LONDRES - En errance depuis le début de l'année, Marion Bartoli reverdit sur le gazon de Wimbledon où elle apparaît plus épanouie que jamais à l'heure de disputer la finale samedi face à Sabine Lisicki.

Quelle année! En six mois, très intenses, il s'est passé beaucoup de choses dans la carrière et la vie de la no 1 française qui, à 28 ans, a voulu donner un autre sens à une existence consacrée presque exclusivement au tennis.

Élevée par son père et entraîneur Walter, la jeune fille de Retournac, son premier club en Haute-Loire, a longtemps vécu dans sa bulle, loin des autres et de l'équipe de France, avant d'entrer en mouvement en janvier.

Désireuse de s'émanciper, elle a commencé à la fois à s'éloigner de son père dans le travail et à se rapprocher des autres.

Mais ce ne fut pas sans mal et, au cours d'un printemps pluvieux et déprimant, elle a tâtonné, usant deux structures différentes. Elle a d'abord démarré une collaboration mort-née après... trois matchs avec Jana Novotna et Iwona Kuczynska, avant de travailler avec Gérald Brémond, qui a jeté l'éponge après seulement deux semaines.

Walter, trop envahissant selon Brémond, a alors repris la carrière de sa fille en main, énième rebondissement d'un feuilleton apparemment sans fin.

Mais, alors que les résultats restaient décevants, Bartoli avait déjà fait un pas vers les autres et vers l'équipe de France, dont elle a défendu les couleurs pour la première fois depuis huit ans en avril lors d'un obscur match de barrage de maintien en deuxième division à Besançon.

Les « good vibes » de Wimbledon

À Roland-Garros, elle était encore trop juste, éliminée au troisième tour, mais elle y a rencontré Thomas Drouet, d'abord recruté comme partenaire d'entraînement avant de voir ses fonctions s'élargir avec le recul de Walter.

« On ne parle plus vraiment de tennis ensemble, c'est maintenant plus une relation de père-fille », a commenté Bartoli à son arrivée à Londres au sujet de ce nouveau revirement censé aujourd'hui être définitif.

Dès qu'elle a posé pied sur gazon, sa meilleure surface, elle s'est tout de suite sentie à l'aise. Aidée par un tirage heureux, elle est montée en puissance au fil des tours, rayonnante au point qu'on lui a demandé s'il elle était amoureuse, un sujet qu'elle a évacué d'un « ça ne vous regarde pas » assez sec.

Reste que le vert lui va bien, ce que confirme Amélie Mauresmo, sa « grande soeur », en disant : « à Wimbledon il y a toujours ce petit côté familial avec les dîners à la maison. Je pense qu'elle se sent bien là-dedans. Il y a des good vibes. Tout est fluide, se passe dans le calme. Marion s'épanouit ici ».

« Depuis sa finale en 2007, tous les gens la connaissent ici. C'est Marion par ci, Marion par là, raconte Thomas Drouet. Elle fonctionne beaucoup à l'affect, ça la met dans de bonnes conditions de sentir qu'elle est aimée ici. »

« Elle a pris des décisions difficiles cette année, explique Alexandra Fusai, de la FFT. Elle rêve de gagner un Grand Chelem et a cherché un autre moyen pour s'épanouir. C'est passé par l'équipe de France, par Amélie qui lui fait beaucoup de bien. Savoir que tous ces gens sont derrière elle, ça la booste. »

« Chaque fois que j'arrive ici, le sourire me revient », résume Bartoli.