Après une première semaine remplie de drames, parions que la deuxième nous réservera autant de moments forts. Encore des surprises? Hum, je ne suis pas certaine si je me fie à cette note : depuis 2003, le Big Four, soit Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic et Andy Murray ont ravi TOUS les titres à Wimbledon. Pas un intrus n’a réussi à se faire une place jusqu'au sommet dans le temple ​lors des 16 dernières années, fascinant n'est-ce pas?

Tout aussi surprenant de voir Stefanos Tsitsipas, Alexander Zverev et Dominic Thiem sortir dès le premier tour, car on parle ici de trois membres du top-10. Pas de chance quand même pour le finaliste de Roland Garros qui affrontait le gros serveur Sam Querrey. L'Américain a fait ses preuves sur herbe comme en fait foi sa demie en 2017 et aussi une présence en quarts en 2016 avec au passage des victoires sur Novak Djokovic et Andy Murray, deux champions au SW19. Il est extrêmement dangereux avec son tennis champagne et est donc à prendre au sérieux. Alors que demain nous entamons la ronde des 16, fascinant de réaliser que 5 joueurs seulement ont fait leur rang soit Djokovic, Federer, Nadal, nos trois mousquetaires des temps modernes, ainsi que Kei Nishikori, quarts finaliste l'an passé, et Milos Raonic, qui s'est rendu en ronde ultime en 2016.

Parlons-en de notre Canadien qui est le seul en deuxième semaine. Même si Milos traîne quelques blessures, au dos, aux mollets et aux pieds, il nous a fait savoir en conférence de presse que son équipe l'aidait à contenir les feux. C'est une bonne nouvelle en soi, mais disons qu'on ne saute pas de joie non plus. Cependant sa portion de tableau est la plus abordable de toutes puisque d'abord se dresse devant lui l'Argentin Guido Pella et potentiellement Roberto Bautista Agut ou Benoit Paire. Notre Canadien n'a jamais affronté Pella, mais se dit impressionné par sa victoire face à Kevin Anderson. Il tient mordicus à tout faire pour éviter les longs échanges face à l'Argentin. Si Milos passe et retrouve Agut en quarts, il connaît sûrement la manière puisqu'il l'a battu 5 fois en 5 rencontres et une fois sur herbe au Queen's Club alors que cela avait été le match le plus facile des 5. Si jamais c'est Paire qu'il a devant lui, il faudra se méfier parce que le Français possède une longue portée et la capacité de se transcender en retours. Preuve à l'appui : une victoire sur Milos à l'intérieur à Stockholm, en 2013. Il y a longtemps, mais quand même. Par contre, Milos trouvera sûrement la manière de le faire dégoupiller en coup droit. Il est aussi souverain comme toujours au service et est bien heureux de s'améliorer à chaque match.

En demie, parions que Novak Djokovic, quatre fois champion au All England, se dressera devant lui, car je ne crois pas que Ugo Humbert, David Goffin ou Fernando Verdasco vont savoir lui bloquer la voie. Humbert sera trop émerveillé de se retrouver face au numéro 1, Verdasco joue un 19e Wimbledon et malgré ses belles qualités au service et coup droit, ne s'est rendu en quarts qu'une seule petite fois, donc doit peiner un peu plus en échange sur herbe. Pour sa part, Goffin possède le même jeu que Novak, mais en moins percutant. Ceci étant dit, le Serbe m'a paru essoufflé par moments lors des deux premiers sets face à Hubert Hurkacz. Rien n'est gagné d'avance pour lui non plus, mais avouons qu'il part largement favori.

