PARIS - Ce n'est qu'une demi-finale qui attend Novak Djokovic et Rafael Nadal vendredi à Roland-Garros mais elle aura l'intensité d'une finale de haute volée, avant l'affiche attendue par toute la France entre Jo-Wilfried Tsonga et David Ferrer.

Les 11 derniers affrontements entre le no 1 mondial et le septuple vainqueur ont eu lieu en finale. C'était déjà le cas l'an passé à Roland-Garros. Et si ça ne l'est pas cette année, c'est uniquement dû au recul de Nadal au classement ATP après ses sept mois d'interruption pour soigner son genou.

Aucun doute, la poussière ocre va voler dans tous les sens et il va y avoir de la castagne. Un match Djokovic-Nadal, c'est le choc entre deux forces de la nature, deux êtres qui tiennent l'échec en horreur.

Et le spectateur est rarement déçu.

Le summum de leur rivalité avait été atteint aux Internationaux d'Australie en 2012, quand le Serbe avait triomphé après un face-à-face tragique de cinq heures et 53 minutes. L'an dernier à Paris, le ciel avait joué avec leurs nerfs, la pluie leur imposant de jouer la finale sur deux jours.

Il n'y aura pas de titre en jeu vendredi. Mais le vainqueur s'avancera en favori incontesté de la finale. Car il trouvera en face de lui un joueur, le Français Jo-Wilfried Tsonga, ou l'Espagnol David Ferrer, qui n'a encore jamais remporté le moindre titre du Grand Chelem.

Nadal court après une huitième victoire à Roland-Garros, un total jamais réalisé par quiconque dans aucun Grand Chelem.

Mais si quelqu'un peut le faire tomber, c'est bien Djokovic, qui n'a jamais gagné à Paris et espère devenir le huitième joueur de l'histoire à réussir le Grand Chelem en carrière.

Le Serbe avait ainsi signé sept victoires de suite en finale sur le Majorquin entre Indian Wells 2011 et l'Open d'Australie 2012.

Tsonga face à son destin

Nadal avait ensuite rééquilibré les débats, mais Djokovic a enlevé leur dernière rencontre, mi-avril à Monte-Carlo, où il a privé son adversaire d'une neuvième victoire d'affilée. Avec son revers à deux mains, le no 1 mondial neutralise le principal atout de Nadal, son lift de coup droit.

« Je sais ce qu'il faut faire pour le battre », dit-il.

Si l'affiche a été placée en no 1 sur le Central vendredi à partir de 11 h GMT, c'est parce que la télévision française a poussé pour retransmettre le peut-être futur héros national, Tsonga, plus tard dans l'après-midi.

Impressionnant depuis le début de la quinzaine, le no 1 français a réveillé l'espoir en faisant ressembler Roger Federer à un petit garçon sur le Central, mardi en quarts.

Il est désormais à deux marches d'accomplir son rêve de remporter Roland-Garros et de succéder à Yannick Noah, dernier vainqueur français il y a trente ans. Mais il sait qu'il devra se méfier de David Ferrer.

Affublé de surnoms peu flatteurs (la bête, le pou), Ferrer est un homme discret et gentil qui ne brillera jamais dans les salons. Mais sur le court, c'est un guerrier qui impose une cadence terrible et galope sans fin.

Après, il est vrai aussi que Ferrer n'est pas pour rien un « Big Four », et qu'il a aussi ses limites.

En Grand Chelem, il est même pour l'instant une sorte de Tim Henman : s'il perd aussi sa sixième demi-finale du Grand Chelem, il égalera le record du Britannique, éternel maudit à Wimbledon, au nombre de tentatives avortées.

Tsonga est persuadé d'avoir les armes pour le battre. « Je suis devenu plus endurant, plus régulier et je frappe beaucoup plus fort que lui », dit-il.

Jamais, dans aucun tournoi, Tsonga n'a encore atteint une finale sur terre battue. Trouverait-il plus bel endroit que Roland-Garros pour la première?