COLLABORATION SPÉCIALE

 

Oui on peut comprendre que Félix Auger Aliassime se dise soulagé et libéré d'avoir finalement un premier titre en poche sur le grand circuit de l'ATP. Cette semaine à Rotterdam chaque match avait une saveur différente et j'ai beaucoup aimé de la manière qu'il tisse sa toile jusqu'au titre. Pour prendre son élan à l'intérieur d'un tournoi, le plus difficile est d'installer son jeu en début de tournoi. Pensez juste à Denis Shapovalov qui se bute au grand talent de 20 ans Jiri Lehecka d'entrée, et ce même si le Tchèque n'avait aucune expérience du haut niveau. Ce qu'il accomplit me fait justement penser à Shapo en 2017 à Montréal alors qu'il s'arrête en demies tout comme Lehecka à Rotterdam cette semaine.

 

Sur ce circuit même en étant membre de la grande élite, tu ne peux pas te permettre de te traîner les pieds en début de tournoi car tu ne passeras pas un tour. C'est justement ce qui m'impressionne de la part de Félix cette semaine alors qu'il a beaucoup de difficulté à mater Igor Gerasimov d'entrée de jeu, mais mentalement il reste fort ce qui l'amène à trouver des solutions et faire les bons choix pour renverser une situation mal embarquée.

 

La même chose se passe en demie face à un dur de dur qu'il n'avait jamais battu en 2 matches, soit Andrey Rublev. Vous imaginez-vous jusqu'à quel point il faut faire un travail mental de tous les instants pour rester fort après avoir gaspillé 7 balles de bris dont 4 sont des balles de première manche? Cela aurait été tellement compréhensible et normal qu'il traîne sa peine au 2e set. Mais non, pas cette nouvelle version améliorée de notre Félix. Il s'accroche comme un mort de faim et c'est seulement à 4-4, 2e manche qu'il prend le contrôle du match. Que d'abnégation et de croyance au plus profond de son être pour continuer de travailler comme si tout allait bien, comme si c'était lui qui avait gagné le premier set. C'est tellement difficile à faire surtout face à un joueur qui vous fait souffrir en vous promenant gauche/droite à une vitesse folle.

 

J'avais d'ailleurs bien hâte de voir comment Félix allait se sentir physiquement aujourd'hui en finale. Pas besoin de rappeler jusqu'à quel point jusqu'ici ce fut difficile pour lui de jouer son meilleur tennis en ronde ultime lors des 8 finales perdues. Avec sa puissance, rapidité, 1e balle de service de feu et son expérience grandissante des grands matches maintenant, tout ce que j'espérais, face à Stefanos Tsitsipas qui l'a tout de même battu lors des 5 derniers affrontements entre les deux, c'est que Félix joue à la hauteur de son talent. Ce qu'il réussit à faire d'ailleurs alors que le grec a bien de la difficulté à suivre la parade tellement FAA le pilonne avec ses points forts. 

 

Et bien voilà, c'est fait maintenant. Plus besoin de porter ce piano à queue sur ses épaules. Une autre étape est accomplie et cela le pousse inévitablement encore plus vers le haut, vous savez là où l'air est rare. Il est sérieux sur et hors terrain. Il s'entraîne fort alors que son équipe l'enveloppe de bons soins. Ce qui est beau c'est que tout le monde travaille dans la bonne direction, avec humilité et honnêteté tout en gardant en tête les objectifs à moyen et long termes. Pour moi, autant c'était évident en 2019 que Bianca Andreescu serait championne Grand Chelem, autant cela crève les yeux à Melbourne cette année que Félix a tout ce qu'il faut pour remporter les plus grands titres dans le monde du tennis...Alors: let's go!!!