ATHENES (PC) - L'haltérophile Maryse Turcotte s'en voulait encore de ne pas avoir tenté sa chance aux Jeux olympiques dans la catégorie des 53 kilos, lundi, après avoir égalé ses sommets personnels à l'arraché et à l'épaulé-jeté chez les 58 kilos.

"Je l'ai regretté encore plus en voyant à la télé dimanche la médaillée de bronze des 53 kilos lever 197,5 kilos, a-t-elle avoué. C'est un total que j'ai déjà fait."

Turcotte a vu ses chances de remporter une médaille s'envoler à son arrivée en Grèce, la semaine dernière. Elle et son entraîneur-conjoint Pierre Bergeron fils ont alors constaté, avec beaucoup d'étonnement, que plusieurs filles de grand calibre avaient changé de catégorie.

"On a été nonos, a-t-elle répété lundi. On ne pouvait pas le savoir à l'avance, mais on aurait dû se douter que la catégorie des 58 kilos serait attrayante pour plusieurs. Aux championnats du monde de Vancouver l'an dernier, la médaillée de bronze a obtenu un total de 210 kilos."

Qu'à cela ne tienne, Turcotte s'est fait plaisir aux Jeux olympiques en réalisant une première en quatre ans. Elle n'avait pas levé, elle-même, 210 kilos depuis les Mondiaux universitaires de Montréal en 2000, quelques semaines après l'avoir fait une première fois aux championnats canadiens.

Aux Jeux de Sydney cette année-là, elle avait totalisé 205 kilos pour terminer au quatrième rang, avant de tenter sa chance par la suite chez les 53 kilos pendant environ un an.

A Athènes, la Sherbrookoise d'origine a dû se contenter de la 11e position. La Chinoise Yanqing Chen a gagné l'or avec un total de 237,5 kilos, devant la Coréenne Hui Ri Song (232,5) et la Thaïlandaise Wandee Kameaim (230).

"Le rang n'est pas important, a commenté Bergeron fils. Maryse pourra dire qu'elle a fait sa meilleure performance à vie aux Jeux olympiques, peu importe ce qui arrivera le reste de sa carrière.

"Elle a été récompensée pour tous les sacrifices additionnels qu'elle a faits à l'entraînement cet été."

Turcotte, qui veut poursuivre jusqu'aux prochains Jeux du Commonwealth, était radieuse en se pointant devant les journalistes, après avoir soulevé 90 kilos à l'arraché et 120 à l'épaulé-jeté.

"Je savais que, physiquement, j'étais prête à soulever 210 kilos ou même plus, mais de le faire c'est une autre chose", a-t-elle commencé par dire.

Turcotte, qui portait des lunettes pour la première fois en compétition à la suite de la blessure à l'oeil droit qu'elle s'est infligée bêtement avec une pince à cils, a même tenté d'arracher une barre de 92,5 kilos à son troisième essai.

"C'était la deuxième fois que j'essayais, a-t-elle confié. La première fois, c'était aux championnats canadiens en juin. J'ai commis sensiblement la même erreur les deux fois. J'ai soulevé les fesses trop vite à l'amorce et je me suis retrouvée en mauvaise position.

"Deux kilos et demi, c'est juste deux petites plaques de fer additionnelles, a-t-elle ajouté, mais on a le sentiment que c'est presque le double du poids parce qu'on a atteint la limite."

A l'épaulé-jeté, Turcotte a d'abord levé une charge de 115 kilos, avant ensuite d'échouer à sa première tentative à 120 kilos. Elle a couronné de succès son dernier essai.

"C'était bizarre parce qu'on n'était que quatre concurrentes dans la finale B. La compétition s'est déroulée vraiment très très vite. J'ai dû modifier ma séance de réchauffement, m'adapter à la situation."

Afin d'être la plus légère possible à la pesée officielle, Turcotte a fait le trajet entre le village olympique et le complexe d'haltérophilie à cracher dans un verre.

"En cas d'égalité, l'haltérophile au poids corporel inférieur est avantagé. A deux reprises, elle a déjà perdu une médaille par 20 grammes", a raconté Bergeron fils en terminant.