PARIS - Rafael Nadal et Novak Djokovic, premiers rôles d'un feuilleton destiné à devenir un des classiques de la prochaine décennie, sont en pleine forme à deux jours du cinquième épisode, vendredi en demi-finales de Roland-Garros.

L'Espagnol n'a eu aucun mal à oublier pendant un peu plus de deux heures la grande amitié qui le lie à Carlos Moya et s'est imposé facilement 6-4, 6-3, 6-0. Les deux copains avaient d'ailleurs commencé à prendre leur distance la veille en annulant leur partie de Playstation quotidienne.

Même si les échanges ont été assez intenses dans les deux premiers sets, le double tenant du titre a étouffé les intentions offensives de son aîné, vainqueur du tournoi il y a neuf ans, une éternité.

"Il a joué très profond, très haut. Il a un tel lift que c'est difficile de l'attaquer. Il a été très solide aussi en revers. Franchement, je ne pouvais pas faire grand chose. Contre le vent en particulier, c'était impossible de gagner un jeu", a expliqué Moya, 30 ans.

Nadal seul sans faute

Nadal, 21 ans, est le seul demi-finaliste à n'avoir perdu aucun set. Même Roger Federer, qui affrontera le Russe Nikolay Davydenko dans l'affiche du haut du tableau, a cédé sa première manche mardi contre Tommy Robredo. Et même lui, lors de ses deux parcours victorieux en 2005 et 2006, avait lâché un peu de lest avant le dernier week-end.

Face à Igor Andreev, Djokovic semblait courir plus de risques que Nadal. Le Russe n'est encore que 127e mondial, à cause d'une grave blessure qui l'a empêché de jouer pendant six mois l'année dernière, mais son énorme coup droit faisait peur.

En fait le Serbe, âgé de 20 ans, a beaucoup moins souffert qu'en première semaine contre des adversaires bien moins cotés, comme le Français Olivier Patience, passé à deux points du match au troisième tour.

"Son point fort, c'est de tout très bien faire. Il sert bien, il défend bien et mentalement il est très fort pour quelqu'un d'aussi jeune", a commenté Andreev, battu 6-3, 6-3, 6-3.

Le choc du bas du tableau sera un remake d'un quart de finale de l'année dernière. Le Serbe, qui se révélait alors, avait dû abandonner à cause d'une blessure au dos après avoir perdu les deux premiers sets.

Trois Serbes en demies

Depuis, Djokovic a largement confirmé les espoirs placés en lui. Il a fait son entrée dans le Top 10 au début du printemps, juste avant sa victoire au tournoi de Miami, la plus belle de sa carrière, pour l'instant.

Les rivaux ont aussi eu l'occasion de mieux se connaître. Ils se sont déjà croisés trois fois cette année.

"Je l'ai battu une fois, sur dur, à Miami, en faisant le match parfait, le meilleur de ma vie. Ca va m'aider, mais en même temps ce sera très différent. Sur terre battue, ce n'est pas le même joueur", a dit le Belgradois, nettement battu le mois dernier à Rome sur la surface préférée de Nadal.

"Djokovic joue très bien. Il est très jeune, il a un potentiel incroyable. La tactique ? C'est toujours la même: jouer bien", a dit le Majorquin.

C'est la première fois que Djokovic atteint les demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem et c'est aussi la première fois que la Serbie place trois de ses joueurs à ce niveau après les qualifications d'Ana Ivanovic et de Jelena Jankovic mardi.