SOWETO - Deux mois après le tournoi ATP de Johannesburg, la première édition du tournoi de tennis de Soweto confirme le retour de l'Afrique du Sud sur la carte du tennis mondial.

Le célèbre township, symbole de la lutte anti-apartheid où a vécu Nelson Mandela, accueille à partir de lundi le l'Ominum de Soweto. "Tout le monde en parle et se dit "Ouah! le tennis vient jusqu'à Soweto!", se réjouit Ian Smith de l'Association sud-africaine de tennis (Sata).

Doté de 100 000 dollars, le tournoi fait partie du circuit secondaire Challenger, mais est parvenu à attirer des joueurs de renom comme le Français Fabrice
Santoro, 52e à l'ATP, ou le Luxembourgeois Gilles Muller, 67e, vainqueur de Rafael Nadal à Wimbledon en 2005.

Sergei Bubka Junior, le fils du célèbre perchiste ukrainien, figure également au programme. Le jeune homme a remporté le mois dernier le tournoi Challenger de Kyoto, au Japon.

Le l'Omnium de Soweto a lieu deux mois après l'Omnium d'Afrique du Sud de Johannesburg, qui faisait de nouveau figurer le pays au programme ATP après un hiatus de 14 ans. Il sera suivi à partir du 27 avril d'un tournoi féminin du circuit secondaire ITF.

Les joueurs dormiront pendant toute la semaine dans une banlieue chic du nord de Johannesburg mais leur présence à Soweto, au sud de la capitale économique, devrait faire des émules dans ce township où le soccer est roi.

"Pour populariser ce sport, nous devons l'emmener vers les quartiers noirs", soutient M. Smith. Quelque 40% de la population de la métropole, qui totalise officiellement 3,8 millions de personnes, vit à Soweto, où des résidences de luxe côtoient les bidonvilles.

Bouée de sauvetage

Le tournoi, dont le court principal peut accueillir 2 000 spectateurs, donnera aux habitants du quartier une chance unique de voir un match de tennis à deux pas de chez eux, au complexe Arthur Ashe, du nom du premier noir ayant remporté Wimbledon et les Internationaux des États-Unis.

En cours de rénovation, après des années de laisser-aller, les courts de ce complexe construit dans les années 70 sont utilisés pour l'entraînement des jeunes joueurs de Sata.

Moleboheng Molatudi, 13 ans, s'y rend chaque jour dans l'espoir de devenir joueur professionnel et de représenter son pays en Coupe Davis. C'est d'ailleurs le complexe Arthur Ashe qui accueillera en mai la rencontre de Coupe Davis entre l'Afrique du Sud et le Bélarus.

"J'adore le tennis", lance l'adolescent, un des ramasseurs de balle du tournoi, qui rêve de devenir numéro un mondial.

Des cours gratuits y sont donnés chaque jour à une trentaine d'enfants. Une aubaine dans un quartier où les parents peinent parfois à acheter de quoi manger à leurs enfants.

"À ma grande surprise, ils ont aimé", sourit leur entraîneur, Kgotso Matshego, en soulignant que les enfants du township sont plus attirés par le ballon rond que les raquettes de tennis.

"Les enfants ont besoin, plus que toute autre chose, de s'occuper pour ne pas tomber dans la délinquance, un vrai fléau dans nos communautés", explique le jeune homme de 28 ans.

"Le tennis, c'est une bouée de sauvetage pour ces gamins et j'espère qu'un jour, ils réussiront", lance ce passionné.