80 loges VIP où les bouchons de champagne sautent parfois en plein milieu d'un échange, ce qui fait sourire les joueurs.

Pour perpétuer la tradition, Pat Cash et Mats Wilander sont déjà là, et ils doivent transpirer: "Quand je suis arrivé sur le Champions Tour, je pensais que j'allais battre tout le monde et gagner tous les tournois, parce que j'avais 35 ans, confie Wilander. A ma grande surprise, ça ne s'est pas passé comme ça."

McEnroe domine encore mais il n'est pas éternel, et surtout il aimerait voyager moins et passer plus de temps avec sa demi-douzaine d'enfants. Alors il attend la relève: "Jimmy (Connors) n'est pas en train de rajeunir. Si des types comme Becker et Edberg ne reprennent pas le flambeau, il y aura de quoi être inquiet", dit-il.

En attendant, BigMac assure l'essentiel. Samedi après-midi, il a battu Henri Leconte en demi-finale, 6-2, 7-5, au terme d'un festival de revers coupés et de volées amorties. Il n'avait plus qu'à attendre la séance du soir pour connaître le nom de son adversaire en finale: Cash ou... Borg.