PARIS - L'histoire est en marche à Roland-Garros où Rafael Nadal vise un septième titre et Novak Djokovic le Grand Chelem sur deux ans lors de la 111e édition qui commence dimanche à Paris.

Chez les femmes aussi la distribution est sympathique, avec deux formidables championnes, Serena Williams et Maria Sharapova, qui voudront convertir leur forme du printemps sur la terre battue parisienne.

Mais les regards seront d'abord braqués sur le tableau masculin où deux hommes, le Serbe Novak Djokovic, No 1 mondial, et l'Espagnol Rafael Nadal, son poursuivant au classement, vont tenter d'entrer dans l'histoire.

Leur duel sera arbitré par Roger Federer qui battra un énième record, celui des 233 matches gagnés en Grand Chelem par Jimmy Connors, s'il atteint le troisième tour. Placé dans la moitié de tableau de Djokovic, le Suisse sera le principal empêcheur de tourner en rond, en compagnie de Juan Martin Del Potro, Tomas Berdych, Andy Murray et David Ferrer, alors que le public français misera sur un exploit de Jo-Wilfried Tsonga, Gilles Simon ou Richard Gasquet.

Mais les places en finale seront chères, comme lors des trois derniers tournois du Grand Chelem, où Djokovic et Nadal se sont rencontrés le dernier dimanche avec, à chaque fois, une victoire du Serbe à la clé.

Tenant du titre à Wimbledon, aux Internationaux des États-Unis et en Australie, le No 1 mondial s'est ainsi approché à une victoire d'un exploit mythique, seulement réalisé par deux hommes dans l'histoire du tennis, Donald Budge en 1938 et Rod Laver en 1962 et 1969, à une époque où la concurrence n'était pas du tout la même.

"Vu le contexte aujourd'hui ce serait l'accomplissement ultime", estime Björn Borg, vainqueur à six reprises à Roland-Garros, comme Nadal.

Mais ce ne sera pas simple. Parce que Djokovic doit déjà atteindre la finale à Paris, ce qu'il n'a encore jamais fait, alors que son tableau est truffé de pièges. Et parce que l'histoire ne va pas dans son sens.

Le Serbe est le quatrième joueur depuis 1969 à être en position de remporter les quatre majeurs à la suite. Ses trois prédécesseurs ont tous échoué.


La dernière marche

Nadal a raté le « Rafa Slam » l'année dernière en quarts de finale aux Internationaux d'Australie. Auparavant, Pete Sampras, en 1994, et Federer, en 2006 et 2007, avaient également buté sur la dernière marche, à chaque fois à Paris.

« La dernière étape est la plus difficile, surtout à Roland-Garros où la présence de Rafa ne rend pas les choses plus faciles », témoigne Federer, qui avait échoué en finale face à Nadal lors de ses deux tentatives.

Le Majorquin s'y connaît donc en matière de briser un rêve. Mais il n'avait pas besoin de ça pour rester, de l'avis de pratiquement tous les observateurs et de Djokovic lui-même, le grand favori de Roland-Garros.

Lui aussi a un projet historique: battre le record de victoires à Paris avec un septième titre. « Ce serait un rêve », souligne le No 2 mondial, qui a été franchement gâté par le tirage au sort puisque Djokovic, Federer, Del Potro et Berdych figurent tous de l'autre côté du tableau.

Un « rêve » réaliste. Car Nadal sort d'un printemps parfait où il a gagné son huitième titre à Monte-Carlo, son septième à Barcelone et son sixième à Rome, sans perdre une manche et en battant Djokovic à deux reprises.

On ne trouve pas de favori aussi indiscutable dans le tableau féminin, mais deux championnes d'exception qu'on pensait fâchées à jamais avec la terre battue avant qu'elles ne réussissent un printemps extraordinaire sur la surface.

Serena Williams, titrée à Charleston et Madrid, et Maria Sharapova, victorieuse à Stuttgart et Rome, arrivent gonflées à bloc à Roland-Garros où la première vise un quatorzième majeur, dix ans après son unique succès à Paris, et la seconde un Grand Chelem sur l'ensemble de sa carrière.

Mais la No 1 mondiale Victoria Azarenka voudra avoir son mot à dire, tout comme la tenante du titre, la Chinoise Na Li, dernier maillon d'une chaîne de surprises parisiennes que Serena et Sharapova entendent aujourd'hui briser.