Williams et Kerber se retrouveront en finale
Wimbledon jeudi, 12 juil. 2018. 09:29 jeudi, 12 déc. 2024. 05:28WIMBLEDON, Royaume-Uni - Dix mois après son accouchement compliqué, Serena Williams est en passe de récupérer sa couronne de reine de Wimbledon. Il ne lui reste plus qu'un match à gagner, samedi en finale, face à la renaissante Allemande Angelique Kerber, l'une des rares à l'avoir gênée ces dernières années.
Sur la balle de match, un lob trop long de l'Allemande Julia Görges, Serena Williams a serré le poing contre sa poitrine, le sourire aux lèvres, avant d'effectuer une pirouette sous les applaudissements nourris du public du Centre court.
Après cette partie maîtrisée (6-2, 6-4), le rêve d'un retour au plus haut niveau prend forme pour « Maman Serena ». Il y a dix mois c'était pourtant loin d'être garanti. La Floridienne de 36 ans donnait naissance à son premier enfant, une petite fille prénommée Alexis Olympia, non sans connaître des complications post-partum.
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« Tout a mal tourné », avait-elle dit en janvier au magazine Vogue, en s'exposant sur la couverture avec son bébé. Découverte de caillots de sang dans les poumons – alors qu'elle avait été hospitalisée pour une embolie pulmonaire en 2011 – cicatrice de césarienne rouverte à cause de fortes quintes de toux, hématome à l'abdomen... La grande star du tennis féminin avait dû rester alitée durant six semaines.
La convalescence fut plus compliquée que prévue et le retour, retardé de janvier à mars, s'était révélé lui aussi complexe à Indian Wells et Miami (2 défaites, 2 victoires).
Mais « Serena Williams est une guerrière «, comme l'a souligné sa future adversaire, Kerber. Elle s'est accrochée, même si son parcours encourageant à Roland-Garros a été freiné par une blessure aux pectoraux avant les huitièmes de finale. On ne saura jamais si, sans ça, l'Américaine aurait soulevé la Coupe Suzanne-Lenglen.
C'est du passé maintenant qu'elle est en passe de s'emparer pour la huitième fois du Venus Rosewater Dish, le plateau en argent sterling remis à la lauréate à Londres. Samedi, elle peut par la même occasion rejoindre le cercle restreint des mères redevenues championnes.
Égaler le record de Court
L'Australienne Margaret Court, la détentrice du record absolu de titres majeurs (24), qu'elle égalera en cas de succès, avait réussi cette prouesse. En 1973, l'année de ses 31 ans, elle s'était offert un « petit Chelem » (Internationaux d'Australie, Roland-Garros, Internationaux des États-Unis) après avoir donné naissance à son premier enfant. La Belge Kim Clijsters avait pour sa part 26 ans lorsqu'elle souleva pour la deuxième fois le trophée à New York après son congé maternité.
À bientôt 37 ans (le 26 septembre), Serena Williams repousserait encore plus loin les limites. Jeudi, elle n'a pas eu à trop forcer son talent pour écarter Görges, qui disputait à 29 ans sa première demi-finale en Grand Chelem. L'Allemande s'est bagarrée du début à la fin mais a trop souvent été débordée par la puissance de l'Américaine.
Elle a seulement retardé l'échéance, en breakant l'ancienne no 1 mondiale (aujourd'hui 181e), lorsque celle-ci a servi pour le match (à 5-3). Mais des fautes directes et une bonne défense de la Floridienne ont mis un terme à sa rébellion.
Des retrouvailles deux ans après
Se dresse maintenant devant Serena un dernier écueil: Kerber, qui s'est frayée un chemin vers la finale en surfant sur les fautes directes (36) de la Lettonne Jelena Ostapenko (6-3, 6-3), sacrée à Roland-Garros en 2017.
Le duel de samedi scellera leurs retrouvailles deux ans après la finale, gagnée ici même par l'Américaine face à l'Allemande.
Mais cette année-là, l'intrépide « Angie », 30 ans, l'avait détrônée de la première place mondiale en remportant les Internationaux des États-Unis. En 2016, l'Allemande d'origine polonaise s'était aussi offert les Internationaux d'Australie en battant Serena en finale.
Seule une autre joueuse, l'Espagnole Garbiñe Muguruza à Roland-Garros en 2016, peut se targuer d'avoir fait chuter la cadette des soeurs Williams dans une finale majeure depuis 2012 et le début de sa collaboration fructueuse avec l'entraîneur français Patrick Mouratoglou (10 titres en Grand Chelem).
En neuf finales à Londres, l'ex-reine de la WTA, qui retrouvera le top 20 en cas de titre, ne s'est inclinée que deux fois, en 2004 face à Maria Sharapova et en 2008 devant sa soeur aînée Venus. Un sacré défi attend Kerber.