LONDRES, Royaume-Uni - À seulement 15 ans, elle vient de battre Venus Williams, l'une de ses idoles, à Wimbledon. Cori « Coco » Gauff, cette prodige américaine, aligne les records de précocité depuis son plus jeune âge, et semble programmée pour régner.

Le monde la connaît désormais. Cette adolescente noire, qui a grandi avec les soeurs Williams comme modèles, ne pouvait imaginer meilleure intronisation, avec une victoire de prestige qui lui a d'ailleurs valu mardi la Une du Times, une rareté.

Un tournoi mythique, où elle est d'ailleurs la plus jeune de l'histoire à avoir intégré le tableau principal, et une adversaire idoine, certes sur le déclin et 24 ans plus vieille qu'elle, mais tellement chargée de symbole pour la jeune fille. 

« Énorme compétitrice »

Ce match semble d'ores et déjà inscrit dans l'histoire du tennis féminin, certainement celui où l'on évoquera dans quelques années ce passage de témoin entre ces deux joueuses, comme un pont entre deux générations. Cori Gauff n'a pas tremblé pendant le match, mais elle a pleuré, « pour la première fois » après une victoire, a-t-elle avoué. 

Avant cela, elle avait gardé toute sa lucidité au moment de serrer la main à Venus: « Je l'ai remerciée de m'avoir inspirée. Je voulais lui dire que je n'aurais pas été là sans elle », a-t-elle raconté. Une scène qui dit beaucoup de sa maturité. 

À 15 ans et 3 mois, elle fait partie de ces phénomènes du tennis, désormais la plus jeune joueuse de l'histoire depuis Anna Kournikova lors des Internationaux des États-Unis en 1996 à avoir remporté un match en Grand Chelem. Un parcours qui ne doit rien au hasard.

Son père Corey, ancien joueur de basketball à l'Université de Georgie, et sa mère, Candy, ex-heptatlonienne, l'ont programmée pour cela, et lui ont transmis quelque chose en plus: la haine de la défaite.

Lors d'une semaine de tests en 2014 à l'académie de Patrick Mouratoglou, alors située dans les Yvelines (désormais sur les hauteurs de Nice, ndlr), la jeune fille n'a que 10 ans mais l'entraîneur de Serena Williams tique. Il sent le potentiel.

« Elle a fait partie de ce premier groupe que j'ai pris avec Stefanos (Tsitsipas, ndlr). Elle avait des qualités athlétiques fantastiques et un super état d'esprit, extrêmement forte en match », a raconté à l'AFP Patrick Mouratoglou. « Certains joueurs savent gagner des matches mieux que d'autres, et elle a ça. C'est une énorme compétitrice. »

« Pas de limite »

En tout cas, lui n'est pas surpris de voir sa joueuse de 1,76 m, entraînée par le Français Jean-Christophe Faurel, l'ex-coach d'Adrian Mannarino, exploser aux yeux du monde si jeune. « Elle n'a pas de limite », dit-il.

Il faut dire que depuis l'âge de 10 ans, la droitière de Delray Beach ne fait qu'aligner les records de précocité.

Elle était déjà la plus jeune à remporter un tournoi juniors aux États-Unis à 10 ans. À 13 ans et demi, elle était la plus jeune joueuse de l'histoire à atteindre la finale des Internationaux des États-Unis juniors en 2017.

« Elle gère très bien la pression, elle connaît très bien ça. Elle est attendue depuis des années », rappelle Mouratoglou. « Les Américains disent "driven", elle a un objectif extrêmement fort, elle croit en elle, mieux que d'autres. » 

Et cette année semble celle d'une belle éclosion. En mars à Miami, elle était devenue, à 15 ans et 18 jours, la plus jeune joueuse à remporter un match sur le grand Tour féminin depuis sa compatriote Madison Keys en 2009 (14 ans et 54 jours), grâce à sa victoire face à Katy McNally pour son premier match sur le circuit WTA (3-6, 6-3, 6-4). 

« Je serai vraiment très étonné si elle ne devient pas no 1 mondiale avant d'atteindre 20 ans », a estimé la légende John McEnroe. Une prévision que beaucoup partagent...