Une vocation tardive pour Laurendeau
Tennis mardi, 7 août 2007. 17:05 samedi, 14 déc. 2024. 23:57
MONTREAL - Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Martin Laurendeau, l'entraîneur de l'actuel numéro un canadien, Frank Dancevic, n'a pas commencé très tôt à jouer au tennis.
"Je me suis d'abord intéressé à tous les sports: j'ai joué au baseball, au hockey, au soccer, au football... Puis, je suis tombé en amour avec le golf vers mes 13 ans, raconte le Montréalais de 43 ans, qui a grandi à Ville Mont-Royal.
"A 14 ou 15 ans, j'ai commencé à jouer au tennis avec mon père, mais je m'organisais pour jouer au golf le plus possible. Mais je me suis inscrit dans des petits tournois de tennis, j'avais pris goût à la compétition avec les autres sports que j'ai pratiqués.
"Puis un hiver, je suis allé au club de l'Ile-des-Soeurs. Louis Cayer, l'entraîneur-chef à l'époque, m'a mis dans un groupe de filles, pendant plusieurs mois, parce que je n'étais pas au niveau des gars, même si j'avais une bonne base athlétique. J'ai fait mon chemin. Rendu à 18 ans, j'avais atteint les finales des championnats canadiens, j'avais gagné les championnats québécois, je progressais."
Puis est arrivé le temps des décisions. C'est alors qu'il a pris la route de la Californie, plus précisément à l'Université Pepperdine à Malibu.
"A l'époque, dans l'équipe de Pepperdine, il y avait Glenn Michibata, un très bon ami, qui était numéro un au Canada. Il n'y avait pas de place dans l'équipe, mais on m'a invité à aller m'entraîner et ce serait à moi de faire mon chemin. J'ai dû m'entraîner très fort parce que j'avais du temps à rattraper.
"A ma 3e année là-bas, j'ai commencé à vraiment jouer dans l'équipe, qui était une des meilleures aux Etats-Unis. J'ai joué des tournois du circuit Alcan, des satellites et éventuellement des tournois professionnels. Tout s'est enchaîné. Il n'y avait pas de centre d'entraînement au Canada, il fallait que j'aille chercher mon expérience ailleurs."
Laurendeau a atteint son plus haut rang en carrière en octobre 1988, grimpant au 90e rang mondial. Au fil d'une carrière s'étalant de 1986 à 1993, il a notamment atteint le quatrième tour des Internationaux des Etats-Unis en 1988 et le troisième tour à Wimbledon en 1991. L'une des premières étapes de son parcours aura été à Stratton Mountain au Vermont en 1986, où il a perdu en quarts de finale contre Boris Becker.
Quelle est selon lui la différence entre les joueurs qui sont autour du 100e rang mondial et les 20 meilleures raquettes de la planète?
"C'est une bonne question. La plus grande différence, je la mettrais au niveau du pouvoir de concentration, l'intelligence émotive. Etre capable de tenir la concentration, de composer avec la pression réelle d'un enjeu, d'une bourse. Pour un joueur au 100e rang, un match qui vous rapporterait 15 000 $ si vous le gagnez, l'enjeu est gros, mais si vous êtes dans le Top-20, vous n'y pensez même pas.
"A partir des 100 meilleurs, tout le monde a les coups pour réussir, le niveau de jeu est là. Ceux qui peuvent enchaîner sur quatre ou cinq matches de suite, c'est là la différence, maintenir le niveau d'excellence sur plusieurs matches. Quand on dit que la différence est mentale, moi je le crois vraiment. Andre Agassi avait du mal à faire des volées, mais ça ne l'a pas empêché d'être numéro un pendant longtemps. Ce n'est pas seulement une question de coups, mais aussi de force mentale et de combativité."
Après ses années comme joueur, Laurendeau est devenu entraîneur. C'est une voie qu'il a emprunté naturellement, commençant avec un ami américain de Pepperdine, puis avec Sébastien Lareau pendant quelques années à partir de 1994.
