OLYMPIE - Jacques Rogge, président du Comité international olympique (CIO), a exprimé dimanche son inquiétude concernant les violences au Tibet, expliquant que les Jeux olympiques de Pékin devraient aider la Chine à se transformer.

"La situation au Tibet préoccupe vivement le CIO, a déclaré Rogge, qui assistera lundi à Olympie à l'allumage de la flamme olympique pour les JO de Pékin (8 au 24 août). Nous avons déjà exprimé l'espoir de voir ce conflit se régler pacifiquement le plus rapidement possible. La violence, quelle qu'en soit la raison, est contraire à l'esprit et aux valeurs olympiques."

Les manifestations au Tibet ont dégénéré en violence le 14 mars et le gouvernement chinois a envoyé sur place plusieurs milliers de militaires. Pékin reconnaît désormais officiellement 22 morts lors des violences à Lhassa, la capitale du Tibet, la semaine dernière. Le gouvernement tibétain en exil affirme lui que 99 Tibétains ont été tués (80 à Lhassa et 19 dans la province du Gansu).

Longtemps resté région autonome, le Tibet est passé sous domination chinoise à partir de 1950 quand l'armée de la République populaire a envahi le pays. L'assemblée générale de l'ONU a depuis voté plusieurs résolutions appelant à l'autodétermination du peuple tibétain, qui sont restées lettres mortes.

"Nous pensons qu'en ouvrant la Chine au regard du monde à travers les 25 000 représentants des médias qui assisteront à la manifestation olympique, le pays changera. Les Jeux Olympiques sont une force au service du bien. Ils sont un catalyseur de changement, non un remède à tous les maux", a déclaré Rogge.

"Avoir attribué les Jeux Olympiques au pays le plus peuplé de la planète mettra l'Olympisme à la portée d'un cinquième de l'humanité", a-t-il ajouté.

Si de nombreux hommes politiques estiment qu'un boycottage des Jeux de Pékin ne résoudrait rien, certains pensent que ne pas participer à la cérémonie d'ouverture pourrait marquer les esprits.

Le cinéaste américain Steven Spielberg, qui devait superviser les cérémonies d'ouverture et de clôture, a renoncé le mois dernier en avançant les liens unissant la Chine au Soudan, montré du doigt par la communauté internationale en raison des violences au Darfour.

D'autres demandent à la Chine de modifier sa façon de gouverner le Tibet.

"Désireux de tirer parti des Jeux, les ONG et les défenseurs des droits de l'homme demandent au CIO d'agir à leurs côtés. Nous respectons les ONG et les groupes militants, ainsi que les causes qu'ils soutiennent, nous dialoguons du reste régulièrement avec eux, mais nous ne sommes ni une organisation politique ni un organisme militant", indique Jacques Rogge.

"Le CIO continuera de respecter la cause des droits de l'homme et oeuvrera sans relâche avec la Chine pour le bien-être des athlètes et le succès des Jeux Olympiques", a-t-il ajouté.