COLLABORATION SPÉCIALE

Décidemment, les choses ne tournent vraiment pas en faveur de nos Canadiens cette année à Wimbledon. Félix Auger-Aliassime se bat pendant 4 h 10, mais s'avoue vaincu au 1e tour face au Français d'origine Maxime Cressy. Installé depuis plusieurs années en Californie, il fait preuve de courage et d'opportunisme pour aller chercher la victoire en 4 manches extrêmement serrées. Du haut de ses 6 pieds 6 pouces, Maxime est un oiseau rare qui pratique l'enchainement service-volée sur 1re et 2e balles. Je me souviens en février 2020 de l'avoir découvert alors qu'il remporte le simple et le double du Challenger de Drummondville. Du 252e rang il y a deux ans, le voici en ce jour positionné au 41e, ce qui est extrêmement révélateur compte tenu du fait que le circuit a été arrêté pendant presque 6 mois en raison de la COVID et qu'en plus le classement a été gelé pendant de long mois.

Le plus impressionnant dans la progression de Cressy, c'est qu'il a toujours cru dur comme fer que son projet de monter au filet à l'excès finirait par lui apporter du succès. Il était probablement le seul à y croire et dans le fond cela prouve bien que c'est tout ce qui compte. Contre Félix, il est monté 134 fois à la volée avec une moyenne de réussite qui s'élève à 71 %. Quand on sait jusqu'à quel point FAA est rapide et pas manchot en retours, c'est un haut fait d'armes. Séraphin comme pas un (viande à chien), il n'offre qu'une seule petite balle de bris à notre Québécois à 5-5 au 1e set, mais Auger-Aliassime n'en profite pas. Peut-être que cela aurait pu changer l'allure de la rencontre mais peu importe, Cressy finit par assommer notre Québécois avec cette immense pression exercée sur lui point après point.

J'ai cependant aimé l'analyse offerte par Félix, qui n'est pas content de devoir disputer autant de sets serrés en Grand Chelem. En fait cette année, il dispute 13 bris d'égalité à Melbourne, Paris et Wimbledon. Il en gagne 9 et en perd 4, ce qui est une bonne moyenne tout de même. Il croit plutôt qu'il devra s'améliorer dans tous les aspects du jeu pour être capable de gagner plus confortablement, car c'est très difficile de toujours remporter les bris d'égalité qui sont, dans le fond, une forme de roulette russe. Bon joueur, il rend hommage à Cressy qui a été plus conquérant que lui et qui l'attaquait aussi en réception de 2e balles. « Les points importants m'ont échappé et en bout du compte j'ai besoin en général de m'améliorer », nous confie-t-il.

Denis Shapovalov, qui a perdu d'entrée lors de ses 5 derniers tournois, renverse de belle manière un match mal embarqué alors qu'il tire de l'arrière deux manches à une, en plus d'être un bris derrière au 4e set face au Français Arthur Rinderknech. Voilà un autre grand attaquant qui a fait des progrès immenses lui aussi depuis février 2020. Cependant, lorsque Denis reste positif contre vents et marées, cela fait une belle différence sur la durée car son jeu finit par se placer et ses choix deviennent plus éclairés. Malheureusement face à Brandon Nakashima, Denis est trop inconstant produisant 32 fautes en 2 h 19 de jeu.

Bianca Andreescu livre une belle bataille au 2e tour devant la coriace 23e mondiale Elena Rybakina, mais s'incline 6-4 et 7-6. Notre Canadienne renverse une situation difficile au 2e set, alors qu'à deux reprises elle tire de l'arrière par un bris. Il faut cependant avouer que dans l'échange, les frappes lourdes et puissantes de Rybakina font la différence. Très lucide, « Bibi » avoue que la qualité d'attaque de l'adversaire était supérieure à la sienne et que son service aujourd'hui n'était pas à la hauteur. La bonne nouvelle, c'est qu'elle est fière d'avoir tout donné et qu'il faut continuer de mettre les heures à l'entrainement et apprécier le processus pour retrouver les plus hauts paliers. Vivement les tournois sur surface dure maintenant!

Un petit mot également sur Rebecca Marino, qui avait sa place dans le grand tableau et profitait d'un bon tirage, alors qu'elle affronte la polonaise Katarzina Kawa issue des qualifications et 132e au monde. « Becca » fait tout pour bien se positionner afin d'aller chercher la victoire. Au premier set, elle est inconstante et hésitante mais les choses se placent petit à petit à la 2e manche, alors qu'elle utilise beaucoup mieux son talent d'attaquante. Si bien qu'elle mène 5-3 au 3e set. Tristement, elle fige alors qu'elle sert pour le match. L'adversaire en profite pour gagner 4 parties de suite pour lui arracher la victoire. Frustrant tout de même car ce match lui appartenait...

Moment cocasse en entrevue d'après match sur le terrain. D'abord les faits : après un premier tour qu'il sauve in extremis en 5 sets devant l'invité britannique Paul Jubb, Nick Kyrgios joue un match absolument parfait devant Filip Krajinovic, 26e favori pour qui il est sans pitié, l'écrasant en 3 petits sets en 1 h 25. Interrogé sur cette copie parfaite, l'Australien, sérieux comme un pape, dit ceci : « Je voulais juste rappeler à tout le monde que je suis franchement pas mal bon ». Fou rire général dans la foule...