"J'étais très à l'aise avec le circuit et les tournois. C'est une vie spéciale, il y a beaucoup de voyages et de sacrifices. Nous sommes toujours partis quelque part. La grande majorité des joueurs, disons 95 pour cent, quand leur carrière se termine, ils en ont ras-le-bol, ils veulent être plus sédentaires.
"Dans le cas de Sébastien, c'est un Québécois et j'ai pris vraiment à coeur, un peu comme Réjean Genois avait fait avec moi, de le prendre un peu sous mon aile. Robert Bédard puis Genois m'avaient aidé, et c'était un peu le même scénario. Sébastien était jeune et il avait un beau potentiel, et je voulais vraiment l'aider. C'était comme une mission pour moi et et ça l'est encore, de redonner aux plus jeunes tout mon bagage d'expérience aux Etats-Unis et sur le circuit professionnel. La plupart des joueurs aiment être avec quelqu'un qui a vécu ces moments-là, ça aide à établir un beau rapport."
Capitaine du Canada à la coupe Davis depuis 2004, il dirige Dancevic depuis avril 2006. Lundi, ce dernier a battu Juan Martin del Potro pour la deuxième fois en moins de deux semaines, accédant ainsi au deuxième tour de la coupe Rogers.
"Frank avait arrêté son association avec un entraîneur, et il était laissé à lui-même. Je trouvais ça dommage, alors qu'il était encore jeune et que c'était notre meilleur athlète. Quand j'ai commencé à travailler avec lui, il était environ 180e et maintenant il est dans le Top-100.
"On ne peut pas soutenir les joueurs ad vitam aeternam, mais Frank est encore selon moi en transition. A 22 ans, il n'est pas encore dans ses meilleures années. Chez les hommes, les meilleures années sont à partir de 25 ans. Et de plus en plus, on voit des joueurs dans la trentaine. A mon époque, les joueurs de cet âge-là, c'était un peu des Martiens. Mais maintenant on voit de plus en plus les carrières se prolonger, en simple et en double. Dans certains cas, la sagesse vient un peu plus tard. Il faut avoir joué beaucoup de matches pour l'acquérir."
"Je me suis d'abord intéressé à tous les sports: j'ai joué au baseball, au hockey, au soccer, au football... Puis, je suis tombé en amour avec le golf vers mes 13 ans, raconte le Montréalais de 43 ans, qui a grandi à Ville Mont-Royal.
"A 14 ou 15 ans, j'ai commencé à jouer au tennis avec mon père, mais je m'organisais pour jouer au golf le plus possible. Mais je me suis inscrit dans des petits tournois de tennis, j'avais pris goût à la compétition avec les autres sports que j'ai pratiqués.
"Puis un hiver, je suis allé au club de l'Ile-des-Soeurs. Louis Cayer, l'entraîneur-chef à l'époque, m'a mis dans un groupe de filles, pendant plusieurs mois, parce que je n'étais pas au niveau des gars, même si j'avais une bonne base athlétique. J'ai fait mon chemin. Rendu à 18 ans, j'avais atteint les finales des championnats canadiens, j'avais gagné les championnats québécois, je progressais."
Puis est arrivé le temps des décisions. C'est alors qu'il a pris la route de la Californie, plus précisément à l'Université Pepperdine à Malibu.
"A l'époque, dans l'équipe de Pepperdine, il y avait Glenn Michibata, un très bon ami, qui était numéro un au Canada. Il n'y avait pas de place dans l'équipe, mais on m'a invité à aller m'entraîner et ce serait à moi de faire mon chemin. J'ai dû m'entraîner très fort parce que j'avais du temps à rattraper.
"A ma 3e année là-bas, j'ai commencé à vraiment jouer dans l'équipe, qui était une des meilleures aux Etats-Unis. J'ai joué des tournois du circuit Alcan, des satellites et éventuellement des tournois professionnels. Tout s'est enchaîné. Il n'y avait pas de centre d'entraînement au Canada, il fallait que j'aille chercher mon expérience ailleurs."
