LONDRES - Qualifié pour la première fois de sa carrière pour les demi-finales du Masters, Jo-Wilfried Tsonga cultive le paradoxe: alors qu'il éblouit le 02 Arena de Londres avec son tennis offensif, le Français se trouve moins bon qu'à ses débuts au plus haut niveau, il y a quatre ans.

« J'ai regardé des vidéos, parce que j'avais envie de comparer », raconte Tsonga, qui avait réussi une percée fracassante sur le circuit en 2008 en atteignant la finale des Internationaux d'Australie, avec au passage, comme jeudi, une victoire sur l'Espagnol Rafael Nadal.

« Je me suis dit: c'est incroyable! Je suis moins bon physiquement, je frappe moins bien la balle, j'ai un moins bon revers, je ne volleye pas mieux maintenant», dit le sixième mondial (son meilleur classement), âgé de 26 ans.

Depuis cet exploit inaugural, le Français s'est malgré tout installé dans les joueurs qui comptent sur le circuit, en dépit d'une désespérante succession de blessures. S'il n'a pas joué d'autres finales de Grand Chelem, il a en revanche emporté sept tournois, dont deux cette année (Metz, Vienne), et participé à deux demi-finales et trois quarts de finale de tournois majeurs.

Comment? En modifiant son comportement. « À cette époque, j'étais fou. Quand je gagnais un match, je demandais au public de faire la ola. À chaque point, je donnais tout ce que j'avais et je dépensais une énergie folle. Aujourd'hui, tout est plus mesuré. J'ai pris de la maturité. J'ai appris à gérer le score et mes émotions », explique Tsonga, qui étudie aussi plus sérieusement le jeu de ses adversaires.

« Je suis peut-être moins rapide et moins puissant, mais je suis meilleur dans ma tête. C'est pour ça que je réussis bien cette année », ajoute-t-il.


Une nouvelle passion

Pour l'avenir immédiat, une demi-finale du Masters qui devrait l'opposer selon toutes probabilités à l'Espagnol David Ferrer samedi, le Français espère continuer sur sa lancée des derniers mois.

Car s'il a peut-être « perdu certaines choses » depuis l'épopée australienne de 2008, Tsonga a réussi un redressement spectaculaire par rapport à un début de saison très moyen jusqu'à sa finale au Queens, autre tournoi londonien qu'il avait abordé à une modeste 19e place mondiale en juin.

« Je suis content de mon niveau de jeu. C'est bien meilleur que tout ce que j'ai fait ces derniers temps même si c'est encore perfectible », reconnaît-il.

Pour le futur un peu plus lointain, le Français espère « tout rassembler », son explosivité de naguère et sa sagesse d'aujourd'hui, pour atteindre l'objectif suprême, la victoire dans un tournoi du Grand Chelem.

« Il va falloir se remettre au boulot et essayer d'avoir tout en même temps pour être le plus solide possible », dit-il.

La tâche devrait être facilitée par la découverte d'une nouvelle motivation.

« Le problème était que je n'étais pas passionné par ce que je faisais. J'étais plus passionné par le fait d'avancer dans ma vie "sociale". Je jouais pour réussir ma vie, pour me sortir de mon quotidien », explique-t-il.

« Je suis arrivé à une période où je suis sorti de ça. J'ai bien réussi, on gagne bien nos vies. Je pensais être arrivé au bout, alors qu'en fait pas du tout, j'ai encore des milliers de choses à apprendre. J'ai découvert une nouvelle passion, le tennis », se réjouit-il.