Dans le bas du tableau, Roger Federer fait de très, très belles choses depuis le début de la quinzaine. Certes après sa demie à Roland Garros et son titre sur herbe à Halle, quel étonnement tout de même qu'il commence son tournoi en perdant le premier set face à Lloyd Harris, un Sud-Africain qui a fait sa place dans le top-100 pour une première fois en février dernier. Le Suisse admettra qu'il a mis du temps à se débarrasser du stress qui lui colle à la peau un peu trop longtemps. Au 2e tour, le divin maître perd un peu sa concentration au 2e set face à Jay Clarke, invité des organisateurs, avant de survoler le bris d'égalité. Puis contre Lucas Pouille qui a retrouvé ses élans de début d'année, nous avons droit à un match plein de l'un et de l'autre. Ce fut d'ailleurs un feu d'artifice de beaux coups, de maitrise côté jeu de jambes. La différence c'est que Federer est si beau lors des moments clés alors que Pouille joue peut-être un peu trop gros et trop vite dans l'échange. Roger termine ce match en gagnant 20 points de plus que Lucas, ce qui est quand même énorme. En trois matchs, RF n'a perdu qu'un set et est conscient que ça va prendre toute une performance pour le battre. Son prochain adversaire sera Matteo Berrettini  qui est sur une lancée phénoménale depuis la mi-mars avec trois titres et une finale et un beau classement tout neuf de top 20. Le problème c'est qu'il nous arrive avec un gros match de 5 sets et 4:19 de jeu pour battre Diego Schwartzman tout en sauvant 3 balles de match. Peut-il récupérer à temps? J'en doute, je crois plutôt que Federer filera jusqu'à la demie pour affronter son meilleur ennemi Rafael Nadal.

Rafa est chaud, chaud depuis le début du tournoi. Je ne l'ai jamais vu aussi juste et percutant dans ses attaques. Est-ce l'affrontement face à Nick Kygios qui l'a forcé à grimper son intensité de plusieurs coches, peut-être. En tout cas Joao Sousa ne fera pas le poids tandis que s'il affronte Sam Querrey, oui il faudra se méfier, car le grand Américain l'a déjà battu, mais je ne crois pas que physiquement il  pourra  tenir. Il est 65e au monde donc ça devient difficile d'enchaîner les matchs. Il faut aussi tenir compte des cinq rencontres qu'il a livrées à Eastbourne, juste avant Wimbledon, pour atteindre la finale. Deux grosses semaines de durs labeurs de suite, c'est dur.

Chez les dames, quel bonheur de continuer de suivre la poussée vers le sommet de la pyramide de l'Australienne Ashley Barty. La nouvelle numéro 1 mondiale enchaîne les victoires comme on enfile les perles. Après son triomphe à Roland Garros, elle l'emporte également sur herbe à Birmingham. Elle est donc sur une envolée de 15 victoires de suite. Certes l'Américaine Alison Riske est une hargneuse qui remet beaucoup de balles en jeu, mais soyons honnête nous avons tous hâte de voir le duel en quarts face à Serena Williams à condition bien sûr que SW s'extirpe de sa rencontre contre la partenaire d'entrainement de Nick Kyrgios, Carla Suarez Navarro. Il s'agit d'un 6e tournoi seulement pour Serena cette année, ce qui est bien peu et ses genoux demeurent fragiles. Avec toute la palette de coups que possède Barty, j'ai l'impression que la Williams en aura plein les bras. Une demie entre la double championne Petra Kvitova et Barty serait tout un spectacle sur toile de fond, un beau contraste de style auquel nous aurons peut-être droit. C'est ce que je nous souhaite en tout cas.

Dans le bas du tableau, que dire de la sensation de 15 ans Cori Coco Gauff qui affrontera l'ancienne numéro 1 Simona Halep. Oh que ça promet! On connaît l'orgueil de la Roumaine qui sera prête à mourir sur le terrain pour éviter de tomber dans la toile d'araignée de la jeune. Mais attention, Coco a du répondant et elle est aussi extrêmement compétitive. Je crains cependant qui lui manque peut-être de jus. D'un autre côté à 15 ans, on récupère vite. Déjà sont passées dans le tordeur: Venus Williams, cinq fois titrée au All England, Magdalena Rybarikova, demi-finaliste en 2017, Polona Hercoq contre qui elle a dû sauver des balles de match. Halep se devra d'être en jambes parce qu’elle a les nerfs solides la Coco! La demie devrait tout de même se jouer entre Karolina Plishkova et Halep. Normalement dis-je bien, si Karolina réussit à maîtriser ses nerfs.

Sinon le mot de la fin appartient à Marcos Baghdatis qui a décidé de prendre sa retraite après sa défaite au 2e tour alors que les organisateurs ont eu la délicatesse de lui offrir une invitation. Et je le cite : « La vie ce n'est pas juste de prendre ce que la vie t'offre, mais surtout de savoir donner, d'être là pour les gens. C'est ma maman qui m'a appris cela ». Bye Marcos, je n'oublierai jamais ton sourire épanoui en Australie en 2006 alors que tu avais partagé ton immense talent jusqu'à la finale.