PARIS - Rafael Nadal et Roger Federer peuvent passer pour les cartes maîtresses du carré d'as des demi-finales des Internationaux de France, à l'affiche assez exceptionnelle : pour la première fois depuis Roland-Garros en 2006, les quatre premières têtes de série croiseront le fer vendredi lors de l'avant-dernier round d'un tournoi du Grand Chelem.

Nadal, cinq fois vainqueur à Roland-Garros, tombeur en quart de finale en trois sets de sa bête noire, Robin Soderling, fait figure de grand favori face au Britannique Andy Murray, pour la première fois parvenu en demi-finale à Porte d'Auteuil.

Federer, sacré en 2009 sur le central Philippe-Chatrier, tentera d'imposer à Novak Djokovic sa plus grande expérience en profitant de l'énorme pression pesant sur les épaules du Serbe, invaincu en 41 rencontres cette saison, et qui court après trois objectifs : remporter pour la première fois Roland-Garros, devenir numéro un mondial et battre le record de 42 matches de rang raflés d'affilée par John McEnroe au début de la saison 1984.

« Il faut que je trouve mon plan de jeu », estime Federer à propos de son choc face à Djokovic, qui a remporté leurs trois derniers face à face.

« Je n'ai pas beaucoup de choses à changer », précise Federer, seul joueur du quatuor des demi-finalistes à ne pas avoir concédé le moindre set en cinq rencontres.

Djokovic, double tenant du titre aux Internationaux d'Australie, est l'autre homme frais du dernier carré ayant bénéficié du forfait de l'Italien Fabio Fognini en quarts de finale.

Même s'il a concédé un set à l'Argentin Juan Martin Del Potro au troisième tour, Djokovic a seulement passé sept heures 43 minutes sur les courts, contre neuf heures 13 pour Federer, 12 heures 59 pour Murray et 14 heures pour Nadal.

« C'est étrange, mais je ne pense pas que mon rythme en soit affecté (du manque de jeu) », a déclaré Djokovic, après avoir croisé des balles à l'entraînement avec McEnroe mercredi.

« Avec tous les matchs que j'ai disputés cette saison, quelques jours de congé ne me font pas de mal », a précisé le Serbe, battu 13 fois par Federer lors de leurs 22 confrontations.

Le Suisse aux 16 titres du Grand Chelem vise une cinquième finale à Roland-Garros. Il mène 2-1 dans ses chocs sur terre battue face à Djokovic. Reste que le Serbe est invaincu en 17 rencontres sur terre battue cette saison et qu'il a dominé Nadal en finale à Madrid et à Rome.

Outre son service souvent illisible pour ses adversaires et une précision diabolique en coup droit comme en revers, Federer dispose d'une arme unique, selon Gaël Monfils, laminé en quarts de finale.

« (Federer) a des changements de rythme percutants. Il n'y a pratiquement que lui qui te fait aussi mal », souligne le numéro un français.

« Ce sera le meilleur joueur du monde d'aujourd'hui contre le meilleur joueur de l'histoire », estime Nadal à propos de ce choc Djokovic-Federer.

Murray espère devenir le deuxième joueur à battre Nadal à Roland-Garros après Soderling en 2009.

L'Écossais croit en ses chances. Après tout, il est en net progrès sur terre battue, comme en témoignent les demi-finales disputées à Monte-Carlo et à Rome, et il est bien remis d'une cheville droite tordue au troisième tour face à l'Allemand Michael Berrer.

« J'ai le sentiment que je peux battre Rafa, la question est d'arriver à jouer mon meilleur tennis contre lui. Il faudra être très fort mentalement, avoir une bonne tactique. Il est certain que je peux gagner », a déclaré le Britannique de 24 ans, finaliste des Internationaux d'Australie en janvier.

Nadal, qui mène 10-4 dans ses confrontations avec Murray et pourrait égaler en cas de sixième succès à Roland-Garros le record du mythique Suédois Bjorn Borg, reste prudent.

« Andy est l'un des meilleurs joueurs du monde, il a très bien joué à Monte-Carlo, à Madrid et à Rome. Il faudra que je donne mon meilleur pour le battre », a déclaré l'Espagnol aux neuf titres du Grand Chelem, qui fêtera ses 25 ans vendredi, jour de cette demi-finale.

Nadal reste sur une victoire importante sur Murray en demi-finale de Monte-Carlo où il a conquis en avril un septième sacre historique. Jamais un joueur n'est parvenu à un tel exploit dans un tournoi du circuit ATP.