Laurendeau a atteint son plus haut rang en carrière en octobre 1988, grimpant au 90e rang mondial. Au fil d'une carrière s'étalant de 1986 à 1993, il a notamment atteint le quatrième tour des Internationaux des Etats-Unis en 1988 et le troisième tour à Wimbledon en 1991. L'une des premières étapes de son parcours aura été à Stratton Mountain au Vermont en 1986, où il a perdu en quarts de finale contre Boris Becker.
Quelle est selon lui la différence entre les joueurs qui sont autour du 100e rang mondial et les 20 meilleures raquettes de la planète?
"C'est une bonne question. La plus grande différence, je la mettrais au niveau du pouvoir de concentration, l'intelligence émotive. Etre capable de tenir la concentration, de composer avec la pression réelle d'un enjeu, d'une bourse. Pour un joueur au 100e rang, un match qui vous rapporterait 15 000 $ si vous le gagnez, l'enjeu est gros, mais si vous êtes dans le Top-20, vous n'y pensez même pas.
"A partir des 100 meilleurs, tout le monde a les coups pour réussir, le niveau de jeu est là. Ceux qui peuvent enchaîner sur quatre ou cinq matches de suite, c'est là la différence, maintenir le niveau d'excellence sur plusieurs matches. Quand on dit que la différence est mentale, moi je le crois vraiment. Andre Agassi avait du mal à faire des volées, mais ça ne l'a pas empêché d'être numéro un pendant longtemps. Ce n'est pas seulement une question de coups, mais aussi de force mentale et de combativité."
Après ses années comme joueur, Laurendeau est devenu entraîneur. C'est une voie qu'il a emprunté naturellement, commençant avec un ami américain de Pepperdine, puis avec Sébastien Lareau pendant quelques années à partir de 1994.
"J'étais très à l'aise avec le circuit et les tournois. C'est une vie spéciale, il y a beaucoup de voyages et de sacrifices. Nous sommes toujours partis quelque part. La grande majorité des joueurs, disons 95 pour cent, quand leur carrière se termine, ils en ont ras-le-bol, ils veulent être plus sédentaires.
"Dans le cas de Sébastien, c'est un Québécois et j'ai pris vraiment à coeur, un peu comme Réjean Genois avait fait avec moi, de le prendre un peu sous mon aile. Robert Bédard puis Genois m'avaient aidé, et c'était un peu le même scénario. Sébastien était jeune et il avait un beau potentiel, et je voulais vraiment l'aider. C'était comme une mission pour moi et et ça l'est encore, de redonner aux plus jeunes tout mon bagage d'expérience aux Etats-Unis et sur le circuit professionnel. La plupart des joueurs aiment être avec quelqu'un qui a vécu ces moments-là, ça aide à établir un beau rapport."
Capitaine du Canada à la coupe Davis depuis 2004, il dirige Dancevic depuis avril 2006. Lundi, ce dernier a battu Juan Martin del Potro pour la deuxième fois en moins de deux semaines, accédant ainsi au deuxième tour de la coupe Rogers.
"Frank avait arrêté son association avec un entraîneur, et il était laissé à lui-même. Je trouvais ça dommage, alors qu'il était encore jeune et que c'était notre meilleur athlète. Quand j'ai commencé à travailler avec lui, il était environ 180e et maintenant il est dans le Top-100.
"On ne peut pas soutenir les joueurs ad vitam aeternam, mais Frank est encore selon moi en transition. A 22 ans, il n'est pas encore dans ses meilleures années. Chez les hommes, les meilleures années sont à partir de 25 ans. Et de plus en plus, on voit des joueurs dans la trentaine. A mon époque, les joueurs de cet âge-là, c'était un peu des Martiens. Mais maintenant on voit de plus en plus les carrières se prolonger, en simple et en double. Dans certains cas, la sagesse vient un peu plus tard. Il faut avoir joué beaucoup de matches pour l'acquérir."